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Abidjan : l’assaut contre Gbagbo en passe d’être lancé

Abidjan: tirs nourris d'armes lourdes près du palais présidentiel Des tirs nourris d'armes lourdes étaient entendus samedi à  la mi-journée…

Abidjan: tirs nourris d’armes lourdes près du palais présidentiel Des tirs nourris d’armes lourdes étaient entendus samedi à  la mi-journée à  Abidjan, dans le quartier du palais présidentiel, théâtre de combats entre forces du chef d’Etat sortant Laurent Gbagbo et de son rival Alassane Ouattara. Les tirs, de mortiers notamment, ont commencé vers 12h15 (14h15 à  Paris), après une nuit et une matinée relativement calmes, seulement trouées de tirs très sporadiques. Dans le quartier de Cocody, situé au nord de la ville, «on entend des tirs irréguliers, des coups sourds d’armes lourdes et des rafales d’armes automatiques» autour de la télévision d’Etat RTI, située dans un large périmètre o๠se trouve aussi la résidence de Laurent Gbagbo, rapportait un résident samedi matin. Un autre habitant faisait état d’«échanges de tirs» d’armes lourdes et légères autour de l’école de gendarmerie, dans le même quartier, entre forces pro-Gbagbo et combattants d’Alassane Ouattara, président reconnu par la communauté internationale. L’autre bastion des forces loyales à  Laurent Gbagbo, le grand camp de gendarmerie d’Agban, au nord, continuait aussi de résister aux assauts des forces pro-Ouattara. Des militaires fidèles à  Gbagbo ont notamment appelé à  la mobilisation des troupes pour la «protection des institutions de la République», dans un message lu samedi sur la télévision d’Etat RTI. Le gouvernement du président sortant avait affirmé vendredi avoir repoussé l’offensive du camp adverse sur ses dernières positions, le palais présidentiel et la résidence du président sortant. Mais le porte-parole du ministère de la Défense d’Alassane Ouattara, a rétorqué samedi matin que «l’offensive n’a pas encore commencé». «Cela ne saurait tarder, a-t-il ajouté. Nous prenons des dispositions pour affaiblir l’ennemi avant de monter à  l’assaut». Vendredi, le camp Ouattara avait lancé à  son rival un nouvel appel à  la démission. «Je ne crois pas que Laurent Gbagbo soit capable de résister plus longtemps, avec toutes les défections dans ses rangs. Il a un instinct suicidaire, il s’engage dans une voie sans issue et il est condamné à  être dégagé», avait assuré une porte-parole. Dans le même temps, le gouvernement d’Alassane Ouattara avait décidé la «réouverture immédiate» des frontières aériennes, qu’il avait fermées, tout en maintenant les frontières terrestres et maritimes fermées «jusqu’à  nouvel ordre». Les forces des Nations unies avaient pris jeudi le contrôle de l’aéroport d’Abidjan. Un couvre-feu a par ailleurs été décrété jusqu’à  dimanche, valable de 21 heures à  6 heures. Des centaines de morts dans l’ouest «Au moins 800 personnes» auraient été tuées mardi dernier lors de violences intercommunautaires à  Duékoué, dans l’ouest de la Côte d’Ivoire, selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), qui s’appuie sur des informations recueillies sur place. «Cet événement est particulièrement choquant par son ampleur et sa brutalité», s’est alarmé la chef de la délégation du CICR en Côte d’Ivoire, Dominique Liengme. Le gouvernement du président ivoirien reconnu par la communauté internationale, Alassane Ouattara, a pour sa part affirmé samedi avoir découvert «de nombreux charniers» dans l’Ouest du pays, accusant les partisans de Laurent Gbagbo d’en être responsables. Cinq soldats pro-Gbagbo tués par des casques bleus Des casques bleus de l’Onu ont tué au moins cinq soldats fidèles à  Laurent Gbagbo lors d’un accrochage à  Abidjan, révèle un document interne aux Nations unies, dont l’agence Reuters a eu connaissance vendredi. Un convoi de casques bleus pakistanais approchait de l’ambassade d’Afrique du Sud lorsqu’il a été attaqué par des éléments des Forces de défense et de sécurité (FDS, fidèles à  Laurent Gbagbo, ndlr). Les hommes de l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci) ont riposté,ajoute l’ONU, précisant que leurs trois véhicules de transport blindés avaient reçu une vingtaine d’impacts de balles. De son côté, Paris a annoncé vendredi que la force française Licorne, qui a pour mission de soutenir l’Opération de l’ONU en Côte d’Ivoire (Onuci) et d’assurer la sécurité des Français et étrangers en temps de crise, a été portée récemment de 900 à  environ 1100 soldats. Les militaires français se sont déployés en certains endroits d’Abidjan pour protéger les ressortissants français et d’autres nationalités des groupes de pillards. Environ 1.400 ressortissants français et d’autres nationalités étaient regroupés samedi matin sur le camp des forces françaises à  Port-Bouà«t, dans le sud de la ville, tandis que la France a «formellement» déconseillé les voyages en Côte d’Ivoire. Les Etats-Unis ont appelé vendredi «les forces de l’ONU et de la France» à  agir afin de «protéger les civils et empêcher les pillages» en Côte d’Ivoire. La pression internationale s’accroà®t sur Gbagbo A Paris, Nicolas Sarkozy a réuni vendredi le premier ministre François Fillon et les ministres des Affaires étrangères, Alain Juppé, et de la Défense, Gérard Longuet, pour faire le point sur la situation. L’Elysée a publié à  l’issue de cette réunion un communiqué appelant Laurent Gbagbo à  «se retirer immédiatement, à  faire cesser les violences et à  céder le pouvoir pacifiquement au président Ouattara». «Les responsables d’exactions n’échapperont pas à  leur responsabilité pénale», prévient en outre la présidence française. Nicolas Sarkozy s’est par ailleurs entretenu vendredi avec Alassane Ouattara, a plus tard annoncé l’Elysée. Le jeu discret de Paris pour tourner la page à  Abidjan Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a également appelé vendredi le président sortant à  céder le pouvoir à  son adversaire et a enjoint les deux camps à  faire preuve de retenue. De même, l’Union africaine a demandé vendredi à  Laurent Gbagbo de céder immédiatement le pouvoir. Dans un communiqué, Jean Ping, le président de la commission de l’UA, affirme que Laurent Gbagbo a repoussé toutes les propositions visant à  sortir pacifiquement de la crise. De son côté, l’Union européenne a annoncé qu’elle n’envisageait pas de lever les sanctions à  l’égard de la Côte d’Ivoire, notamment celles visant le port exportateur de cacao de San Pedro, tant que Laurent Gbagbo n’aura pas quitté le pouvoir. Les à‰tats-Unis ont quant à  eux prévenu le président sortant que «s’il y a des violences importantes à  Abidjan et que Gbagbo ne quitte pas le pouvoir, lui et ses proches, y compris sa femme Simone Gbagbo, devront être tenus responsables des actions qu’ils n’auront pas empêchées». Gbagbo serait toujours à  Abidjan Quant à  Laurent Gbagbo, il se trouve selon son porte-parole «à  sa résidence (d’Abidjan) avec toute la famille réunie». «Il est dans un esprit de responsabilité», a-t-il encore déclaré, réaffirmant que «toute tentative de recherche de solution par la force est sans issue». L’Onuci s’est dite vendredi «prête à  faciliter» son «si tel était son souhait». «Le président Gbagbo se porte bien, il a le moral haut», a assuré de son côté à  Charles Blé Goudé, leader des «jeunes patriotes», fervents partisans du président sortant. «Il a toujours tendu la main (pour un dialogue), il est dans cet état d’esprit.», a-t-il ajouté, affirmant être également «à  Abidjan».