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Aboubacar Sidick Fomba : « nous constatons une gestion patrimoniale du pouvoir qui a entraîné un appauvrissement du peuple malien »

Après l'ADP-Maliba, le MONADE, le parti Alliance Démocratique du peuple malien (ADEPM) se retire de la majorité présidentielle, l’information a…

Après l’ADP-Maliba, le MONADE, le parti Alliance Démocratique du peuple malien (ADEPM) se retire de la majorité présidentielle, l’information a été donnée par la formation en début de semaine. Au cours d’une interview qu’il a accord » au Journal du Mali, le président Aboubacar Sidick Fomba évoque plusieurs raisons qui  ont motivées cette mise à distance avec la majorité. Il s’agit entre autres du peu d’intérêt que le chef de l’Etat porte  à la Convention de la majorité présidentielle (CMP), l’immixtion des puissances étrangères dans la gestion du pays. Sans rejoindre l’opposition républicaine, le parti entend rester une force de proposition pour défendre les intérêts du Mali.

Quelles sont les raisons concrètes du retrait de l’ADEPM  de la majorité présidentielle ?

Elles sont nombreuses, premièrement nous étions engagés pour soutenir le président de la République sans calcul de positionnement pour uniquement sortir le Mali. Mais nous avons vu qu’après trois ans maintenant, le président ne parvient pas à rencontrer la CMP pour qu’on puisse essayer de parler afin de partager un même plan de communication. Nous avons aussi compris qu’il y a des décisions qui ont été prises sans même consulter les 65 partis membres de la majorité présidentielle. En temps réel, on ne peut pas soutenir un président qui n’a pas le temps nécessaire pour discuter des choses. En dépit de ça, nous constatons aujourd’hui, une gestion patrimoniale du pouvoir qui a entraîné un appauvrissement du peuple malien et même la léthargie des hommes politiques et la paralysie des opérateurs économiques. Le président a nommé et maintenu un premier ministre qui ne maîtrise pas le programme présidentiel, « Le Mali d’abord »; pour nous, cela est une démonstration du manque de considération à l’endroit des partis politiques de la majorité. A ceux-ci s’ajoutent l’immixtion des forces étrangères telle que la France et la MINUSMA qui ne sont pas  sur la même longueur d’onde que le pouvoir exécutif  et qui prennent position pour les séparatistes. C’est à cause de tout ça, que nous avons décidé de se retirer de la CMP sans rejoindre l’opposition tout en restant une force de proposition de solution et d’action. Nous sommes unanimes pour dire qu’aujourd’hui la crise malienne trouvera sa solution dans l’union de tous les maliens autour d’un dialogue national ou dans un autre cadre de concertation pour gérer la crise à la malienne sans l’influence des forces extérieures. On ne doit plus concevoir des choses dictées par l’occident et les partenaires.

 Est-ce dire que vous êtes prêts à revenir si le président décide de vous rencontrer ?

Notre souhait, est qu’il rencontre, pour faire face aux réalités du pays, l’ensemble des partis politiques de la majorité.  En acceptant cela, il aura notre soutien, mais comme, il ne veut pas cela, nous restons sur notre position pour lui signifier qu’on est mécontent. On a soutenu certaines actions mais on a des objections par rapport à d’autres.

 Que souhaiteriez-vous que le président fasse avec la France et la MINUSMA ?

Nous lui avons dit de mettre fin à la coopération militaire française et la mission de la MINUSMA qui n’ont servi  à rien en réalité. Il faut arrêter  la formation de nos militaires par les français, car, ils ont eux-mêmes reconnus,  dans leur propre rapport, qu’ils ne maîtrisent pas le terrain. Ce n’est pas une volonté de se mettre à dos la France, mais une manière de leur dire que vous avez vos intérêts, mais laisser nous gérer notre pays. Il faut que l’autorité de l’Etat puisse être partout sur le territoire national sans distinction. Que la MINUSMA aussi se dégage du côté des séparatistes. Nous savons que le président est dans une position très difficile, mais s’il nous écoutait, ensemble on pourrait trouver la solution, sinon seul, il ne peut rien, sans le soutien des patriotes. La solution, c’est le peuple.

 Que répondez-vous à ceux qui disent vous vous êtes retirés parce que vous n’avez pas eu votre part dans le partage du gâteau ?

Mais c’est simple, dans la majorité tout le monde le sait, j’ai refusé de donner mon CV. Dire qu’on est parti pour des gâteaux, c’est leur problème. Moi je n’ai pas besoin de place, ceux qui en n’ont besoin se connaissent et sont des opportunistes, des apatrides. Pour nous l’heure n’est pas au partage de postes. Je suis dans la lutte depuis 1992 ainsi que tous les éléments de mon parti.  Seulement nous voulons que le Mali sorte de cette crise. J’ai été qualifié « soldat de la majorité » pour ce que je faisais pour soutenir les actions du président. Je suis chef d’un parti politique qui a opté pour des voix électorales.

À vous entendre, on a l’impression que vous soutenez toujours le président ?

Tant que le pays est en crise, nous soutenons toutes les bonnes actions, mais nous sommes aussi en droit de rappeler ce qui va contre l’intérêt du Mali. Aujourd’hui, le président sait qu’il n’a pas un bon plan de communication et il n’a jamais eu une communication suffisante sur tout ce que nous faisions. Un exemple frappant,  normalement même les militants de base doivent connaitre les éléments clés de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger et ce n’est pas le cas. Nous ne pouvons pas cesser de soutenir le Mali et les bonnes actions, c’est pourquoi j’ai souligné que nous sommes une force de proposition de solution et d’action pour aider notre pays. Ce n’est pas parce qu’on n’est plus dans la CMP qu’on va lutter contre le président. On continuera à lui faire des propositions. Peut être qu’à l’écart, il va nous écouter. On n’est pas allé à l’opposition, parce qu’elle n’est pas capable de dire ses vérités à la MINUSMA, d’arrêter la coopération militaire française. L’opposition pense pensent que c’est la France qui peut leur donner le pouvoir.