Accès à l’eau et l’assainissement : La société civile s’engage.

Journaldumali : M.Saleck Ould Dah, vous êtes chargé des analyses politiques et du plaidoyer au niveau de l'ONG Wateraid, membre…

Journaldumali : M.Saleck Ould Dah, vous êtes chargé des analyses politiques et du plaidoyer au niveau de l’ONG Wateraid, membre du RMID. Le réseau que vous venez de créer n’est-il pas juste un réseau de plus. Pour vous quelle est sa pertinence ? Saleck Ould Dah : Effectivement, il y a beaucoup de réseaux au Mali, surtout au niveau des organisations de la société civile. Mais celui a la particularité de regrouper une grande palette d’acteurs de différentes sensibilités. Les membres sont autant de la société civile que des structures étatiques et privées. Et surtout dans le secteur de l’eau. C’’est vraiment le premier réseau spécifique des questions d’intégrité et de transparence et du dialogue. Donc, un réseau unique par sa composition et par ses missions. Journaldumali : Justement, quelles sont les objectifs du RMID ? Saleck Ould Dah : C’’est d’abord d’attirer l’attention des différents acteurs sur la portée et les enjeux des mauvaises pratiques liées à  la non-intégrité. On préfère utiliser le terme de non-intégrité parce que C’’est plus dynamique que corruption parce qu’on n’a pas des éléments probants de corruption. Il y a des pratiques de non-intégrité qui se manifestent sous forme par exemple de laxisme. Les citoyens eux-mêmes sont corrupteurs sans le vouloir parce qu’il y a des déficits d’accès. C’’est donc un réseau qui va essayer de faire la promotion d’un code de bonnes pratiques, des valeurs minimales C’’est-à -dire ne pas encourager la corruption, ne pas être acteur de la corruption, dénoncer intelligemment et discrètement la corruption, etc et surtout sensibiliser les citoyens pour qu’ils puissent refuser ces pratiques. Le deuxième objectif majeur est de renforcer le dialogue dans le secteur. Il y a déjà  une dynamique dans ce sens, il s’agit de la renforcer avec le travail autour des groupes thématiques avec des études etc. Journaldumali : Pouvez-vous nous donner des exemples de « non-intégrité » dans le secteur de l’eau et assainissement ? Saleck Ould Dah : Chez nous, ce sont des pratiques courantes, que tout le monde a déjà  vécu au moins une fois. On n’a pas d’évidence mais il y a des faits. Par exemple, si on veut avoir accès à  un raccordement, au lieu de 72h, ça prend des semaines, il y a un problème. Si on demande un point d’eau, malgré les conditions favorables, ça prend du temps. C’’est vrai qu’il y a n déficit de financement mais souvent on n’est pas pressé à  fournir le service demandé. Même nous au niveau de la société civile, on est un peu laxiste parce qu’on n’accélère pas le rythme. Alors que si l’eau vient à  manquer dans une localité, C’’est des milliers de personnes qui peuvent mourir. On n’a pas des évidences mais on se dit que si aujourd’hui le secteur a des problèmes, surtout l’assainissement C’’est qu’il y a des défaillances quelque part. Parce qu’on n’est pas dynamique à  la hauteur de la mission. Journaldumali : Nous sommes à  quelques mois de la date butoir pour l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le développement. O๠en sommes-nous en ce qui concerne l’accès à  l’eau et à  l’assainissement ? Saleck Ould Dah : A l’heure actuelle, même les services de l’Etat sont réservés par rapport à  l’atteinte de l’OMD qui concerne l’accès à  l’eau potable. Le nouveau chiffre avancé pour la population dépasse de 2 millions les prévisions prises en compte dans le plan d’accès de 2004. Donc ça fausse les calculs. Le taux de couverture en 2009 était de 73,1% mais si on le rapporte au nouveau chiffre de la population, on sera à  moins de 70%. Or, l’OMD est de 90%. Pour l’assainissement, n’en parlons même pas, tout le monde reconnait qu’avec moins de 30% on ne pourrait atteindre l’OD qui est de 64%. D’o๠la nécessité d’enclencher une dynamique de dialogue et surtout capitaliser. Parce que peut être qu’il y a beaucoup de réalisations de la société civile qui sont dispersées. En capitalisant les initiatives de la société civile et des collectivités, on pourrait avoir un taux plus réaliste.