Accord Cadre : la CEDEAO et la junte à couteaux tirés

Si l'institution panafricaine avait déjà  été décriée pour avoir imposé un embargo aux Maliens dès les premières heures du putsch,…

Si l’institution panafricaine avait déjà  été décriée pour avoir imposé un embargo aux Maliens dès les premières heures du putsch, sa légitimité est désormais contestée par bon nombre d’observateurs. En cause, sa capacité à  gérer les crises maliennes et bissau-guinéennes. On se souvient que la mission de cinq chefs d’Etat, mandatée par le président en exercice Alassane Dramane Ouattara, n’avait pu atterrir à  Bamako pour discuter d’un retour rapide à  l’ordre constitutionnel avec la junte. Cette fois, la CEDEAO met le paquet et annonce une transition d’une durée de 12 mois, dirigée par le Président intérimaire Dioncounda Traoré, alors que la constitution ne prévoit qu’une durée de 40 jours pour ce dernier.  » La junte rejette les décisions de la CEDEAO  » Aussitôt la décision prise à  Abidjan, le capitaine Amadou Haya Sanogo n’a pas attendu pour monter au créneau. Dans une intervention télévisée, le putschiste a annoncé que le délai constitutionnel des 40 jours du président intérimaire sera respecté. En clair, avertit l’ex-chef de la junte, pas question de prolonger de ce délai. Que va-t-il se passer désormais du côté des putschistes, qui venaient d’obtenir trois ministères clés dans le nouveau gouvernement de transition que préside Cheick Modibo Diarra. La Cédéao a également annoncé l’envoi de 600 hommes à  Bamako pour sécuriser les organes de la transition. « A quoi va servir cette force ?, s’indigne un citoyen. Ce qu’il nous faut, C’’est de l’aide au nord, pas à  Bamako ! ». Face à  la radicalisation des décisions de la CEDEAO, d’aucuns estiment qu’elles sont dictées par les récentes arrestations de personnalités politiques à  Bamako par la junte.  » Violation de l’Accord Cadre » Alors que l’Accord cadre du 1er Avril, signé entre la junte et la CEDEAO, avait fixé une convention nationale o๠devait être discutées la durée et les modalités de la transition malienne suite au coup d‘état du 22 Mars, cette ingérence de la CEDEAO dans le processus normal de retour à  l’ordre constitutionnel, confirme une gestion bizarre de la crise malienne, selon un observateur. Au profit de qui ? «Ces chefs d’Etat qui sont pour la plupart arrivés au pouvoir de façon anti-démocratique, peuvent-ils appliquer de telles décisions au peuple malien ?, s’interroge un éditorialiste. Pour d’autres, la sortie médiatique du capitaine Sanogo, n’arrange pas le processus de sortie de crise. Si le capitaine est dans son droit de rester attaché à  l’esprit de l’Accord-cadre, il ne fait aucun doute que la junte compte revenir au pouvoir après les 40 jours du président Dioncounda Traoré, exigé par la Constitution. Les putschistes chez Blaise Selon plusieurs sources, une délégation de la junte militaire devrait se rendre aujourd’hui à  Ouagadougou chez le médiateur de la CEDEAO. Il s’agira pour les militaires de signifier au président Blaise Compaoré leur opposition à  la décision du sommet et de proposer une alternative. Mais en attendant, les observateurs sont formels. De grosses incertitudes planent désormais sur la transition. Et l’après 17 mai (devant marquer la fin de l’intérim), s’annonce sous haute tension entre le président Dioncounda, appuyé par la CEDEAO et l’ex chef de la junte. Ce blocage du processus intervient au moment o๠le gouvernement de transition, mis en place le 25 avril par Cheick Modibo Diarra, tient aujourd’hui une réunion de cabinet. Sur leur table, plusieurs dossiers brûlants, dont l’épineuse question du Nord et la crise humanitaire. Pour la gestion de la transition, tout reste à  jouer en attendant un compromis entre les émissaires de la junte et le médiateur Blaise Compaoré.