Accord de Paix : Et si la CMA ne signait pas ?

Le 1er mars, le gLe 1er mars, le gouvernement malien et les groupes armés loyalistes apposaient leur paraphe au bas…

Le 1er mars, le gLe 1er mars, le gouvernement malien et les groupes armés loyalistes apposaient leur paraphe au bas de l’accord d’Alger, signifiant ainsi la fin des négociations. Prochaine étape, la signature de l’accord, qui marquera ainsi le début de sa mise en œuvre. Problème : la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), a refusé de parapher le document. Faut-il poursuivre le processus de paix sans elle ? Quelles en seraient les conséquences ? ouvernement malien et les groupes armés loyalistes apposaient leur paraphe au bas de l’accord d’Alger, signifiant ainsi la fin des négociations. Prochaine étape, la signature de l’accord, qui marquera ainsi le début de sa mise en œuvre. Problème : la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), a refusé de parapher le document. Faut-il poursuivre le processus de paix sans elle ? Quelles en seraient les conséquences ? 15 mai 2015, C’’est la date annoncée par Ramtame Lamamra, ministre des Affaires étrangères de l’Algérie et médiateur en chef, pour la signature de l’accord de paix, à  Bamako. Dès lors, les tractations vont bon train pour convaincre la CMA, qui en dépit d’une diplomatie intense déployée par la médiation, a refusé d’apposer son paraphe au bas du document. Elle a réitéré le 15 avril à  Alger son refus de le faire, conformément à  son document intitulé « Points essentiels à  introduire dans le projet d’accord produit par la médiation » remis le 17 mars à  Kidal. Elle y exigeait une nouvelle fois « la reconnaissance officielle de l’Azawad comme entité géographique, politique et juridique et la création d’une assemblée interrégionale regroupant les régions de Gao, Tombouctou, Kidal, Ménaka et Taoudéni (ces deux dernières seraient créées dans le cadre de l’accord), et dont les prérogatives relèveraient des domaines spécifiques à  l’Azawad. Sans oublier la mise en place de zones de défense et de sécurité dont le commandement reviendrait à  des ressortissants de l’Azawad ». Les points de vue sont-ils irréconciliables ? Il semble que oui, car du côté du gouvernement, qui s’est engagé à  partir du 1er mars dans une vaste campagne de sensibilisation pour faire accepter l’accord par les populations, il n’est plus question d’ouvrir un énième round de négociations. « Huit mois de va-et-vient à  Alger, ca suffit largement !», a martelé le président Ibrahim Boubacar Keita, lors de sa visite en Ethiopie du 17 au 19 avril. Il est appuyé en ce sens par les propos de Pierre Buyoya, chef de la mission de l’Union africaine Misahel, pour qui « des négociations sur un accord de paix déjà  paraphé par d’autres parties serait un recul préjudiciable à  la paix ». Le risque des sanctions Pour amener les récalcitrants à  approuver l’accord, la communauté internationale hausse donc le ton et brandit désormais le risque de sanctions qui seraient prises dans le cadre d’une résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies. Comme l’a rappelé le 18 avril Gilles Huberson, Ambassadeur de France, à  l’occasion d’une conférence sur la relation bilatérale Mali-France, « tous ceux qui ne signeront pas l’accord deviendront des obstacles à  la paix ». Et d’ajouter : « si certains veulent s’en exclure, ils s’excluent eux mêmes avec des conséquences ». Au menu : gel des avoirs, saisie des biens, et limitation des déplacements à  travers la suspension des visas pour les leaders de la CMA. Sur le terrain, les groupes armés pourraient faire face aux hommes de Barkhane, sans doute beaucoup plus dissuasifs que les troupes de la Minusma ou des Forces armées du Mali (FAMA). Tout cela suffira t’il ? Selon une source diplomatique, certains iraient jusqu’à  proposer l’amnistie à  Iyad Ag Ghaly, chef du groupe terroriste Ancar Eddine, qui refuse pour le moment tout accord et exerce une pression sur certains groupes de la CMA (Voir JDM Hebdo n°1 du 16 avril). l’Algérie espère toujours « retourner » ce dernier, présent sur son territoire, et ce malgré son allégeance à  l’Etat islamique. Une mise en œuvre de l’accord est-elle possible sans la CMA? La médiation réussira t’elle à  arracher le paraphe de la CMA ou sa signature lors de la cérémonie prévue le 15 mai à  Bamako ? Pas si sûr. C’’est pourquoi elle tente depuis plusieurs jours de convaincre individuellement les mouvements qui la composent : Haut conseil de l’unité de l’Azawad (HCUA), Mouvement des arabes de l’Azawad (MAA) et Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). Selon nos confrères de RFI, « les médiateurs ont changé de stratégie (…) et espèrent diviser. Aujourd’hui dans chaque mouvement de la CMA les avis divergent en interne sur la position à  adopter ». Plusieurs scénarii sont désormais sur la table. Le premier : la pression de la communauté internationale abouti à  un endossement de l’accord par l’ensemble des groupes composant la CMA. C’’est l’option idéale, qui rendrait tous les volets de l’accord, institutionnel, développement et sécuritaire, applicables. Seconde option, la plus radicale : aucun des groupes ne paraphe ni ne signe l’accord. Dans ce cas, rien n’empêchera le gouvernement de mettre en œuvre le volet institutionnel, notamment la création du Sénat et de nouvelles régions, avec à  la clef le transfert de nouvelles compétences et de 30% du budget national vers le niveau régional. A l’exception de Kidal, le fief des rebelles. Il en sera de même pour le volet développement, avec pour conséquence d’accentuer le retard de cette région au détriment des populations que les groupes armés prétendent défendre. Quant au volet sécuritaire, qui prévoit le redéploiement progressif de l’armée sur l’ensemble du territoire, le cantonnement des combattants, et le processus de désarmement démobilisation et réinsertion (D, il serait tout simplement impossible à  appliquer, tant une bonne partie du territoire est aujourd’hui hors d’atteinte des FAMA. Sauf à  reprendre la guerre… Vers un accord en forme de pis-aller Dernière option : une signature par un ou deux groupes sur les trois qui composent la CMA, avec la possibilité pour le ou les non signataires de rejoindre l’accord un peu plus tard. Cette option n’empêcherait pas la mise en œuvre des aspects institutionnels. Concernant le volet développement, son application serait sans doute handicapée, mais sans conséquences majeures puisque les projets d’infrastructures cités dans l’accord nécessitent de toutes les façons des délais incompressibles liés aux études de faisabilité et à  la sélection des prestataires. Pour le volet sécuritaire, l’armée malienne devra se redéployer plus rapidement sur le terrain pour prendre le relai des groupes armés signataires, avant que d’autres ne l’occupe, notamment dans la région du Gourma ou encore dans les environs de la forêt de Ouagadou. En est-elle capable ? Pour réussir, les FAMAs devront sans doute compter sur l’appui des combattants loyalistes du Groupe autodéfense touareg Imghad et alliés (GATIA), qui ont démontré leur efficacité sur le terrain, et ont paraphé l’accord au sein de la coordination des mouvements et Front patriotique de résistance (CM-FPR). Les quelques semaines qui nous séparent du 15 mai seront cruciales pour l’avenir de la paix au Mali. Tout en étant suspendus à  la décision des groupes de la CMA, le gouvernement malien et la communauté internationale se préparent à  un pis-aller.