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Accord militaire avec la France, ce qu’en pensent les Maliens

Si une chose est sûre, C'’est que l'opinion malienne n'est pas vraiment pour la signature de l'accord militaire avec la…

Si une chose est sûre, C’’est que l’opinion malienne n’est pas vraiment pour la signature de l’accord militaire avec la France. Le peu d’informations sur le contenu dudit document, les rumeurs et surtout la position pour le moins floue de la France dans la gestion de la question de Kidal ont fini par forger une idée largement partagée que le pays n’a guère besoin de se lier militairement à  la France. Sur les réseaux sociaux comme dans les grins, sur la scène politique comme dans les journaux, C’’est le non qui l’emporte même si quelques avis disent que le pays n’a d’autre choix que de signer le document. Le ministre français de la Défense est attendu à  Bamako le 16 juillet prochain « à  l’invitation du Président de la République malienne » annonçait en début de semaine le quotidien national. Jean-Yves le Drian devrait, selon toute vraisemblance, signer avec l’Etat du Mali un accord de coopération militaire. Le Mali a, depuis son indépendance, maintenu des liens particuliers avec la France sur le plan militaire. Au département de la Défense, il n’est pas rare de croiser un « conseiller militaire » français dans les couloirs. Alors, pourquoi un nouvel accord, se demandent les Maliens ? Qu’est ce qui va changer et dans quelle mesure cela sera-t-il profitable au pays ? En quoi cela va-t-il éclaircir la place de la France dans la gestion sécuritaire du pays depuis 2013 et en particulier en ce qui concerne Kidal ? Alors que Serval plie bagage et quitte le terrain, quel visage aura la présence militaire française au Mali ? Autant de questions qui n’ont pour l’instant pas de réponse officielle. Alors, chacun y va de son opinion… Un refus quasi unanime Ainsi une internaute, assez virulente sur le sujet, dénonce quasi quotidiennement la signature prochaine de l’accord. « Et puis quoi encore ? Il ne manque plus qu’on signe cet accord militaire et nous serons définitivement dans une nouvelle forme de colonisation, qu’on va nommer démocratique, et qui va permettre de nous piller et de nous mater en toute légalité » s’insurge-t-elle. Moustaph D., employé de bureau se dit lui sidéré que l’Etat malien veuille signer « un accord militaire avec une puissance qui joue avec l’intégrité du pays ». « Comment peut-on se lier à  quelqu’un qui a montré qu’il ne vous veut pas de bien ? »se demande-t-il. Son collègue tente de relativiser en rappelant que sans la France, le pays serait aujourd’hui aux mains des djihadistes. « On les remercie beaucoup, nous ne sommes pas ingrats. Mais maintenant, qu’ils rentrent chez eux » réplique Moustaph. Son opinion est largement partagée par les autres membres de son « grin ». Ici, chaque soir depuis maintenant des semaines, la question de la signature de cet accord revient dans les discussions. « Et nous sommes tous d’accord, ce n’est vraiment pas le moment de signer quoique ce soit. Le pays est en situation de faiblesse surtout avec Kidal o๠la France joue un jeu pas clair du tout. Nous n’allons quand même pas transformer notre sauveur en maà®tre !» déclare un quinquagénaire qui tient à  son anonymat. « Je milite dans un parti qui est dans la majorité. Je peux vous dire que de nombreux politiciens ne sont pas du tout d’accord avec cette histoire, mais ils se taisent par solidarité ». D’autres politiciens n’y sont pas allés de main morte et ont, à  l’instar des leaders du MP 22, accusé la France d’être à  « l’origine des maux dont souffre aujourd’hui le Mali » et dit leur incompréhension face à  cet accord avec un pays qui « use de mille et un subterfuges à  l’intérieur, tout comme à  l’extérieur pour empêcher le réarmement de notre armée. » La diaspora malienne n’est pas restée en marge de la protestation contre l’accord. Le 5 juin dernier, une manifestation regroupait quelque dizaines de maliens de France à  Paris pour rejeter la signature du document qu’ils estiment contraire à  l’indépendance du Mali. Dans ce tonnerre de protestations, il y a quelques voix qui se veulent positives. « Nous ne savons pas ce que contient ce papier. Je ne peux pas croire que les autorités maliennes signent quelque chose qui sera défavorable au pays » affirme Mouneissa Bagayoko, commerçante. « Il parait que l’affaire de la base à  Tessalit n’est pas vraie et qu’il n’y aura pas de base fixe au Mali, que les Français viendront si on a besoin d’eux. Si C’’est cela, pourquoi pas ? On ne peut pas refuser d’avoir des alliés surtout quand on est en danger comme nous le sommes » déclare pour sa part Abdoulaye Konaté, étudiant. Si du côté du gouvernement on se veut rassurant, les plus optimistes sur la question appellent tout de même à  la prudence. « Ne pas signer n’importe quoi » insiste Abdoulaye qui estime que le pouvoir d’IBK devra rendre des comptes aux Maliens si « les choses ne se passent pas comme il se doit ». Alors que la signature ne fait plus vraiment l’objet de doutes, l’opinion malienne y est encore largement hostile. à‰tant entendu que par principe un accord militaire reste secret, il est fort probable que très peu d’informations filtreront sur son contenu. Ce qui ne sera pas pour rassurer les « anti » ni pour conforter les « pro » qui estiment que, malgré toutes les zones d’ombre, le jeu en vaut la chandelle.