Politique




Accord pour la paix: Le Conseil de sécurité de l’ONU veut insuffler un nouveau souffle

Faire le point sur l’état de la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation, ainsi que…

Faire le point sur l’état de la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation, ainsi que sur celui de l’opérationnalisation de la force conjointe du G5 Sahel, telle était la mission du Conseil de sécurité de l’ONU en visite au Mali en cette fin de semaine. Lors d’une conférence de presse tenue samedi 23 mars 2019 à l’hôtel Sheraton de Bamako, les membres de la délégation, accompagnés du représentant spécial du secrétaire Général des Nations Unies au mali, ont rendu public les différentes démarches et actions menées avec l’ensemble des acteurs maliens au cours de leur visite.

Cette visite du Conseil de sécurité des Nations Unies au Mali, la quatrième dans le pays depuis 2013, s’inscrit dans un contexte particulier. Elle a été conduite par les ambassadeurs de France, d’Allemagne et de Côte d’ivoire à l’ONU et intervient 6 mois après les élections présidentielles dans le pays et trois mois avant le renouvellement du mandat de la Minusma en juin prochain. Quelques jours d’une réunion ministérielle importante du conseil de sécurité qui se tiendra le 29 mars à New York, occasion de prendre des décisions importantes sur l’avenir de l’accompagnement international du  processus de paix malien et sur le futur de la Minusma.

Accord, prioritaire                     

La délégation a rencontré l’ensemble des acteurs du processus de paix et de réconciliation, notamment le Président de la République, le Premier ministre, les membres du gouvernement, les partis politiques de l’opposition ainsi que la société civile à travers diverses associations dont, entre autres, celles des femmes.

Une réunion associant les membres du gouvernement aux côtés de ceux de la coordination, de la plateforme et des partis non concernés, s’est également tenue avec le comité de suivi de l’Accord, en plus de différentes rencontres avec les missions sécuritaires présentes au Mali et au Sahel.

Avec pour  message principal, la nécessité de donner un nouvel élan à la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation et d’en accélérer les différents volets, la visite a permis à la délégation du Conseil de sécurité des Nations Unies de dresser un état des lieux du processus de paix et de réconciliation au Mali.

« Nous avons salué les progrès importants qui ont été réalisés depuis le renouvellement du mandat de la Minusma en juin dernier, notamment la tenue des élections dans des conditions pacifiques, la poursuite du processus de décentralisation, le lancement d’un processus de DDR ou encore l’adoption d’un décret sur les critères d’intégration », a indiqué François Delattre, ambassadeur de France à l’ONU.

En revanche, le Conseil  a exprimé son regret  concernant plusieurs mesures prioritaires identifiées par la résolution 2423 (2018) qui n’ont pu être mises en œuvre avant l’échéance de mars. Il s’agit  notamment de  l’intégration effective de 1000 combattants au sein des FAMa, de l’opérationnalisation des autorités intérimaires et de l’établissement d’une zone de développement spécifique pour le Mali.

Les membres du Conseil ont par ailleurs marqué les attentes fortes de la communauté internationale près de 4 ans après la signature de l’Accord d’Alger.

Pour le conseil de sécurité des Nations Unies, il existe aujourd’hui un besoin de priorisation pour la mise en œuvre des principales dispositions de l’Accord. Aussi, les principaux points sur lesquels des avancées sont attendues de manière urgente sont surtout le processus de révision constitutionnelle après la tenue des consultations indispensables et la définition d’un plan global assorti d’une échéance précise pour le redéploiement des FAMa, reconstitués au nord du Mali.

Une  réunion du CSA a en outre permis  au conseil de proposer aux acteurs maliens, la présentation dès que possible d’une nouvelle feuille de route « réaliste, contraignante et centrée sur un nombre de priorités limitées ».

Réadapter la force du G5 Sahel

Concernant l’opérationnalisation de la force conjointe du G5 Sahel, la délégation du Conseil de sécurité a eu  un échange « de très grande qualité » avec le commandant de la force du G5 Sahel, le secrétaire permanent ainsi que les ministres des Affaires Etrangères du Mali et du Burkina Faso. Elle a salué la relance récente des opérations de la force ainsi que le progrès réalisé dans la mise en place du cadre de conformité en matière de droit de l’homme.

« Le conseil de sécurité a renouvelé son intention de rediscuter du soutien international à la force une fois que celle-ci  sera pleinement opérationnelle et que les premiers résultats seraient obtenus, ce qui est le cas aujourd’hui », a précisé François Delattre.

Sur la base des indications qui ont été formulées par le commandant de la force du G5 sahel et le représentant spécial du secrétaire Général des Nations Unies au Mali, le Conseil de sécurité assure examiner avec l’ensemble des membres l’accord technique existant, pour le rendre plus adapté aux besoins du terrain.

Mais, comme l’a relevé Christoph Heusgen, Ambassadeur d’Allemagne à l’ONU, « Le Mali est confronté à un défi extraordinaire et face à cela, la seule réponse militaire ne suffit pas. Il faut un contrat social élargi à toutes les composantes de la société malienne ».

« Nous avons noté les attentes que le peuple malien, dans sa grande diversité a, vis-à-vis du Conseil de sécurité et nous repartons à New York, enrichis de tout ce que nous avons vu et entendu.  L’objectif était  d’être sur le terrain, toucher du doigt les réalités et voir ensemble avec toutes les parties engagées ce qui peut être fait », a conclut Kacou Houadja Léon Adom, Ambassadeur de Côte d’ivoire à l’ONU.