Alain Juppé explique la « Mondialisation » aux étudiants de la FSEG

L'amphithéâtre de la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion de la Faculté de Bamako était plein à  craquer ce…

L’amphithéâtre de la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion de la Faculté de Bamako était plein à  craquer ce jeudi. Et pour cause, Alain Juppé en visite à  Bamako, y animait un cours magistral sur la Mondialisation. Rappelons que l’actuel Maire de Bordeaux a enseigné, notamment à  la Faculté du Québec, lors d’une parenthèse dans sa carrière politique. La ville dont il est maire, abrite aussi la très célèbre Académie de Bordeaux, jumelée avec plusieurs lycées africains. Une mondialisation à  double tranchant  » Elle est une réalité incontournable de notre monde et permet la libéralisation des échanges, le développement des économies tout en ouvrant le village interplanétaire », a précisé Alain Juppé face aux étudiants attentifs, le verbe facile. « Si elle est ambivalente, cette mondialisation participe aussi à  creuser les écarts, entre pays riches et pauvres, mais d’un autre côté, elle accélère la croissance de certains. Voyez les Dragons de la Chine, l’Inde, le Brésil en croissance accélérée… Il y a donc des gagnants et des perdants dans cette mondialisation,  » qui d’ailleurs, ne date pas d’aujourd’hui, explique Juppé de tout temps, elle a existé, depuis la conquête de l’Amérique à  nos jours ». Or la mondialisation a de quoi laisser perplexe l’Afrique, la cinquième roue du carosse, la laissée pour compte de la richesse mondiale. A cet égard, un professeur s’interroge :  » A t-on vraiment besoin de cette mondialisation en Afrique ? Non, répond t-il. Elle ne nous profite pas ». Applaudissements dans la salle.  » Mr Juppé, vous avez cité ces pays émergents, mais qu’en est-il de l’Afrique ? » Et les indicateurs économiques ont de quoi rendre pessimistes ! Pourtant, Joseph Stiglietz, l’économiste Américain rassure dans un ouvrage :  » Un autre Monde est possible », une maxime reprise par Juppé et développée par l’altermondialiste Aminata Traoré… Applaudissements à  nouveau. La mondialisation à  visage humain Juppé, on le sait, revient du Québec, o๠il s’était exilé quelques temps pour enseigner. Depuis, il en est revenu avec une autre conception de la chose : » J’aime à  dire que je suis rentré en France, écologiste et altermondialiste ». Un autre monde est donc possible, insiste le Maire, visiblement à  l’aise dans ce sujet et face à  des étudiants, toujours désireux de savoir à  qui profite la Mondialisation. Ses conséquences sont nombreuses, affirme le conférencier, parfois négatives, elles mènent à  des flux migratoires incontrôlés, des drames humains, voyez le démantèlement de la Jungle de Calais, c’est là  l’une des conséquences de la Mondialisation sauvage, ou encore, dans nos campagnes françaises, ces agriculteurs qui déversent du lait dans les champs. Quelle mondialisation pour le Sud ? Nous sommes bien loin de ces agriculteurs Européens au Mali, mais proche de ces migrants africains, qui ne cessent de vouloir prendre part à  la mondialisation, à  leur façon, avoir leur part dans la distribution des richesses du Nord.  » Or si j’ai bien compris, demande une jeune étudiante, cette mondialisation est-elle vraiment pour nous ?  » « Il faut humaniser le phénomène », répond Juppé.  » J’aime à  reprendre une citation de Boutros Boutros Ghali, ex Secrétaire Général des Nations Unies :  » Il faut démocratiser la mondialisation, avant qu’elle ne dénature la démocratie ». La dissertation est ouverte. En attendant, l’Afrique cherche sa voie, face à  la mondialisation des échanges humains, économiques etc… Les étudiants Maliens ont vivement échangé avec Alain Juppé. S’ils ne sont pas toujours d’accord avec sa vision libérale de la chose, ils montrent aussi un intérêt pour l’échange de savoirs, l’écoute, la connaissance de ce village interplanétaire o๠nous vivons, et qui ne saurait être ignoré. Le progrès commence par là  !