Alger: L’ombre d’Iyad plane sur les négociations

Une mission conjointe du Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine et du Comité politique et de sécurité…

Une mission conjointe du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine et du Comité politique et de sécurité de l’Union européenne séjourne depuis ce 11 Février à  Bamako. Cette visite s’inscrit dans le cadre du partenariat stratégique Afrique-Union européenne, qui permet aux deux parties d’échanger sur la coopération dans le domaine de la paix et de la sécurité, examinent les crises et les situations spécifiques. Prévue pour durer trois jours, la visite a débuté par une rencontre ce mercredi avec le Président de la République du Mali, Ibrahim Boubacar Kéita. Une audience qui restera dans les annales car elle a permis au chef de l’Etat malien de montrer, à  quelques heures d’une étape importante des négociations intermaliennes d’Alger, que Bamako n’avait pas l’intention de céder sur les lignes rouges fixées. « Nous ferons en sorte qu’il n’y ait pas de compromission et que l’intérêt supérieur du pays, en particulier son unité nationale, son intégrité territoriale, le caractère unitaire de l’Etat et la forme laà¯que et républicaine du pays », déclarait le ministre malien des Affaires étrangères, lundi dernier lors d’une conférence de presse. Voici le décor du round 5 des pourparlers d’Alger campé. Dans la capitale algérienne, les protagonistes de la crise du nord, les médiateurs et la société civile malienne se sont en effet retrouvés pour tenter une nouvelle fois de parvenir à  un accord qui mettrait un terme à  la crise politico-militaire qui mine le pays. Lors de la cérémonie d’ouverture, la tension était palpable malgré le discours rassembleur du Premier ministre un peu plu tôt. « Mes chers frères, mes chères sœurs, la paix n’a pas que des amis. Je sais que vous saurez résister à  la fascination des marchands d’illusion, ceux qui veulent ralentir le cours du processus ; ceux qui se réjouissent de la détresse de leurs semblables » déclarait celui qui était il y a encore quelques semaines au C’œur des négociations. Une véritable exhortation à  redonner une chance à  la paix au Mali. Le problème « Iyad » « Aujourd’hui, se tissent en Alger, avec la facilitation de l’Algérie et l’accompagnement de la communauté internationale, les fils du dialogue inclusif inter-malien sur une paix globale et définitive », déclarait à  son tour le Président IBK face aux diplomates africains et européens. l’espoir donc clairement affiché du côté de Bamako. Mais point de naà¯veté. Dans son adresse, le chef de l’Etat Malien a mis exergue les dangers qui menacent encore aujourd’hui la paix au Mali. Le premier, selon IBK, a pour nom Iyad Ag Ghali. Le chef du groupe armé islamiste Ansar Eddine qui a semé la désolation au nord du Mali lors des longs mois d’occupation est activement recherché. Pourtant, « nous avons accepté que ce groupe, sous une autre dénomination, vienne siéger à  notre table, signe de notre engagement en faveur de la paix », rappellera-t-il à  ses interlocuteurs. Un geste de bonne volonté qui n’a pas fait évoluer la position de Ag Ghali qui « n’a jamais voulu les négociations ». Et de revenir sur les récentes poussées de tensions dans le nord du pays avec les évènements malheureux de Gao, entre autres. Le Mali es fragile, le « Sahel est fragile » martèle IBK, qui veut rappeler à  la « communauté internationale que les menaces qui pèsent aujourd’hui sur la région, sont tout aussi dangereuses pour la sécurité des autres pays africains, voire fors du continent. Daesh(Etat Islamique) frappe aux portes du Sahel, s’il n’y est déjà  entré par le biais d’individus comme Iyad Ag Ghali qui lui ont ouvertement fait allégeance. « Pourquoi voudriez-vous le ramener à  la table de négociations? » a encore questionné le président malien qui estime que l’homme devrait plutôt être capturé pour répondre de ses actes face à  la justice. En attendant, ses compères sont à  Alger, réunis dans une engeance qui porte le nom de HCUA, dirigé par un de ses fidèles lieutenants. Dan son propos, le président IBK est à  maintes reprises revenu sur le caractère pluriel du peuple malien, qui a vécu et s’est enrichi de ses brassages culturels et ethniques. Nul ne viendra remettre en question ces acquis séculaires, a affirmé IBK, surtout pas une minorité qui ne représente qu’elle-même, en référence aux mouvements armés touareg qui réclament un statut particulier pour les régions du Nord. Le refus du fédéralisme, l’intégrité intangible du territoire, le caractère laà¯c de l’Etat, autant de points qui ne sont pas négociables si l’on en croit le président maliens. Une réaffirmation de la position ferme qui est celle de Bamako depuis le début des pourparlers et face à  des représentants de la « communauté internationale » qui presse le Mali de faire la paix avec ses fils, quitte à  mettre de côté certains principes, à  « mettre de l’eau dans son vin ». La réponse d’IBK est claire, C’’est non. Plus de tergiversations, de faux semblants. Les discussions peuvent commencer.