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Alimentation: Qualité vs quantité?

Nourrir le monde entier ne devrait pourtant pas être compliqué. Selon les experts, nous disposons d'assez de terre et d'eau…

Nourrir le monde entier ne devrait pourtant pas être compliqué. Selon les experts, nous disposons d’assez de terre et d’eau pour produire assez pour l’alimentation des quelques sept milliards d’individus que nous sommes. Et portant, famine et insécurité alimentaire sont le lot de nombreux peuples, en particulier et malheureusement, ceux du continent africain. Les experts, la société civile, les décideurs, tout le monde se penche sur le problème sans pour autant trouver des solutions définitives. La sécurité alimentaire passe par la souveraineté alimentaire pour le continent africain. Selon l’Alliance pour la Souveraineté Alimentaire en Afrique(AFSA), lancée ce 4 décembre à  Durban, en marge de la COP 17 qui se déroule depuis le 28 novembre dernier, les africains et en particulier les petits paysans sont affectés par les changements climatiques. Les effets de ces derniers se ressentent sur les terres, les pluies, et donc sur le système même de production. Pour faire face au deficit créé par la diminution des récoltes, les gouvernants importent des quantités colossales de nourriture pour tenter d’assurer la sécurité alimentaire. Or, pour l’AFSA, la meilleure solution pour assurer de manière pérenne la sécurité alimentaire, C’’est d’atteindre la souveraineté alimentaire. Sortir des crises alimentaires cycliques Mamadou Goà¯ta est le Directeur Exécutif de l’Institut de Recherche et de Promotion des Alternatives en Développement IRPAD/Afrique (Bamako- Mali), et le Président du Conseil d’Administration de l’ AMASSA/Afrique Verte Mali. Selon lui, la crise alimentaire qui a secoué le monde en 2007-2008 a été un fait révélateur des incohérences des institutions internationales et des états pour la gestion des problèmes alimentaires et même agricoles dont le monde fait face. Plusieurs raisons ont été évoquées pour justifier la flambée des prix des produits agricoles. La raison la plus évoquée était relative aux responsabilités de la Chine et de l’Inde par rapport à  leur mode de consommation. Au fur et à  mesure que la crise évoluait, les causes profondes de la crise sont apparues. Il s’agit notamment de l’explosion de la production des agro carburants, de la faiblesse des stocks de produits notamment céréaliers en Europe et aux USA et la spéculation financière, une des caractéristique du modèle néolibéral qui s’est étendue aux produits alimentaires. Des solutions ont donc été recherchées et certaines d’entre elles ont connus un succès appréciable. On peut citer l’Initiative « Riz » au Mali et dans d’autres pays de l’Afrique de l’Ouest comme le Burkina Faso, la GOANA au Sénégal. Mais d’autres sont indexés par les scientifiques et de nombreux observateurs de la société civile comme des fuites en avant voire de véritables prises de risque. Toujours selon M. Goà¯ta, la demande de l’OMC pour une plus grande ouverture des marchés pour « faire le commerce », la vente effrénée des terres agricoles à  des investisseurs étrangers pour des investissements et la production connue sous le nom d’accaparement des terres sont au nombre de celles-ci. Sécurité et/ou souveraineté ? La sécurité alimentaire coûte cher. Alors, comment assurer le pain quotidien à  tous et dans des conditions de justice et d’équité ? Là , intervient la notion de souveraineté alimentaire. La souveraineté alimentaire est présentée comme un droit international qui laisse la possibilité aux populations, aux Etats ou aux groupes d’Etats de mettre en place les politiques agricoles les mieux adaptées à  leurs populations sans qu’elles puissent avoir un impact négatif sur les populations d’autres pays(Wikipedia). La souveraineté alimentaire est donc une rupture par rapport à  l’organisation actuelle des marchés agricoles mise en œuvre par l’OMC. Complémentaire du concept de sécurité alimentaire qui concerne la quantité d’aliments disponibles, l’accès des populations à  ceux-ci, l’utilisation biologique des aliments et la problématique de la prévention et gestion des crises, la souveraineté alimentaire accorde en plus une importance aux conditions sociales et environnementales de production des aliments. Elle prône un accès plus équitable à  la terre pour les paysans pauvres, au moyen si nécessaire d’une réforme agraire et de mécanismes de sécurisation des droits d’usage du foncier. La souveraineté alimentaire favorise le maintien d’une agriculture de proximité destinée en priorité à  alimenter les marchés régionaux et nationaux. Les cultures vivrières et l’agriculture familiale de petite échelle doivent être favorisées, du fait de leur plus grande efficacité économique, sociale et environnementale, comparée à  l’agriculture industrielle et les plantations de grande échelle o๠travaillent de nombreux salariés. La place et le rôle des femmes sont privilégiés. A Durban, un accent particulier est mis sur la promotion des savoirs locaux pour l’atteinte de la souveraineté alimentaire. De nombreux pays ont partagé leur expérience et celles liés particulièrement à  l’adaptation de l’agriculture à  la variabilité du climat. La promotion des semences améliorées et adaptées dans le Sahel, la gestion de l’eau en Chine, l’utilisation de petits matériels agricoles produits localement en Afrique Australe sont autant de pistes pour améliorer les conditions de production et favoriser la sécurité et la souveraineté alimentaire. l’AFSA souhaite que la COP17 soit l’occasion de mettre en lumière ces millions de petites mains qui travaillent la terre et qui ont besoin de politiques volontaires qui protègent leur environnement, leur production, en bref leur vie et garantissent aux générations futures un avenir d’o๠la faim sera bannie.