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Amap : Drabo, le retrait et non la retraite

Le crâne rasé, les yeux bridés derrière des verres correcteurs, les paroles mesurées, Souleymane Drabo reste un homme simple. Il…

Le crâne rasé, les yeux bridés derrière des verres correcteurs, les paroles mesurées, Souleymane Drabo reste un homme simple. Il n’attend jamais son hôte dans son bureau. Courtois et respectueux, il va à  la rencontre du visiteur pour lui serrer la main et l’inviter à  s’asseoir dans la salle de réunion du directeur général du quotidien national du Mali. Un stylo accroché à  la poche de la chemise, une montre noire contrastant d’avec la peau de ce métis poli et policé sont les seuls accessoires de ce Malien qui ne parle toujours à  la première personne du pluriel. Pour lui, le journal « l’Essor » est une équipe, une famille avant d’être une entreprise. Sa simplicité, sa clairvoyance et son sens élevé de l’éthique font du quotidien national un journal crédible et respecté. « Nous sommes le premier journal de l’Afrique de l’ouest en termes historique et le premier journal du Mali en termes de pénétration, de chiffre d’affaires, de tirage, de distribution et de vente. Pour autant, nous nous battons au quotidien pour faire du journalisme avec rigueur et éthique et à  preuve les militaires sont passés devant nos portes le jour du coup d’Etat de mars 2012 pour aller à  l’Ortm » confie le directeur général sortant. Cadet de l’ancien directeur général aujourd’hui de retour d’une mission diplomatique, Drabo explique avec modestie sa fierté de voir son ami et complice Ousmane Maiga dit « Pelé » le remplacer à  la tête de ce journal qu’ils ont porté sur leurs épaules depuis leur tendre jeunesse « je pars l’esprit apaisé puisque C’’est mon frère, mon adjoint, mon confident qui me remplace. C’’est une décision que je salue puisque Ousmane connaà®t la maison et les hommes. A notre arrivée à  l’Essor, tout était à  faire et au vu du parcours, nous ne pouvons que nous réjouir bien qu’il reste des choses à  faire dont notamment l’acquisition d’une nouvelle unité d’impression, le recrutement de jeunes journalistes et l’amélioration des conditions de travail du personnel ». A la question de savoir si « l’âme de l’Essor ne s’en va pas avec Drabo », le directeur général rentrant interrompt l’interview et révèle « en vérité, Drabo sera en retrait en non à  la retraite. J’ai besoin de ce journaliste en voie de disparition, il restera à  la rédaction pour former les jeunes, relever le niveau éditorial et partager son expérience ». Les deux hommes sont complémentaires. Au management doux de Drabo, Ousmane oppose la rapidité. A l’humilité de Drabo, Ousmane oppose la fierté des Koroboro du nord. A la mise sobre de Drabo, Ousmane oppose le costume et la cravate. Toutefois, l’hôte de ces deux journalistes qui font la fierté de la profession au Mali remarquera leur complicité poussée puisque chaque phrase de Drabo est terminée par Ousmane qui, sans gants, trouve qu’un « journaliste pris en flagrant délit de diffusion de fausses nouvelles soit mis en prison ». Sur ce point précis, Drabo se satisfait que « l’Essor ait gagné les deux procès de son histoire ». Drabo quitte la direction de l’Amap en lui léguant une direction de la photographie, une unité d’archivage numérique et une équipe compétitive pour contenir la concurrence.