Société




Aphrodisiaques : le soleil des nuits maliennes

Autrefois, on se les passait sous le manteau, mais depuis quelques années, ces produits pullulent sur les marchés et il…

Autrefois, on se les passait sous le manteau, mais depuis quelques années, ces produits pullulent sur les marchés et il n’est plus rare d’en voir proposer en plein jour par des vendeurs de cigarettes. Les aphrodisiaques font le bonheur des vendeurs de médicaments « par terre » et de leurs clients, qui s’en procurent de plus en plus régulièrement.

Polygame avec trois épouses, Drissa Traoré, 58 ans ne peut plus se passer d’aphrodisiaque. Son sésame (Liptoni) en main, qui est à base de thé, il se réjouit : « C’est pour moi, l’huile qui alimente le feu désormais. Les années passent et avec elles beaucoup de choses. C’est une alternative que je ne saurai négliger ». Comme lui, les clients de ce type de produit censé stimuler la vigueur masculine se multiplient et avec eux, l’offre qui ne se limite donc plus aux fameuses pilules bleues.

Quête de performances « Achète ce médicament (Solagra), et je te garantie que ta copine ne te quittera plus jamais ». Le message de cette vendeuse de pharmacie par terre est sans équivoque. Sur son étal au marché de Banconi, une dizaine de produits aphrodisiaques aux emballages illustrés d’images assez suggestives sont vendus entre 2 000 et 7 000 francs CFA. Et sa clientèle, contrairement à ce que l’on pourrait croire, est surtout composée de jeunes gens. « Dans la semaine, nous vendons à au moins une vingtaine de clients jeunes. Le constat est très souvent le même : ils se sont mariés tôt et après 10 ans de mariage, ça ne marche plus très bien », analyse notre vendeuse. Une théorie que partage la pharmacienne Batata Samaké, dont les produits sont un peu plus chers, entre 8 900 et 45 000 pour les médicaments. « C’est aussi le libertinage sexuel qui favorise cela. Pour pouvoir assurer à la fois à la maison et dehors, il faut bien cette aide ». « J’utilise surtout du Procomil. Ça a pour effet de faire durer, mais tu ne peux pas tenir une heure du premier coup », nuance Amadou N’Diaye, âgé de 26 ans. Il existe aussi des produits pour les femmes, la plupart du temps prescrits par les médecins. « En général, c’est après un accouchement ou lors de la pré-ménopause », précise le Dr Daouda Diakité, urologue, qui met cependant en garde contre l’utilisation des aphrodisiaques qui peuvent être dangereux. « Je déconseille fortement la prise de ces substances. Lorsqu’un de mes patients a des problèmes de ce genre, je lui prescris des compléments alimentaires, parce qu’essayer ces produits c’est les adopter », assure-t-il. Cet autre praticien attire l’attention sur le fait que certains de ces produits peuvent être nocifs, particulièrement ceux vendus hors pharmacies, et qui échappent à tout contrôle sanitaire.