Après le contre coup d’état manqué, service minimum pour l’ORTM

Après la tentative de contre coup d'Etat du 30 avril, la plupart des travailleurs de l'Office de Radiodiffusion et Télévision…

Après la tentative de contre coup d’Etat du 30 avril, la plupart des travailleurs de l’Office de Radiodiffusion et Télévision du Mali (ORTM) ont repris le travail dans des conditions inconfortables. Le siège de l’ORTM étant barricadé et surveillé, les responsables ont décidé de délocaliser l’édition de 20h au Centre Services, production audiovisuelle (CESPA), qui accueille depuis quelques jours les techniciens et les présentateurs de la télévision nationale. Sur un fond en motifs bogolan, Aissata Ibrahim Maiga donne les nouvelles du pays dans un journal d’une vingtaine de minutes. Alors que l’édition de 20h multipliait les reportages avant le coup d’Etat du 22 mars, les téléspectateurs restent en ce moment sur leur faim. l’ORTM, siège des ex-putschistes Média stratégique, l’ORTM s’est trouvé au coeur des mouvements militaires. Tout comme le 21 mars aux environs de 16h. Les putschistes du capitaine Sanogo s’en emparent avant d’annoncer au Mali et au monde la chute du régime d’Amadou Toumani Touré. Dès lors le siège de l’ORTM se transforme en forteresse. Militaires et blindés s’installent dans sa cour au grand dam des salariés. « Ils ont mis leur espèce de balançoire (char blindé) en plein milieu de la cour, pour impressionner les travailleurs », rouspète un reporter, qui avoue ne plus trop traà®ner ses savates à  l’ORTM depuis le début des évènements. Quant aux reportages, « il y-a eu un moment de flottement, explique un responsable de la télé. Mais ça reprend tout doucement». Du matériel a été volé. Une dizaine de caméras, une centaine d’ordinateurs et des téléviseurs ont disparu après le coup d’Etat. Sans compter la présence permanente des militaires dans la cour et les contrôles intempestifs à  l‘entrée, «Il y avait de quoi être nerveux », rapporte une présentatrice. « Après les bérets verts, l’assaut des bérets rouges » Les choses basculent à  nouveau dans la soirée du 30 avril au 1er mai, lorsque les bérets rouges s’emparent à  leur tour de la télévision. Cette fois on compte des morts. « Nous étions dans une salle de montage lorsque nous avons entendu des tirs, puis vu des hommes (les bérets rouges). Ils nous ont ordonné de sortir. Ils avaient l’air déterminés, prêts à  tirer sur nous. Nous n’avons pas demandé notre reste», se souvient un animateur météo, encore marqué par l’affrontement. Aux abords de la radio, des personnes sont à  terre. Des militaires, mais aussi des civils comme cette pauvre vendeuse de jus de gingembre touchée par une balle perdue. Un bilan officiel de 27 morts avait été avancé officiellement, alors que du côté militaire, le chiffre de 70 victimes a été évoqué. « Combien de civils peut-on dénombrer dans cet épisode macabre? », s’interroge un journaliste de la radio. Silence du côté du CNRDRE. « Service minimum » Pour parer à  l’absence de reportages pendant presqu’une semaine et assurer le service minimum, la direction a donc choisi de délocaliser l’édition du journal pour quelques jours au CESPA. «Certains étaient traumatisés après l’attaque des bérets rouges mais le journal pourra à  nouveau être réalisé dans les locaux de l’ORTM dès la semaine prochaine », assure un responsable de la télé. « Nous sommes au service des autres et cette guéguerre n’arrange personne au Mali », déplore un présentateur vedette, ravi à  l’idée de reprendre du service . Jamais l’ORTM n’avait connu un tel déferlement de violence, admettent d’autres employés. Petit à  petit ils reprennent tous du service, et le service public doit continuer à  l’ORTM. Si la zone aux alentours reste barricadée, certains y vont en essayant d’oublier les tragiques évènements du 30 avril. Le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement Hamadoun Touré a lui rendu visite aux syndicats le 8 mai dans les locaux de la télévision pour tenter de les rassurer.