Arène politique : Une nécessaire recomposition

Le RPM de IBK a finalement réussi à  se hisser au sommet de la pyramide au lendemain d'élections présidentielles et…

Le RPM de IBK a finalement réussi à  se hisser au sommet de la pyramide au lendemain d’élections présidentielles et législatives bien disputées. Une décennie après son avènement, le parti présidentiel hume enfin l’air de la victoire. Les performances d’août et de novembre ne cachent =–elles pas des manquements ? l’expérience montre que les coalitions ne permettent jamais de quantifier un parti ou de jauger ses potentialités réelles. IBK a gagné avec brio la présidentielle mais peut-on en dire autant avec le RPM ? Difficile à  affirmer puisque les coltineurs du candidat vainqueur ont en majorité été laminés aux législatives. IBK n’a pas été élu. Il a été plébiscité. Son succès a impacté sur les résultats de son parti lors des législatives. C’’est vrai en politique, on additionne plus qu’on ne soustrait, seulement, une analyse froide de la situation risque de donner des sueurs froides au parti présidentiel : sans l’ombre de IBK, sans les apports fussent-ils minimes des alliés, sans la mobilisation des moyens financiers et la faiblesse des électeurs devant les mirages du pouvoir, que serait le RPM ? Les observateurs estiment souvent que IBK n’a pas de machine électorale, C’’est le désert autour de lui, il est l’icône, l’alpha et l’oméga de son parti. Aujourd’hui au pouvoir, il doit élargir les bases du RPM, renforcer les structures et le doter de ressources humaines de qualité capables d’accompagner le président et d’aider le parti à  se maintenir au pouvoir. Les grands petits Ce pouvoir tant convoité n’a pas fait que des heureux. Pendant que le RPM savoure sa victoire et s’incruste dans les cercles de pouvoir, d’autres partis se mordent les doigts. C’’est le cas du désormais ex-faiseur de rois. Il s’agit bien de l’Adema. Divisé, miné par des querelles internes, le parti de l’araignée s’essouffle. Ses primaires ont été difficiles. Son choix de candidat alambiqué. Ses scores moribonds. Son présent illisible. Son avenir dans l’arène politique vendangé. Boubèye Maiga a fini de transformer sa part de l’ADEMA en actions politiques chez ses amis du RPM. Iba Ndiaye conteste le leadership de Dramane Dembélé. Ce dernier candidat doublement battu traine trop de casseroles pour espérer conduire encore les destinées du parti surtout que son père spirituel, Dioncounda TRAORE, se mue en spectateur. l’Adema est donc obligé de faire son introspection en procédant à  des renouvellements francs pour relancer la machine victoire. l’Adema qui porte bien son nom peut grâce à  sa toile d’araignée renforcer son maillage du territoire et se relooker. Toutefois, ce parti géniteur doit comprendre que le renouveau ne se fait pas avec des hommes bannis, battus et rejetés par des électeurs de plus en plus éveillés et le cas de la commune III en est une illustration. Les nouveaux retraités Autre fait marquant des dernières joutes électorales, les défaites de Mountaga TALL. Le patron du CNID peine même à  gagner chez lui à  Faladié et à  Ségou. Ses choix d’hommes lors de la transition ont découragé ses lieutenants. Ses déconvenues électorales l’obligent à  une retraite politique bien méritée autrement dit la compétition pour le contrôle du CNID est lancé. Idem pour le PDES qui ne peut plus compter sur son théoricien, le ministre Hamed Sow sanctionné par un score déshonorant à  la présidentielle. Quid de certains dinosaures comme Oumar Mariko, Tiébilé Dramé, Jeamille Bittar et autres ? Ils ont désormais leur avenir dans le passé. Le temps de la recomposition venu, ils doivent se recycler ailleurs, dans d’autres sphères. Implication des cadres Les compétitions électorales ont eu le mérite de révéler de nouvelles têtes à  l’image de Racine Thiam, Amion Guindo, Alfousseni Maiga et Mouhamadou Habibou Diallo. Cadres dans le civil, promoteurs d’entreprises performantes, ils ont osé se jeter à  l’eau en quittant les bureaux douillets pour la poussière. On reprochait aux intellectuels leur dédain de la chose politique. Ils ont compris que la politique fait notre monde. Elle nous suit jusqu’au lit alors mieux vaut la subir en la laissant entre des mains inappropriées et parfois sales. A ce titre, la nomination de Moussa Mara est une récompense. C’’est le début de l’alternative générationnelle. Ces cadres, à  l’opposé de leurs devanciers sclérosés et dépassés, peuvent et doivent comprendre ceux qu’ils ont en face : les électeurs. C’’est le moment pour les partis politiques de décrypter les signaux envoyés par les électeurs. Les réseaux sociaux, les foras itinérants, les formations diverses, les plateformes de veille et les médias multiples et multiformes produisent une nouvelle typologie d’électeurs. Malheureusement, les sexagénaires solidement fossilisés à  la tête des formations politiques refusent de comprendre les exigences des électeurs. En 2010, à  l’occasion de la célébration du cinquantenaire de l’indépendance des Etats africains, Barack Obama conseillait aux jeunes de s’engager en politique pour prendre en main les destinées du continent. Le Président américain ne s’expliquait pas cette volonté des dirigeants africains à  vouloir se fossiliser à  la tête de pays essentiellement composés de jeunes. A nouveau millénaire, nouvelles préoccupations et partant nouvelles directions avec de nouveaux dirigeants. Le Mali ne saurait rater ce train de l’avenir.