« Maintenant que vous avez une armée, une armée nationale, un drapeau et une patrie retrouvée à  défendre contre les ennemis de l’intérieur et ceux de l’extérieur, vous saurez, j’en suis persuadé, utiliser pleinement votre bravoure légendaire. La noble et exaltante mission qui vous incombe exige le don total de soi-même allant jusqu’au sacrifice suprême. L’esprit d’abnégation qui caractérise tous et dont vous avez le manifesterez ici, sans défaillance pour que la République vive libre et prospère». Ainsi s’exprimait il y a 50 ans un officier de l’armée malienne, le capitaine Sékou Traoré, en s’adressant aux troupes. En 50 ans d’existence, l’armée malienne aura connu des heures de gloire, mais aussi des moments difficiles. Elle a, comme le souhaitait les pères de l’Indépendance, porté haut les couleurs du pays. Elle a fait honneur à  la patrie sur tous les théâtres o๠elle fut déployée et est aujourd’hui reconnu pour sa maitrise des opérations de maintien de la paix. Elle fut d’ailleurs appelée sur divers terrains et par son bon comportement, s’est démarqué auprès de ses chefs, mais surtout des populations. Nos hommes ont perdu la vie pour protéger celles de leurs frères, civils et militaires. l’armée malienne a plusieurs autres domaines de compétences. Son savoir-faire en matière de formation également a fait sa réputation à  travers le continent et même au-delà . Aujourd’hui, ils viennent de partout, les jeunes qui se destinent aux métiers des armes pour se former au Mali dans les écoles Interarmes et de Maintien de la paix. Dans le cadre de sa mission de défense de l’intégrité du territoire, l’armée malienne a eu l’occasion de faire ses preuves. On se souvient de 1964, o๠la toute jeune Armée malienne est confrontée à  la rébellion dans l’Adrar des Ifoghas comme, plus récemment de la seconde Rébellion arabo-touarègue, de 1990 à  1992, qui débouchera sur la signature d’un Pacte de Réconciliation Nationale, le 11 avril 1992. Elle est également intervenue dans la vie de la Nation pour soit rétablir l’ordre régalien, comme en 1991 o๠les Forces Armées et de Sécurité, à  la suite de manifestations populaires, mettent fin à  la 2ème République et créent le Conseil National de Réconciliation, puis le Comité de Transition pour le Salut du Peuple, avec les représentants des Associations et Mouvements Démocratiques. Enfin, elle apporte s contribution au développement du pays et assure des missions de génie militaire ou encore d’aide aux populations, à  l’exemple des opérations de ravitaillement des populations touchées par les sécheresses dans le Sahel de 1972 à  1973. Elle s’est même investie dans la production agricole, avec les Centres d’Animation Rurale, à  travers l’exploitation de champs collectifs. Elle affiche aujourd’hui son ambition de modernité et se lance dans de grands chantiers. La féminisation des troupes en est un. Fait inconcevable, il y a seulement quelques années, l’Armée malienne dispose aujourd’hui de nombreux officiers féminins, dont deux Généraux et un Inspecteur Général. Des réformes sont en cours. Elles portent entre autres, sur la création de structures administratives adéquates et cohérentes de commandement. 50 ans après, le bilan est donc très satisfaisant. Mais les défis sont aussi très nombreux. La sureté du territoire est mise à  mal aujourd’hui avec la présence des intégristes islamistes et des narcotrafiquants au Nord du pays. Le terrorisme s’importe au Mali et les observateurs sont nombreux à  se demander si l’Armée est capable de faire face à  la menace qui prend chaque jour un peu plus d’ampleur. La sécurité des personnes et des biens, un autre pan de la mission de l’armée o๠des efforts particuliers doivent encore être faits. Pour équiper, former mais surtout assainir les rangs des Forces Armées et de Sécurité, bien souvent accusées de collusion avec les malfaiteurs. La sécurité routière est à  elle toute seule un défi de grande ampleur qu’il faut relever en urgence pour sauver les milliers de vies brisées chaque année par la route. Une chose est sûre, le peuple malien a montré qu’il avait confiance en son armée. Celle-ci dispose du soutien des plus hautes autorités. Reste à , de nouveau, retrousser les manches, user de fermeté tout en restant une Armée républicaine, dans tous les sens du terme. En gardant à  l’esprit, selon les mots du capitaine Sékou Traoré, qu’il faudra démontrer « l’esprit d’abnégation qui vous caractérise tous et que vous manifesterez ici, sans défaillance pour que la République vive libre et prospère ». Bon jubilé !