Arrêt des adoptions internationales au Mali : l’avenir des orphelins menacé

Pour Anne Morin, française, l'article 540 du code de la famille, qui interdit aux étrangers de procéder à  l'adoption d'un…

Pour Anne Morin, française, l’article 540 du code de la famille, qui interdit aux étrangers de procéder à  l’adoption d’un enfant malien fut un véritable choc. Le « Collectif Enfants Adoption Mali » crée en novembre 2012 au lendemain de la décision d’arrêt des adoptions internationales en les limitant aux seuls ressortissants Maliens, à  décidé de faire du lobbying pour faire revoir cette loi, qui a par ailleurs entraà®né la suspension de près de 80 dossiers d’adoption par des familles françaises en cours. » Laurence Haziza, 46 ans, essaie d’adopter après plusieurs tentatives pour avoir un enfant. Lorsque son dossier a été suspendu, c’est tout un projet de vie qui s’écroulait. « C’est absurde de priver un enfant d’un autre avenir d’autant que nous nous sommes engagés à  ne pas couper cet enfant de ses racines ». « Le Mali s’était engagé à  nous confier un pupille de l’Etat et nous en étions honorés. Car tous nous avions choisi d’orienter notre démarche d’adoption vers le seul Mali, pays cher à  notre C’œur, que nous connaissons bien, et o๠certains d’entre nous ont déjà  adopté », poursuit Anne Morin. Aussi les familles regroupées au sein du collectif, mettent en avant le fait que l’adoption n’implique nullement de couper l’enfant de ces racines. Ces familles s’étaient même engagées à  donner à  l’enfant toutes les informations sur son pays d’origine. Autre conséquence de cette décision, la pouponnière centrale de Bamako, o๠le taux d’occupation a atteint les 180%. Les dossiers d’adoption, depuis cette mesure se sont amenuisés, d’autres sont suspendus du fait de la décision.  » Au Mali, on adopte rarement un enfant qu’on ne connaà®t pas ou sans lignée alors sans les adoptions internationales, que va t-il advenir de ces nourrissons ? Que vont-ils devenir une fois autonomes? « , s’indigne cette française, membre de la société civile impliquée dans le lobbying. L’avenir des nourrissons en jeu Pour Bakary Traoré, de la Direction Nationale de la Promotion de l’Enfant et de la Famille), la situation est déplorable :  » Nous avons constaté que le nombre d’enfants en situation difficile va croissant et que le seul centre d’accueil, de placement familial ne pouvait pas les contenir ». « L’ avenir des nourrissons abandonnés ne s’inscrit-il désormais qu’en institution, ce qui par ailleurs est contraire à  la Convention de La Haye régissant l’adoption internationale. Cela fait maintenant 12 mois que ces petits auraient pu vivre en famille. Une éternité dans la vie d’un nourrisson » rappelle Anne Morin dans un courrier. Grâce au collectif, « Enfants Adoption Mali », les familles ont mobilisé la première dame de France Valérie Trierweiler, attendue prochainement au Mali pour faire avancer le dossier. Il s’agit surtout de faire revoir, ou en tout cas, de revenir sur cette loi qui n’a aucun sens et met en péril, l’avenir de ces nourrissons. Des courriers aux autorités pour les sensibiliser sur la question, des colis composées de (couches, de lait et de biberons) ont été récemment envoyés à  la pouponnière ASE Mali de Bamako, via l’ambassadeur Gilles Huberson, en attendant un déblocage de la situation. Petite lueur d’espoir dans le dossier, le collectif, a appris que jeudi dernier, l’Assemblée nationale avait voté, en faveur de la possibilité, pour le gouvernement, de légiférer par ordonnance d’ici l’élection de la nouvelle; C’est sur cette base, la DNPEF (La Direction Nationale de la Promotion de l’Enfant et de la Famille), favorable à  une reprise des adoptions internationales, voudrait proposer un texte au gouvernement, pour débloquer les dossiers en souffrance. « Ce qui est surtout important, c’est de montrer qu’avec ces adoptions, ces enfants ont un avenir, l’espoir d’une vie meilleure…. », argumente Hanna, une franco malienne, installée à  Bamako.