Artisanat: Mobilier en bambou, un secteur en souffrance

Ainsi en est-il de la fabrication des meubles en bambou, communément appelé chez nous « kalaka ». Brama Diallo et…

Ainsi en est-il de la fabrication des meubles en bambou, communément appelé chez nous « kalaka ». Brama Diallo et son comparse le vieux Seydou Kanambaye en fabriquent depuis des décennies. Depuis le village o๠ces meubles servaient pour le mobilier familial à  Bamako o๠leur fabrication est devenue pour eux une activité professionnelle à  part entière. Ils sont installés à  quelques encablures du Centre Islamique de Hamdallaye o๠ils sont une bonne cinquantaine à  travailler le bambou. Selon eux les temps ont bien changé. « Avant nous allions dans les villages et nous demandions la permission au chef avec quelques colas, nous coupions les bambous ». Ils avaient juste une obligation : « On ne touchait pas aux arbres qui poussent près des points d’eau par exemple, parce que les bambous protègent ces lieux et maintiennent l’humidité dans le sol ». Avec la récolte, ils revenaient dans la capitale et créaient toutes sortes de meubles ; lits, chaises, bureaux, armoires etC’…. Vendus à  des prix abordables, ils étaient assez rentables et permettaient d’assurer un bon revenu à  l’artisan. Mais aujourd’hui, ce n’est plus le cas. La première difficulté, C’’est que le bambou se raréfie. Les bois appartiennent à  des exploitants qui nous les vendent cher, nous dit Brama Diallo, un peu dépité. Ce qui les oblige à  produire te vendre leurs meubles à  un cout plus élevé. Mais ce qui le dérange le plus, C’’est le fait que les services des eaux et forêts leur fassent des misères. « Le fait que tu aies des papiers ne te met pas à  l’ abri. Ils te tombent dessus que tu sois en règle ou pas. On doit payer le transport et en plus des taxes, les gens nous réclament de l’argent », se plaint M. Diallo. Ces difficultés pèsent sur l’activité qui était déja assez marginale auparavant. Le Vieux Kanambaye nous raconte avoir toutes les peines du monde à  intéresser ses enfants à  son métier. Mais, il y a une jeune génération qui commence à  investir le domaine. A une échelle plus importante puisqu’ils visent un marché plus vaste et savent se vendre en exposant dans des manifestations comme les foires et salons… Si cette profession existe encore aujourd’hui, C’’est surtout grâce au marché local. Et bizarrement, ce sont les expatriés qui sont les premiers clients. Contrairement aux maliens qui préfèrent acheter des meubles importés ou de style européen. Les lits, nattes ou autres armoires ou vaisseliers sont emportés par les étrangers qui en connaissent les bénéfices. « Ces meubles sont très économes, non seulement ils ne coutent pas cher, mais en plus ils durent longtemps » témoigne un client qui avoue que presque tout son mobilier est en bambou. Son ami qui l’accompagne, un expatrié, est dans le même cas et lui entend même rentré, à  la fin de son séjour au Mali, avec les meubles en bambou acquis ici. « Ce sont les étrangers qui connaissent la valeur de ces meubles. Ils savent qu’ils résistent très bien à  l’humidité et à  la chaleur et qu’ils ne sont pas attaquer par les insectes. Ce qui fait qu’ils peuvent être utilisés même en Europe o๠ils coutent très cher », nous dit Brama Diallo. La fabrication de meubles en bambou est une des facettes de notre savoir-faire et de notre artisanat local. Elle gagnerait à  être promue auprès du public et soutenue par les autorités pour que ceux qui pérennisent cet art puissent en vivre décemment.