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Ashraf Ghani, l’économiste devenu président

Ashraf Ghani, en route pour un deuxième mandat après avoir remporté la majorité absolue à la présidentielle de septembre en…

Ashraf Ghani, en route pour un deuxième mandat après avoir remporté la majorité absolue à la présidentielle de septembre en Afghanistan, est un économiste au caractère bien trempé, qui a échoué ces cinq dernières années à mener le pays vers la paix.

Agé de 70 ans, M. Ghani grandit en Afghanistan, avant de s’exiler en 1977 aux Etats-Unis, où il étudie à l’université Columbia de New York, pour devenir professeur de sciences politiques et d’anthropologie dans les années 1980. Il entre ensuite à la Banque Mondiale en 1991.

Il revient en Afghanistan juste après la chute des talibans, d’abord comme conseiller spécial de l’ONU avant de devenir l’un des architectes du gouvernement d’intérim.

Entre 2002 et 2004, il est le très actif ministre des Finances du président Hamid Karzaï, installant une nouvelle monnaie, réformant la fiscalité, encourageant la diaspora afghane à revenir au pays et assurant le lien avec les bailleurs de fonds internationaux qui financent le gouvernement.

Il y fait également campagne contre la corruption qui gangrène déjà les nouvelles institutions du pays, et gagne une réputation d’homme inflexible mais aussi parfois caractériel qui le poursuit encore aujourd’hui.

Après avoir largement échoué lors de l’élection présidentielle de 2009, où il n’arrive que quatrième avec un résultat décevant de 2,94% des voix, Ashraf Ghani fait campagne en 2014 sur fond de polémique. Il choisit parmi ses deux colistiers le très controversé Abdul Rachid Dostom, chef de guerre accusé d’avoir fait massacrer de centaines de prisonniers talibans en 2001.

– Combattre les talibans « pendant des générations » –

Loin d’être donné gagnant après le premier tour, où il n’obtient que 31,6% des voix, loin derrière les 45% réunies par son adversaire Abdullah Abdullah, il sort finalement largement vainqueur du second tour (55% des votes) d’un scrutin entaché d’irrégularités.

Son accession au pouvoir se fera via un accord de partage du pouvoir avec M. Abdullah, devenu chef d’un gouvernement d’unité nationale, sous l’égide de Washington.

Avant de se lancer dans la course présidentielle, M. Ghani supervisait le transfert de responsabilité des troupes de la coalition de l’Otan aux forces afghanes.

Ses relations avec Washington, qui promettaient d’être bonnes, se sont envenimées après que les Etat-Unis ont décidé d’entamer il y a un an des négociations bilatérales avec les talibans menées à Doha.

Si l’émissaire américain Zalmay Khalilzad l’a régulièrement tenu au courant des discussions, qui visent à retirer les troupes américaines d’Afghanistan en échange de contreparties sécuritaires des insurgés, le gouvernement de Kaboul n’a jamais été invité à y participer, les talibans s’y opposant.

Toutes ses offres de paix, à l’exception d’un éphémère cessez-le-feu en juin 2018, marquant la fin du ramadan, ont été refusées par les rebelles, qui qualifient son gouvernement de « marionnette » de Washington.

Dans l’hypothèse où des pourparlers de paix échouent, Ghani a appelé à combattre les talibans « pendant des générations », si nécessaire, dans un pays entré en guerre il y a maintenant quarante ans.

M. Ghani, qui a survécu à un cancer de l’estomac et doit depuis suivre un régime d’ascète, est marié à Rula, qu’il a rencontrée alors qu’il étudiait à l’université américaine de Beyrouth. Ils ont deux enfants.