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Assemblée Nationale française : Le rapport qui fâche sur l’Afrique

Le compte rendu du rapport a eu lieu le mercredi 15 avril dernier. Ce fut un compte rendu vide de…

Le compte rendu du rapport a eu lieu le mercredi 15 avril dernier. Ce fut un compte rendu vide de toute tendresse qui passe au tamis la situation politique, économique voire sociale des pays de l’Afrique francophone. Jean-Claude Guibal, qui a présidé la mission, a, dans son propos, développé que 50 ans après les indépendances, seuls le Gabon et la RDC font partie des pays qui bougent en Afrique subsaharienne. Même la Côte d’Ivoire, hier considérée comme la vitrine de l’économie de l’Afrique francophone, s’est retrouvée au 171e rang de l’Indice de développement humain. Il y a que les indices sociaux sont mauvais en termes d’éducation, de santé et de pauvreté monétaire. l’espérance de vie est basse : elle est inférieure à  50 ans. Les taux de malnutrition sont élevés : un enfant sur cinq meurt à  cause de l’insécurité alimentaire. Il y a aussi que les systèmes de santé sont défaillants, comme l’a montré l’incapacité à  « terrasser » Ebola dont les pays comme la Guinée, la Sierra Leone et le Libéria ont fait montre. De plus, les taux d’analphabétisation sont graves, et le déséquilibre entre la croissance économique et celle démographique est grand. Instabilité chronique Beaucoup de pays du continent font aussi face à  des troubles internes fréquents. Seul le Sénégal sort du lot depuis 1960. Les coups d’Etat, les rebellions, les tentatives de déstabilisation, les guerres civiles sont légion. Comme ce fut le cas au Mali, en RCA, en RCD. Et l’extrême Nord du Cameroun est, selon M. Guibal, marginalisé, laissé à  l’abandon depuis plus de 30 ans, en proie à  l’insécurité. Au Cameroun, le régime est bloqué. Le Burundi aussi est dans une impasse politique et institutionnelle. Même le Tchad n’est pas stable. M.Guibal relève que tout cela est dû à  des « empilements de causes, d’héritages cumulés », la colonisation ayant détruit les structures sociales et économiques dans ces pays, ce qui a débouché aujourd’hui sur « des problématiques migratoires, foncières, ethnique ». Les ajustements structurels sont aussi pointés du doigt, car ils sont donné naissance à  des Etats défaillants au plan sanitaire notamment. Une économie mafieuse, gangrenée par les trafics divers, de drogue, de cigarettes, la piraterie maritime. La montée des extrémismes religieux, la dégradation de l’environnement viennent noircir davantage le tableau. Gérontocraties Ces pays, pour la plupart, souligne M. Guibal, sont dirigés par des gérontocraties qui emploient tous les moyens pour se maintenir au pouvoir, ce qui provoque des mouvements de jeunesse citoyenne comme ce fut le cas au Sénégal, au Burkina Faso, au Congo, au Gabon… Politique d’aide au développement de la France : le cas du Mali Le rapporteur Philippe Baumel souligne que malgré une considérable aide au développement de la communauté internationale et de la France, « le Mali s’est effondré au premier assaut en 2012 », et a plongé dans une crise politique et institutionnelle o๠l’Etat ne « contrôle pas tout le territoire et ne répond pas aux attentes des populations ». « l’an dernier, l’on pensait … (qu’au Mali) il y avait une volonté de lutter contre la corruption, que l’on constatait des avancées sur le terrain, mais Médecins sans frontières attire désormais l’attention sur le fait qu’au Nord, les gens manquent de tout, en matière d’éducation, de santé, d’eau potable et que l’aide humanitaire est indispensable… », a-t-il dit. Voté, le mercredi 6 mai 2015, par la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale, le rapport de 200 pages préconise une réinvention de la politique africaine de la France. Le rapport pointe une « militarisation coûteuse », « un engagement croissant de la France dans les crises qui secouent le continent », « une politique qui réagit plus qu’elle n’anticipe », et déplore que les anciennes colonies qui bénéficient de cette aide au développement n’ont pu sortir du sous-développement soixante ans après leurs indépendances.