IdéesÉditos, Idées




Assises nationales sur le nord: des déplacés à Bamako s’expriment

Les déplacés encore présents sur les sites de Niamana et Niamakoro dans la capitale malienne estiment tous que la sécurité…

Les déplacés encore présents sur les sites de Niamana et Niamakoro dans la capitale malienne estiment tous que la sécurité doit être le premier sujet de discussions lors de ces assises. Le pardon et la justice aussi sont deux thèmes sollicités par eux. Pasteur Aziz Cissé, déplacé de Gao : Beaucoup de personnes ignorent certains aspects de cette guerre. Je crois que ces assises seront l’occasion pour en parler et éclairer l’opinion là -dessus. Ce forum permettra aux uns et aux autres de se dire la vérité. A partir de cette discussion des dispositions doivent être prises pour le développement des régions du Nord. Monique Koné, déplacée de Tombouctou : Je suis contente de savoir qu’il y aura ces assises consacrées aux régions du Nord du Mali. Le Nord souffre beaucoup, il faut parler en priorité du développement. J’ai été là  bas pendant une semaine puis je suis retournée : tout va très mal. Il faut que des assises de ce genre aient lieu de temps en temps pour que les gens puissent se comprendre sur les questions utiles. J’aimerais aussi qu’ils pensent aux personnes qui ont été victimes et qui sont restées sur place, ils ont tout perdu et il faut penser à  eux. Ada Sagara, déplacée de Gao : Je voudrais m’exprimer sur le fait que les chrétiens sont menacés et personne n’en parle. Si tu es chrétien, tu es visé par les attentats. Nous ne sommes pas tranquilles, de nuit comme de jour, nos coreligionnaires peuvent être agressés. Je voudrais attirer l’attention du gouvernement sur cette question pour aider les chrétiens du Nord à  bien s’épanouir chez eux. Samuel Guindo, déplacé de Gao : Je suis déplacé depuis l’année dernière. Nous sommes remplis d’espoir sachant la tenue de ces assises mais aussi nous avons des inquiétudes. Je pense qu’il faut parler en premier lieu, de la situation sécuritaire. Beaucoup de personnes veulent retourner mais ils entendent parler des attentats encore, ils ont envie de se rétracter. D’autres questions, comme l’éducation et la santé doivent être discutées. Beaucoup de médecins et d’enseignants avaient fui les combats. Maintenant, les hôpitaux et les CSCOM (centres de santé communautaires NDLR) ont besoin d’eux. De même que les enseignants car les cours ont repris. Amassa Coul Yattar, déplacé de Tombouctou : Comme tous le s Maliens, on a de l’espoir mais il faut que ce soit quelque chose de réel. Il ne faut pas que ce soit juste des assises pour discuter de ce qui n’est pas utile et tromper l’opinion nationale et internationale. Parce qu’il y a eu des assises par le passé, il y a eu des concertations mais cela n’a accouché de rien. C’’est parce que ce n’était ni réel, ni concret et C’’est pour cela que nous sommes retombés dans cette crise qui n’est que le fruit ou la continuité de la rébellion de 1963. Cette fois-ci, on veut vraiment croire aux gens. Il faut qu’on parle de la réconciliation mais avant cela, il faut que justice soit faite. Il y a des orphelins de cette guerre, des veuves etc. Il y a des militaires qui ont été massacrés, des familles ont été décimées, des enfants qui ont perdu le goût de la vie. Maintenant o๠ces assises se tiennent, pendant ce temps à  Tombouctou, les gens ont toujours peur pour leur sécurité. Il faut qu’on parle de cela. Il y a des gens qui ont été obligés de se déplacer du Nord au Sud, des personnes qui n’ont jamais fait un kilomètre de voyage. Et ils sont arrivés dans l’humiliation parce qu’ils n’avaient pas logement et ils n’avaient pas de quoi se nourrir. Il faut trouver une solution pour que cela ne se répète plus et juger ceux qui doivent l’être car C’’est l’impunité qui amène les gens à  refaire la même chose depuis 50 ans. Alassane Dicko, déplacé de Tombouctou : Nous sommes restés à  Bamako pendant une année et demie. Je suis retourné au Nord pour jeter un coup d’œil là  bas après toute cette crise. Je suis à  Bamako pour poursuivre mes études. Nous soutenons toute idée positive pour la sortie de crise. Le mot clé que J’ai envie de garder, C’’est le pardon entre nous, même si C’’est difficile. Aujourd’hui, s’il y a des solutions, par exemple des assises comme celles qui se tiennent maintenant. Nous espérons que cela permettra aux Maliens d’avoir une idée de ce que le Mali sera demain. Il faut mettre fin à  toutes ces atrocités et aux problèmes que nous connaissons aujourd’hui. A Bamako, ça ne va pas, au Nord ça ne va pas, on ne sait même plus qui accuser. Je pense que le gouvernement doit mettre plus l’accent sur cela et essayer de s’organiser. Nous n’entendons pas de bonnes nouvelles par exemple, concernant le respect des décisions prises dans les accords. l’éducation est aussi un point important. La rénovation du Nord est à  signaler, le Nord a besoin de développement. Nous étions sur la bonne voie mais maintenant tout est détruit. Cela fait mal au C’œur de voir l’état des villes du Nord actuellement. Il y a un autre point sur lequel insister : la façon dont il faut faire pour désarmer les groupes armés.