ATT, d’un 8 avril à l’autre…

Ce 8 avril 2012, il abdiquait au grand dam de ses partisans. Amadou Toumani Touré, renversé par le coup d'Etat…

Ce 8 avril 2012, il abdiquait au grand dam de ses partisans. Amadou Toumani Touré, renversé par le coup d’Etat du 22 Mars 2012, n’a pas eu d’autre choix que l’exil vers la capitale sénégalaise. Avant d’y parvenir, il a du s’extraire du palais de Koulouba en proie aux balles des putschistes, a passé au moins trois semaines dissimulé dans une villa de la capitale malienne, avant de rejoindre la résidence des hôtes de marques à  Dakar le 19 avril 2012. Le contexte d’alors était celui d’un état, sens dessus dessous, chasse aux sorcières des anciens ministres et caciques du régime à  la clé. La junte d’Amadou Haya Sanogo était décidée à  en découvre avec tous les barons de l’époque. « Ils venaient nous chercher jusque dans nos maisons », se rappelle cet ancien membre du protocole présidentiel. En quittant précipitamment le Mali, ATT a cristallisé bien des frustrations mais aussi des ranC’œurs pour tous ceux qui ont pris fait et cause pour la junte. Trois ans après, ses partisans jugent que l’heure est venue pour leur mentor de rentrer au pays. Plus exactement, ATT estime lui même, et cela depuis près d’un an, qu’il doit rentrer au bercail : « Il a à  plusieurs reprises fixé des dates sans pouvoir passer à  l’action », confie un camarade qui lui rend visite régulièrement à  Dakar. « Il est serein mais la nostalgie l’emplit », confie cette autre proche de Lobbo Traoré, son épouse. Lobbying intense Pour rappel, en décembre 2013, ATT était ciblé par un mandat d’arrêt pour « haute trahison », ce qui avait lancé le débat. Beaucoup s’étaient offusqués de cette requête judiciaire, qu’Ibrahim Boubacar Keita, l’actuel locataire de Koulouba, a refusé de commenter. Aujourd’hui, l’Assemblée doit toujours statuer sur sa possible mise en accusation, pour sa session d’Avril 2015 ; Mais une information contradictoire aurait aussi fait état d’un abandon des poursuites à  son encontre pour absence de preuves retenues contre lui. En Mars dernier. Aussi, l’argument principal de ceux qui défendent son retour est qu’ATT est un fils du Mali. Tout récemment, l’ancien président a perdu sa mère, ce qui a soulevé à  nouveau une polémique stérile. Qui a empêché ATT d’aller aux obsèques ? En a-t-il fait la demande ? Ces questions divisent ses partisans, qui emmenés par l’ACS, l’association citoyenne de soutien à  ATT, accusent presque le pouvoir. Mais en réchauffant le marigot politique, l’ex président ne cherche t’il à  pas à  jauger le terrain ou à  mesurer sa force de mobilisation. Car son retour, estime cet intellectuel, ancien professeur au CESTI de Dakar, doit d’abord faire l’objet de tractations avec le pouvoir. « En quoi un retour précoce peut-il être gênant ou pas ? Revenir est-il prudent pour sa sécurité ? Rappelez-vous la colère des femmes de soldats tués à  Aguelhok au nord du Mali en 2012, les familles des bérets rouges, harcelés et massacrés par la junte. Des faits de guerre pas tout à  fait vieux. La question mérite réflexion ». Pour la réconciliation en marche ! Face au lobbying pour le retour d’ATT, le silence du pouvoir reste assourdissant. Aucun officiel n’a réellement commenté l’affaire : « Cela ne veut pas dire qu’IBK s’en moque », analyse un éditorialiste. Simplement, cela demande du temps, de la précaution, une réflexion que doit mener le pouvoir de concert avec la sécurité d’Etat ». D’aucuns estiment que d’anciens chefs d’états comme Moussa Traoré ou Modibo Keita, victimes eux aussi d’un coup d’Etat, n’ont jamais quitté le pays. l’autre raison majeure pour qu’ATT revienne est qu’il doit participer à  la réconciliation nationales, estiment ses fidèles d’entre les plus fidèles. Le meeting du 26 Mars, organisé par l’Association de soutien à  ATT, dans la salle de plus de 3000 places du centre international de conférence de Bamako en était une belle illustration. Partis politiques amis en front row, on se serait cru en 2011. «ATT est un fils du Mali, il doit participer à  l’unité du pays », juge Amadou Koita, ancien du mouvement citoyen et président du parti socialiste, Yeleen Coura. Alors que l’opposition et la majorité présidentielle sont à  couteaux tirés sur les termes de l’accord d’Alger, on rappelait au meeting les réalisations nombreuses d’ATT au Mali. « Le bonheur, un seul homme, l’avait fait au Mali, il s’agit d’ATT », clame Amadou Abdoulaye Diallo, du PDES. Un avis qu’est loin de partager, Moussa, étudiant. Pour lui, ATT a fait plus de mal que de bien au Mali. Alors en quoi l’ex président est-il si utile à  la paix au Mali ? « La présence d’Amadou Toumani Touré au Mali est à  double tranchant, nul ne sait, si elle porteuse de contestation sociale, ou au contraire, inspiratrice d’une réconciliation très difficile à  mettre en œuvre dans le contexte actuel », analyse un observateur politique, qui désapprouve en outre le silence d’Alpha Oumar Konaré sur l’affaire. Même s’il revenait demain au Mali, les ennuis d’ATT sont-il pour autant terminés ? Interrogé par la Division française des Investigations criminelles dans l’affaire du financement de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007, ATT pourra t’il échapper au procès de l’histoire? A tous ceux qui lui demanderont des comptes ? Parmi les dossier à  l’ordre du jour de la session d’Avril 2015 de l’Assemblée Nationale, figure l’examen des rapports des commissions ad hoc en vue d’examiner la demande de mise en accusation de l’ancien président de la république. « De même, nous aurons aussi à  examiner les Rapports produits par les Commissions ad hoc en vue d’examiner la demande de mise en accusation devant la Haute Cour de Justice de M. Amadou Toumani TOURE, ancien Président de la République, de même que la demande de levée de l’immunité parlementaire d’un Député », a déclaré Issiaka Sidibé, président de l’assemblée nationale.