ATT peut-il revenir au Mali ?

Leur approche, ils la voulaient citoyenne et inscrite dans la réconciliation nationale. Et non dans une démarche politique. Pourtant ce…

Leur approche, ils la voulaient citoyenne et inscrite dans la réconciliation nationale. Et non dans une démarche politique. Pourtant ce meeting organisé par l’Association Citoyenne de Soutien à  ATT (ACS-ATT) avait des allures de plèbe politique à  l’honneur de l’ancien président Amadou Toumani Touré renversé un 22 mars après le 3è coup d’Etat du Mali démocratique. Trois ans maintenant qu’ATT vit exilé à  Dakar et même s’il y coule des jours tranquilles, la nostalgie de ses héritiers n’a d’égale que leur détermination à  tout faire pour faire revenir leur mentor au pays. Le retour d’ATT pour la réconciliation Aussi ces héritiers d’ATT et tout ce que la République compte de ses anciens ministres se sont réunis au centre international de conférence de Bamako. Objectif : demander le retour définitif de celui qu’ils considèrent comme un fils du Mali : «Si le Mali veut réussir sa réconciliation alors, on doit admettre le retour d’ATT, a déclaré Amadou Goita à  la tribune, car selon lui, ce pays appartient à  tous et il a besoin de tous ses enfants. Il va plus loin : «ATT est seul, ATT C’’est le Mali, ATT fait partie de ces hommes qui ne réclament plus la légitimité des hommes, mais celle de l’histoire désormais. ». Le ton du meeting est donné o๠se côtoient femmes en basin ample à  l’effigie d’ATT, jeunes fougueux banderoles en main, petites filles qui déclament un poème. Tout y est, et l’on se croirait presque en 2011 quelques mois avant le coup d’Etat…. Dans la salle pleine, d’autres héritiers d’ATT ont souligné l’essentiel pour le Mali, à  savoir la réconciliation nationale, C’’est pourquoi ils supplient presque Ibrahim Boubacar Keita, l’actuel président, d’entendre ce cri de C’œur de milliers de Maliens. Car chaque malien n’aspire qu’à  un Mali debout. «Ce qu’ATT a fait pour le Mali n’est nullement comparable au reste, ni à  ses prédécesseurs », affirme même un orateur zélé. Un retour possible maintenant? Mais le retour de l’ancien chef d’Etat au-delà  du voeu de ses partisans et de ceux de Touré Lobbo Traoré son épouse est-il bien approprié dans le contexte actuel de retour à  la paix, et face à  la signature partielle d’un accord qui attend son paraphe intégral. «l’idéal serait que tous, ATT, IBK, AOK et même le vieux Moussa Traoré s’asseyent ensemble pour lancer un signal fort à  la réconciliation au Mali », estime cet admirateur du Général. Sauf qu’une telle scène, utopique du reste, aura bien du mal à  se concrétiser au vu des réalités politiques de l’heure. Pour d’autres, ATT était l’homme de la situation qu’une accélération de l’histoire a contraint à  partir et malgré lui : « A partir du moment o๠la chaà®ne de commandement a été rompue face aux évènements que vous savez et que le président ne pouvait plus remplir ses fonctions de chef suprême des armées, il a été contraint à  démissionner avec la lettre funeste du 8 avril 2012, rappelle Amadou Abdoulaye Diallo, l’un de ses anciens ministres. « ATT a tout fait pour éviter la guerre même s’il s’y préparait discrètement, si elle devait lui être imposée. Il a toujours privilégié la négociation même s’il savait qu’elle serait longue et harassante… ».« ATT est une icône, son retour est une affaire nationale », juge pour sa part Iba Ndiaye, ancien cacique de l’Adema, désormais à  l’URD. ATT, icône éternelle Entrecoupé des prestations d’artistes comme Djénéba Seck ou Maimouna Dembélé, le meeting s’est vite échauffé, a vibré des propos de ses orateurs, tous convaincus du bien immense qu’ATT a fait au Mali, un pays qui aujourd’hui compte de nombreuses infrastructures, des routes, des ponts, des hôpitaux, des services sociaux, l’AMO, la césarienne gratuite pour les femmes, des écoles, etc, etC’… La liste n’est pas assez longue des réalisations de l’ancien président malien pour ses admirateurs. Certes ATT a marqué ce pays de son empreinte. Lui ôter le crédit de ses réalisations serait injuste, l’accuser de tous les maux du Mali serait dur et n’importe quel homme qui viendrait à  la place d’Ibrahim Boubacar Keita, verrait la difficulté de la tâche et saurait dire sur l’état dans lequel le pays a été laissé après le coup d’Etat. A quoi servirait un retour précoce d’ATT dont nul ne conteste l’appartenance à  ce pays. Enfant de Mopti, diplômé de l’EMIA, celui qui a mis fin au régime dictatorial de 23 ans au Mali, restera à  jamais dans les annales de l’histoire du Mali. Il reste à  juger du moment opportun pour mettre en marche son retour en terre malienne. Enfin, la question qui se pose aujourd’hui, 24 ans après la révolution démocratique est de savoir si le Mali a encore besoin d’hommes forts ou plutôt d’institutions démocratiques solides ?