Attaques rebelles : Retour gagnant des FAMas

La prise de Ménaka dans la matinée du 27 avril par le Groupe autodéfense touareg Imghad et alliés (GATIA), auparavant…

La prise de Ménaka dans la matinée du 27 avril par le Groupe autodéfense touareg Imghad et alliés (GATIA), auparavant tenue par le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), a eu pour conséquence une reprise des hostilités et des combats dans plusieurs localités du nord ouest et du centre du Mali. Le cessez-le-feu auquel s’étaient astreintes les Forces armées du Mali (FAMas) a volé en éclat dès le 29 avril, après l’attaque des groupes rebelles menée contre les troupes maliennes stationnées à  Léré, près de la frontière mauritanienne. Elle avait suivi « l’assassinat au petit matin du chef de peloton de Goundam, de son adjoint, et d’une innocente fillette », selon un communiqué publié par le gouvernement. Au total, une vingtaine de morts à  Léré, dont neuf côté FAMas et dix pour les indépendantistes, qui seraient des éléments du MNLA et du Mouvement des arabes de l’Azawad (MAA branche indépendantiste). Fait nouveau, contrairement à  2012 et 2014, o๠l’armée avait subit de cinglants revers, les soldats maliens ont cette fois-ci affronté l’attaque et fait fuir les assaillants en leur causant des pertes conséquentes. Même scénario à  Tenenkou le 5 mai. Cette petite localité de la région de Mopti, dans le Delta intérieur du Niger, subissait une attaque à  l’aube, une nouvelle fois revendiquée par les indépendantistes touaregs et arabes du MNLA et du MAA, sourds aux appels de cessez-le-feu émis par la communauté internationale. Après au moins cinq heures de combat, les troupes maliennes, qui n’ont enregistré qu’une seule perte, ont pu repousser les assaillants, tuant six d’entre eux et récupérant bon nombre de matériels militaires. Deux jours plus tôt, C’’est à  Diré, à  120 km de Tombouctou, que les FAMas avaient essuyé une attaque, avant de provoquer la fuite des rebelles. Une reprise en main des forces maliennes Ces succès relatifs, obtenus par une armée que l’on disait incapable de progresser, n’ont pas échappé à  nombre d’observateurs. Pour un diplomate en poste à  Bamako, « les troupes maliennes sont les héritières des tirailleurs sénégalais, autrefois parmi l’élite de l’armée coloniale française. Il n’y a donc aucune raison qu’elles ne progressent pas! » Dans les cas de Léré, Diré et Tenenkou, les FAMas, dont plusieurs bataillons ont bénéficié d’une formation dispensée par l’European union training mission (EUTM), ont été surprises puis mises en difficulté, mais sont reparties au combat avec le renfort d’unités présentes à  proximité du théâtre des opérations. Selon un haut gradé malien, « le moral des troupes est en net progrès depuis quelques mois car elles bénéficient d’une reprise en main par le pouvoir politique avec le ministre Tieman H. Coulibaly qui est régulièrement sur le terrain en campagne de remobilisation ». Pour accompagner cette dynamique, le vote par l’Assemblée nationale de la loi d’orientation et de programmation militaire en février 2015 a constitué un signal fort. Pendant les cinq années à  venir, C’’est plus de 1 230 milliards de Francs CFA qui seront octroyés à  la Grande muette, dont 104 milliards au titre de 2015 pour des équipements, des recrutements, et la revalorisation des conditions de vie des soldats. à€ cela s’ajoute une meilleure stratégie sur le terrain, due à  un réaménagement du théâtre des opérations qui a vu un rapprochement du commandement et le repositionnement de troupes qui doivent pouvoir se mouvoir et agir vite, comme l’ont fait les unités venues en renfort. « Nous avons encore des progrès à  faire, mais nos troupes ont aujourd’hui une meilleure mobilité, ce qui leur permet de réduire le temps d’intervention en cas de menace », confirme un colonel présent sur le terrain. Menace sur la paix ? Ce regain de forme des soldats maliens n’est pas sans conséquences, car outre le fait de flatter l’orgueil national passablement abà®mé après « l’aventure de Kidal » en mai 2014, les récents combats peuvent être « une menace pour le processus de paix », comme l’a expliqué le représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU, le Tunisien Hamdi Mongi, chef de la Minusma. à€ quelques encablures de la signature de l’accord de paix, le nouveau rapport de force sur le terrain peut influer sur les décisions des différentes parties. Jusqu’ici, la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), composée du Haut conseil de l’unité de l’Azawad (HCUA), du MAA et du MNLA s’était bornée à  ne pas parapher l’accord. Humiliés car défaits à  Ménaka, Léré, Diré et Tenenkou, le MNLA et le MAA pourraient se radicaliser en maintenant leur position, alors que le HCUA, resté à  l’écart des récents combats, pourrait rompre l’unité affichée par la CMA en décidant de signer l’accord. à€ ce titre, l’Amenokal de Kidal, Mohamed Ag Intallah, et frère aà®né d’Alghabass, le leader du HCUA, fait l’objet d’une grande attention. Il était à  Bamako en début de semaine, o๠il a rencontré des représentants de la communauté internationale qui n’ont pas manqué de faire pression sur lui. Les diplomates de la médiation continuent d’appeler au calme et essaient de convaincre les uns et les autres de « ne pas gâcher la formidable opportunité de paix qui s’ouvre à  tous le 15 mai ». Toutefois, certains ont plusieurs fois affirmé que ceux qui n’étaient pas signataires deviendraient « des ennemis de la paix ». Le message est on ne peut plus clair : les réfractaires ne feront plus face aux seules FAMas requinquées, mais également à  la force française Barkhane et à  une Minusma dont le mandat pourrait évoluer pour devenir plus offensif. La porte reste quand même ouverte : même si des mouvements comme le MNLA ne signaient pas la semaine prochaine, ils pourraient bénéficier d’un délai pour rejoindre l’accord. Du côté de Bamako, comme dopées par la nouvelle santé de l’armée malienne, des voix s’élèvent dans certains milieux pour affirmer qu’« un affrontement avec les non-signataires de l’accord sera inévitable ». Quant aux troupes maliennes, elles se préparent à  toutes les éventualités, notamment dans le nord-ouest du pays, non loin de la Mauritanie, et le Delta intérieur du Niger, o๠ont eu lieu les récentes attaques. « s’ils nous cherchent encore, ils sauront nous trouver », confirme le haut gradé cité plus haut.