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Attaques terroristes Radisson-Ouagadougou : Comment lance t’on un assaut ?

Vendredi soir, des terroristes ont attaqué l'hôtel Le Splendid, dans la capitale burkinabé faisant au moins 26 morts. Al-Qaà¯da au…

Vendredi soir, des terroristes ont attaqué l’hôtel Le Splendid, dans la capitale burkinabé faisant au moins 26 morts. Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) a revendiqué l’opération. L’assaut des forces de sécurité a permis de libérer 150 otages dont 33 blessés et de mettre 3 terroristes hors d’état de nuire. Un gradé des forces d’intervention malienne qui a participé à  l’assaut du Radisson, le 20 novembre dernier, a répondu aux questions du Journal du Mali, concernant ce type d’opération. Quel est l’objectif des forces de sécurité quand elles arrivent sur le terrain ? Le premier objectif des forces de sécurité est de sécuriser la zone et de sauver la vie des otages en en faisant sortir un maximum. Comment opèrent les forces d’intervention dans une situation de prise d’otages comme au Radisson ou comme à  l’hôtel Le Splendid? La première chose est de pouvoir identifier l’ennemi présumé avec les moyens adéquats. Quand vous voyez en France les cas de prise d’otages, nous utilisons les mêmes techniques que les forces françaises, c’est pareil pour les forces de sécurité Burkinabé. L’attaque de ce matin montre que ces terroristes étaient bien déterminés. Ils avaient ciblé cet hôtel et savaient comment procédé, ils savaient o๠se trouvaient les personnes pour faire un maximum de victimes. Dans ce genre de situation tous renseignements que nous pouvons obtenir, notamment avec des otages libérés, sont bonnes à  prendre. Une fois que nous avons une meilleure idée de ce qu’il se passe à  l’intérieur, nous intervenons. On fait appel à  des unités spéciales d’intervention formées à  différents scénarios pour ce type de situation. Le première chose est d’arriver le plus rapidement possible sur zone. Plus vous êtes en retard, plus les terroristes peuvent faire des victimes et ont plus de chance de s’échapper. Quand nous intervenons nous utilisons des techniques propres aux unités spéciales, je ne m’étendrais pas ici sur ces techniques car moins l’ennemi en face en sait, mieux c’est. Pour les éléments que j’ai pu voir, progresser dans l’hôtel, dans les médias, ce sont les bonnes techniques. Les unités spéciales Burkinabé sont entrainées et formées, comme nous, pour pouvoir répondre à  ce type de situation de façon professionnelle. En deux mois, il y a eu, au Mali et à  présent à  Ouagadougou, deux attaques commises par la même mouvance et avec les mêmes modes opératoires, comment parer à  ce type de menace à  l’avenir ? Il faut bien être conscient de ce qui se passe actuellement au Mali ou aujourd’hui au Burkina Faso qui est un pays voisin. La situation est inquiétante, on ne s’est pas quand ce type d’évènement peut arriver. Il faut s’attendre à  tout. Les forces de l’ordre ne doivent pas attendre ce type d’événements pour prendre des mesures, les mesures doivent être permanentes, quotidiennes. La présence des forces de sécurité doit être visible et effective pour dissuader les terroristes. à€ mon avis ce qui s’est passé au Splendid est la même typologie criminelle, même tactique, même méthodologie qu’au Radisson. D’autant plus que c’est le même réseau qui a perpétré cette attaque. Il faut aussi que nous gérions mieux les otages qui sont libérés, il faudrait les rassembler dans un endroit et s’assurer de leur identité avant de les laisser partir, car des terroristes, qui ne sont pas identifiés par les forces pendant l’assaut, peuvent se glisser parmi eux et s’échapper. Des forces françaises et américaines ont appuyé les forces burkinabé comme pour les attentats au Mali, pensez-vous que les forces de sécurité africaines sont suffisamment compétentes pour gérer ce type de situation seule ? Ce n’est pas une incapacité des forces africaines mais peut-être aussi une occasion pour ces troupes étrangères de prendre connaissance en pratique des capacités opératoires de ces terroristes. Le fait de participer peut leur permettre de prendre par la suite plus de mesures préventives. Ce phénomène est international, chacun doit être sur le qui vive. Mieux vaut être sur le terrain que d’être informé, c’est ce qui s’est passé. Que pensez-vous du rôle des médias lors d’une prise d’otage, est-ce que ça peut-être un danger pour les forces de sécurité ? Je pense notamment à  la RTB (chaine de télévision burkinabé) qui a été interdite d’émission hier soir, pendant la prise d’otage. L’information dans le domaine sécuritaire doit rester confidentielle, car il ne faut pas que l’ennemi sache quelles sont les techniques utilisées, les forces en présence ou même l’identité des otages. Il y a une concurrence dans la compétitivité entre les terroristes et nous. Vous n’êtes pas sans savoir qu’ils sont formés, entrainés comme des forces de sécurité, moins ils en savent moins ils pourront essayer de nous imiter. C’est le même réseau qui a commis cette attaque au Splendid, ils ont pu générer de l’expérience lors de l’attentat du Radisson et n’ont eu qu’à  traverser la frontière.