Attentat au Radisson Blu: Ils ont vécu l’horreur…

Samuel, client ghannéen « Je suis arrivé tard dans la nuit à  l'hôtel, après que mon vol pour Bamako ait…

Samuel, client ghannéen « Je suis arrivé tard dans la nuit à  l’hôtel, après que mon vol pour Bamako ait été retardé à  plusieurs reprises et on m’a donné une chambre au rez-de-chaussée. Ce vendredi matin, je me suis réveillé assez tôt et suis entré dans la salle de bain pour me préparer. Il était environ 6h30. Soudain, J’ai entendu l’alarme à  incendie et comme on me l’a appris, J’ai immédiatement quitté la chambre, me couvrant juste d’une serviette, avec mon téléphone. Une fois à  l’extérieur J’ai couru vers le bout du couloir et C’’est au niveau des escaliers que J’ai compris qu’il se passait quelque chose. Il y avait de la fumée et J’ai entendu des tirs. Je me suis glissé sous les escaliers et J’ai vu deux hommes passer juste à  coté de moi. Ils se parlaient en anglais et ont avancé dans le couloir vers les chambres en tirant sur les gens. Dès qu’ils se sont éloignés, je me suis extrait de ma cachette et J’ai couru vers le bar en traversant le hall. Il y avait des cadavres au sol et du sang… J’ai aperçu une petite porte et je suis entré dans cette pièce qui, je crois, était une réserve. Il y avait un réfrigérateur. J’ai arraché les fils électriques et coupé l’alimentation du frigo derrière lequel je me suis caché. C’’est à  ce moment que J’ai réalisé que je n’avais plus ma serviette. Je suis resté là , pendant ce qui m’a paru une éternité. J’entendais les tirs, les cris… C’’était horrible. Je me disais que ces gens pouvaient être des kamikazes et se faire sauter. à€ un moment, on a ouvert la porte de la pièce o๠J’étais. Je me suis dit que C’’était fini. Je me suis juste levé, J’ai même dit : « Here i am, kill me ». Et on m’a répondu « it’s malian police ». J’ai été pris en charge et on m’a donné des vêtements. J’ai été la troisième personne à  sortir de l’hôtel et J’ai appelé mes proches pour les rassurer. C’’est Dieu qui nous a sauvé ». Diadié Soumaré, entrepreneur malien « J’étais allé faire du sport au Radisson. Aux alentours de 7h, je suis arrivé et je me suis garé sur le parking avant d’apercevoir une 4X4. Un individu avec une kalachnikov en est sorti et s’est dirigé droit vers nous en tirant. Je l’ai vu de face, il avait une écharpe verte, un sac à  dos et une kalachnikov. C’’était un homme relativement jeune, noir de teint, pas très corpulent. Par réflexe, je me suis réfugié dans le parking souterrain. Les bruits de tirs s’intensifiaient et on avait l’impression qu’ils se rapprochaient de nous. Alors, par une issue de secours, je suis montée au 2ème étage. Là , J’ai essayé de rentrer dans les chambres, mais comme je n’étais pas un client de l’hôtel, je n’y avais pas d’accès. J’ai donc choisi d’aller me réfugier sur le toit. Sur place, il y avait un autre Malien qui se cachait. Nous avons échangé pendant un bon moment, ensuite, il a disparu. Mon premier réflexe a été d’appeler une amie de l’ambassade de France qui m’a aussitôt rassuré et demandé de ne pas bouger. J’ai également établi le contact avec les autorités maliennes et françaises et certains ministres ainsi que mes proches. J’ai envoyé des SMS à  presque tout mon répertoire. Sur ce toit, J’ai ensuite rencontré un Suédois qui se cachait et avait la connexion de l’hôtel sur son Ipad. Grâce à  cela, il a pu être localisé par son ambassade. Les consignes étaient fermes, celles de ne pas bouger. Jusqu’aux environs de 16h, nous entendions des déflagrations et étions heureux d’être à  deux pour nous soutenir mutuellement. En même temps, je suivais le fil de la situation sur mon téléphone. Ce qui m’a permis de tenir, ce sont les échanges SMS avec mes proches et les autorités. Mais vers 13h, mon téléphone s’est éteint. Le plus dur dans tout ça, C’’est l’attente. Je suis un croyant et je devais sans doute me trouver là . Moi qui habituellement fais mon sport le soir, ce jour-là , J’ai décidé d’y aller le matin. Ce qui doit arriver arrive toujours. Je me souviens également que lorsque je suis arrivé sur le toit, il y avait un corps allongé, mais je n’y ai pas beaucoup prêté attention. à‰tait-il mort ? Ce n’est que vers 16h30, que nous avons reçu un message nous disant que les terroristes étaient morts et qu’on allait venir nous chercher. Lorsque J’ai signalé la présence de ce corps aux forces de sécurité, ils sont montés fouiller, mais ne l’ont pas trouvé… Une chose vraiment étrange. à‰tait-ce quelqu’un qui faisait le mort ? Je suis en tout cas heureux de m’en être tiré ». Ibrahim Méité, homme d’affaires ivoirien « Je logeais à  l’hôtel o๠je devais rencontrer des partenaires. Tout ce que je peux dire, C’’est que C’’était l’horreur. J’étais enfermé dans ma chambre, je n’ai donc pas vu les assaillants mais je les entendais crier, J’entendais les hurlements des gens et les tirs nourris. Ce qui est arrivé pouvait arriver partout mais il faut aussi dire que côté sécurité C’’était plutôt léger à  l’hôtel. Il faut qu’on prenne la mesure de la menace et que maintenant, on soit plus strict sur les questions de sécurité ». Mohamed Konaté, extra au Radisson Blu « Je n’avais jamais vu un être humain se faire égorger et pourtant J’avais déjà  connu la guerre et ses atrocités en Côte d’Ivoire. Ces gens ont crié « Allahou Akbar », et ont tranché la gorge de ce client, là , sous mes yeux. J’étais caché derrière une porte et par la grâce de Dieu, ils ne m’ont pas vu. Je suis sorti quelques minutes après le début de l’attaque, vers 7h10. Ces gens ont tiré sur tout le monde, J’ai perdu une amie, Awa,(la femme de chambre, ndlr). On se connaissait depuis les bancs de l’école et elle est morte. J’ai eu de la chance parce que je devais prendre mes fonctions 10mn après le début de l’attaque. J’aurai pu être en haut avec mes collègues et Dieu seul sait ce qui ce serait passé. Avec mon chef, nous avons prêté main forte aux militaires toute la journée. Je ne me voyais pas rentrer chez moi. Il fallait que J’aide, que je fasse quelque chose. Les militaires maliens ont sauvé beaucoup de personnes, leur travail a permis de sortir les otages au fur et à  mesure qu’ils prenaient le contrôle de l’hôtel. Moi, J’arrive maintenant à  dormir. Les images de cet homme et des corps s’estompent un peu. Mais je suis inquiet. Je me demande o๠sont les autres assaillants, parce que mes collègues et moi sommes certains qu’ils étaient plus de deux dans l’hôtel. Il faut qu’on les retrouve ». X, sapeur pompier « Je n’oublierai jamais ce que J’ai vu. Il y avait tellement de sang ! Ils ont tué les gens à  bout portant, certains corps sont dans un état difficile à  décrire. Je ne peux pas comprendre comment des êtres humains peuvent faire ça. En tout cas, je suis sûr que maintenant, nous allons prendre cette affaire plus au sérieux. Ces gens sont prêts à  tout et nous aussi nous devons être prêts pour les contrer ».