Attentat contre l’ambassade de France : la main d’Aqmi?

Le Sahel est devenu une zone dangereuse pour les Français. En août 2009 à  Nouakchott, capitale de la Mauritanie, un…

Le Sahel est devenu une zone dangereuse pour les Français. En août 2009 à  Nouakchott, capitale de la Mauritanie, un jeune homme s’était fait exploser près de l’ambassade de France, blessant légèrement deux gendarmes français et une Mauritanienne. Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) avait revendiqué cet attentat dans lequel le kamikaze mauritanien avait péri. l’incident intervenu mercredi soir à  Bamako semble différent, dans la mesure o๠la bonbonne de gaz n’a pas été actionnée, contrairement aux premières infos diffusées, et le terroriste n’avait visiblement pas l’intention de se suicider. Dans un communiqué officiel de quelques phrases, le ministère malien de la Sécurité a simplement annoncé hier dans la soirée: «Vers 19 heures (GMT) ce mercredi, un individu de nationalité étrangère a fait exploser une bonbonne de gaz devant l’ambassade de France à  Bamako, faisant deux blessés légers parmi les passants». «L’individu également armé d’un pistolet n’a pas pu faire usage de son arme. Maà®trisé par les forces de sécurité, il est actuellement interrogé par la brigade anticriminelle de Bamako», a ajouté le ministère. Cet homme «de nationalité tunisienne», «s’est revendiqué d’Al-Qaà¯da» devant les policiers. Des dispositions sécuritaires ont été prises et par prudence, le Lycée français n’a pas ouvert aujourd’hui. l’information a bien entendu vite fait le tour de la capitale, et tous se posent la même question : comment est-ce possible et de quoi cela augure-t-il ? Acte isolé ou attentat planifié ? En se revendiquant d’AlQaida, l’auteur de cette attaque laisse peu de doutes sur ses intentions. La France avait été maintes fois menacée ces derniers temps par la nébuleuse terroriste, notamment depuis son intervention militaire sur le sol malien en juillet 2010 pour faire libérer Michel Germaneau, otage français détenu par Aqmi. Les appels à  frapper des intérêts français dans le monde s’étaient multipliés, sans que la France n’ait cédé à  aucune des revendications, qui portaient notamment sur l’abrogation de la loi qui interdit la burqa dans les lieux publics. Cela dit, l’attentat d’hier n’a pas encore été revendiqué officiellement par Aqmi. Alors, l’homme qui dit se nommer Sennoun Béchir est-il un éclaireur ? l’homme est-il tout simplement un malade qui a voulu se faire remarquer à  travers un coup d’éclat ? L’ambassade de France était-elle spécifiquement visée ? Ou était ce juste un test pour évaluer le dispositif sécuritaire existant ? Ou encore cette explosion a-t-elle un lien avec l’affaire des otages français retenus dans le nord-est du Mali par Aqmi? Le climat actuel pousse à  prendre en considération toutes ces options. Le Mali, indexé comme le maillon faible dans la lutte contre les réseaux terroristes, vient une nouvelle fois de faire parler de lui. Coà¯ncidence ou pas, le président de la République se rend aujourd’hui au Nord du pays, à  Tombouctou, pour l’ouverture du Festival du désert. Il s’agissait pour Amadou Toumani Touré de montrer que la situation était sous contrôle et que la sécurité était garantie dans cette partie du pays, devenue depuis quelques années, fief des narcotrafiquants et autres islamistes preneurs d’otages. Occasion ratée de rassurer les touristes et autres étrangers qui rechignent désormais à  se rendre au Mali, placé sur liste rouge par certains pays occidentaux. La situation ne risque en tout cas pas de s’améliorer et tout le monde attend la réaction des autorités, qui n’ont pas intérêt à  prendre à  la légère un évènement qui veut en tout cas dire une chose : la menace est dans nos murs, définitivement.