Attention à ta djakarta!

Il ne se passe pas un jour sans qu'on ne conte une histoire de vol d'un de ces innombrables bolides…

Il ne se passe pas un jour sans qu’on ne conte une histoire de vol d’un de ces innombrables bolides dans un domicile, un service public ou privé, une école ou tout simplement dans un lieu public. Les voleurs professionnels sont désormais comme concurrencés par des amateurs au grand dam des propriétaires de motos. Pourquoi les voleurs de Djakarta sont-ils aussi culottés ? Quel est leur mode opératoire ? Pourquoi la police semble-t-elle avoir du mal à  maà®triser le phénomène ? Voilà  des questions auxquelles les Bamakois n’ont peut-être pas de réponses. Si la plupart des quartiers de Bamako sont victimes des voleurs de motos Djakarta, Kalabancoro, un gros quartier de la périphérie, semble détenir la palme en la matière en raison de sa position géographique et du petit nombre de rondes policières. Les voleurs qui y opèrent ne semblent pas du tout inquiétés. C’’est pourquoi, ils ont même le toupet d’opérer en plein jour en faisant souvent usage d’armes à  feu. Il n’y a pas longtemps, une rue de Kalabancoro Sanga a ainsi été secouée par une série de vols de motos Djakarta. « Ma moto a été enlevée une nuit. Les voleurs ont coupé la serrure du magasin pour partir avec l’engin. C’’étaient de vrais professionnels qui ont dû utiliser du matériel sophistiqué. C’’est le matin que je m’en suis aperçu lorsque je m’apprêtais à  aller au travail. J’ai été très choqué. à€ la veille du vol, J’ai fait laver proprement ma moto et si je savais que je ne la reverrais plus …. », témoigne FK. Les jours qui ont suivi, les voleurs ont enlevé trois autres motos au domicile de FK. Le dernier vol s’est produit en plein jour. Le voleur est entré dans la cour et a enlevé avec sang-froid l’engin tandis que les femmes étaient occupées à  leurs tâches ménagères. « Avec cette série des vols de motos, nous avons pensé que notre maison était frappée d’une malédiction. Les uns avaient commencé à  soupçonner les autres et l’atmosphère était devenue délétère », raconte FK. Dans la même semaine, les voleurs ont opéré dans une autre famille de la même rue. Ils y ont enlevé deux Djakarta pendant que leurs propriétaires dormaient à  poings fermés. Les habitants de Kalabancoro sont aujourd’hui exaspérés. « Dans notre quartier, les voleurs ne sont nullement inquiétés parce qu’ils sont sûrs de ne jamais croiser une patrouille de la sécurité. Je peux dire que nous sommes à  la merci des voleurs », s’indigne un chef de famille à  Kalabancoro Sanga. INCAPABLE. l’unique poste de gendarmerie du secteur semble être incapable de faire peur aux voleurs de motos. Il a reçu plusieurs dépositions de vols de motos, très peu d’engins ont été retrouvés. “Ma moto a été volée, il y a deux mois. J’ai fait une déposition au poste de gendarmerie du quartier, mais après je n’ai reçu aucun écho. Je n’espère plus retrouver mon engin ”, raconte un jeune du quartier. Un responsable de la brigade territoriale de la gendarmerie de Kalabancoro tente de mettre un bémol aux critiques des populations. Les patrouilles multipliées ces derniers temps, assure-t-il, ont bel et bien permis de baisser le nombre de vols des motos à  Kalabancoro. Notre interlocuteur admet tout de même qu’il y a eu plusieurs vols de motos dans le secteur pendant les mois de tabaski et de fin d’année. « C’’est à  la veille des fêtes que nous avons reçu plusieurs cas de vols de motos avec agressions sur la route et à  domicile », note-t-il. Le commissariat de police du 15è arrondissement en Commune VI du district de Bamako a également reçu plusieurs plaintes de vols de Djakarta. “Notre commissariat enregistre à  la fin de chaque semaine 5 à  6 déclarations de pertes de motos Djakarta ”, indique le commissaire Oumar Samaké. l’officier de police constate que les voleurs opèrent très souvent au niveau des carrefours, des stations d’essence, des immeubles en location ou encore dans les quartiers périphériques. Pourquoi les voleurs visent-ils invariablement les motos Djakarta ? Le responsable de la brigade territoriale de la gendarmerie de Kalabancoro avance une explication simple : la Djakarta est très facile à  écouler sur les marchés locaux. C’’est aussi l’opinion du commissaire de police Oumar Samaké. l’un et l’autre pointent la prolifération de ces engins qui facilite leur revente, en l’état ou très souvent en pièces détachées écoulées sur les différents marchés de la place dont les plus connus sont le marché Dibida et le marché de Médine. Nous avons souhaité rencontrer des voleurs de motos Djakarta, mais nous n’avons pu en voir aucun ni à  la Brigade territoriale de Kalabancoro ni au commissariat de police du 15è arrondissement. Ce n’est donc pas tous les jours que les forces de l’ordre mettent la main au collet des voleurs. Comment donc éradiquer les vols de motos Djakarta dans la capitale ? Le commissaire de police du 15è arrondissement n’a pas de recette miracle mais un ensemble de préconisations classiques : mieux équiper les agents d’intervention, renforcer les patrouilles et sensibiliser les populations à  dénoncer les voleurs. Le remède n’est pas foudroyant mais d’une efficacité avérée à  moyen terme.