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Axe Sévaré – Gao : la route de l’insécurité 

Le voyage peut être un plaisir, il est aussi souvent une nécessité. Mais depuis la crise multiforme de 2012 jusqu’aujourd’hui,…

Le voyage peut être un plaisir, il est aussi souvent une nécessité. Mais depuis la crise multiforme de 2012 jusqu’aujourd’hui, l’axe Sévaré – Gao sur la route nationale n°16 est surtout un passage à grand risque, et sur tous les plans.

Long de 573 km l’axe Sévaré-Gao, ouvert à la circulation en 1986, est plus que jamais dégradé. Avant même la crise de 2012, ce long tronçon aux millions de crevasses n’encourageait personne à l’emprunter. Ce ne sont pas les passagers qui diront le contraire, ni les compagnies de transport qui peinent à assurer la pérennité de leurs véhicules sur des routes extrêmement abîmées. Outre les questions de sécurité routière dues au mauvais état de la route, il se pose depuis la guerre au nord la question de la sécurité tout court, avec la multiplication des braquages, enlèvements de véhicules, et pire, la présence d’engins explosifs (mines) qui menacent chaque véhicule de transport en commun, comme particulier. Wassama Soumeïlou Maïga a quitté Gao il y a une semaine dans l’autobus de Bani Transport, l’une des rares compagnies qui continue de relier Bamako aux villes du nord du pays. « La route était vraiment mauvaise de Gao jusqu’à Konna », nous confie-t-il. « On avait fait des déviations avant de reprendre ce qui reste de la route », ajoute-t-il, l’air fatigué. Aujourd’hui les passagers voyagent la peur au ventre car à tout moment la mort peut surgir sans avertir. L’explosion d’une mine sur l’axe Gao – Gossi le 19 février 2017 sous un bus de Nour Transport, faisant 1 mort et 14 blessés, est encore vivace dans les esprits.

Sans fin L’impact sur les revenus économiques des populations du Nord et usagers est non négligeable, les compagnies ayant augmenté leurs tarifs pour pouvoir rester à flot. « La route est mauvaise, et cela pousse certaines compagnies à mettre, sur ce tronçon, des vieux cars » raconte Housseini Ag Yehia, un passager de la compagnie Tilemsi, qui vient de faire le trajet Gao – Bamako en plus de 72 heures. Au grand désarroi des passagers, dont nombreux sont ceux qui ont opté pour la voie aérienne. Avec les avions de la MINUSMA, « le calvaire c’est pour les autres ». C’est le sentiment d’Ahmed Mohamed, passager de SONEF. Comme tous les habitants et ressortissants des localités au-delà de la ligne médiane de Mopti – Konna, il attend désormais que les travaux maintes fois annoncés pour la réhabilitation de ce tronçon démarrent. Sauf que les conditions de sécurité actuelles hypothèquent fortement la réalisation du projet. Comme un serpent qui se mord la queue…