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Bako Dagnon, la voix puissante de l’histoire malienne

Au contraire, lorsqu'après deux chansons et une interruption obligée, la musicienne revient sur scène, la voix semble encore plus chaude…

Au contraire, lorsqu’après deux chansons et une interruption obligée, la musicienne revient sur scène, la voix semble encore plus chaude et les applaudissements du public redoublent d’intensité. Pour le premier de ses cinq concerts dans le cadre du festival Paris Quartier d’été, le public se laisse emporter par les rythmes du djembé. Peu à  peu, le parterre entier se met à  danser. Certains admirateurs grimpent sur scène pour embrasser la dame à  la voix de diva. Alors que son manager lui fait signe d’arrêter, Bako Dagnon prolonge la fête avec trois morceaux. Le bus attendra. Au Mali, pays de tradition orale, les griots sont des passeurs de mémoire. Héritière de l’une des plus prestigieuses lignées du griotisme mandingue, Bako Dagnon est une encyclopédie. Avec une connaissance érudite de l’histoire des vingt-sept ethnies du pays et des chansons ancestrales, l’artiste perpétue la tradition avec panache. Beaucoup de musiciens maliens, à  l’instar de Toumani Diabaté ou Ali Farka Touré l’ont d’ailleurs consultés à  plusieurs reprises, afin d’apprendre des chansons ancestrales ou d’en éclairer le sens. Mais la musique de Bako Dagnon n’est pas une simple récitation de ses connaissances expertes. C’est avec sa voix puissante et agile qu’elle séduit l’audience parisienne, qui ne saisit pas le sens mais ressent l’authenticité de cette musique. Malgré des prestations admirées, Bako Dagnon n’avait enregistré que cinq cassettes au Mali. Il a fallu attendre 2007 pour écouter son premier album, qui s’ouvre au rythme de la salsa. L’histoire rencontre une modernité scrupuleusement choisie, la chanteuse n’empruntant des voies nouvelles – album, scène internationale, arrangements de François Bréant – que pour mieux transmettre une tradition ancestrale : « Je ne veux pas le mélange qui ne colle pas à  notre tradition et qui en dénature le sens, le contenu et même les messages « , insiste-t-elle. Celle qui se décrit avant tout comme une éducatrice affirme que « des danseuses avec des pantalons jeans et autres ne sont pas des exemples à  suivre. Je demande aux jeunes artistes et griots de revenir à  la tradition, ça se vend plus et c’est rentable pour vous et pour le pays », affirme-t-elle, dans un mélange d’intégrité et de pragmatisme. Sorti en 2009, Sidiba, le deuxième album de la grande dame, confirme qu’après quarante ans de carrière, l' »Aretha Franklin de Bamako » prend son envol sur la scène internationale.