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Ballan Diakité : « Ce n’est pas un simple dialogue qu’il faut, mais un débat national »

La semaine dernière, le Président de la République a reçu le chef de file de l’opposition, l’Honorable Soumaila Cissé, son…

La semaine dernière, le Président de la République a reçu le chef de file de l’opposition, l’Honorable Soumaila Cissé, son challenger lors des deux dernières présidentielles. Un geste pour décrisper le climat politique. Mais que vaut cette rencontre ? Ballan Diakité, analyste politique au CRAPES, la décode.

Quel sens peut-on donner à cette rencontre ?

Donner un sens à cette rencontre c’est voir si elle peut nous fournir des éléments de réponse à la crise sociopolitique. On a assisté à un simple jeu de langage entre un ainé et son cadet. La rencontre devait réunir un Président de la République et le chef de file de l’opposition. Elle ne répond pas au problème de légitimité du Président IBK, longtemps contesté par Soumaila Cissé. Dire j’ai été reçu par mon ainé, n’est-ce pas une manière de refuser de dire j’ai été reçu par le Président ?  Ce fut un coup de communication politique, car, depuis la dernière élection présidentielle, Ibrahim Boubacar Keita et Soumaila Cissé semblent être en perte de vitesse en termes de la visibilité. L’omniprésence de Soumeylou Boubeye Maiga « efface » IBK. Et Soumaila aussi l’est depuis quelque temps. C’est une manière d’affirmer leur existence aux yeux d’autres acteurs, notamment le Premier ministre et les religieux, qui ne cessent d’influencer le jeu politique.

Que va-t-elle changer ?

Elle ne changera rien. Les enjeux sont ailleurs. Ce n’est pas d’un salon présidentiel qu’on va résoudre les problèmes cruciaux de ce pays, d’un tour de magie. Il faut aller sur le terrain. Il y a une crise de démocratie, les opinions des populations ne sont jamais prises en compte. Il faut leur donner la possibilité de parler, de dire ce qu’elles pensent. Ce qu’il faut, ce n’est pas un simple dialogue, mais un débat national. Que la parole soit donnée à un vendeur de couscous, à un chauffeur de Sotrama, à un chef de village dans un coin reculé. En France, le Président Macron fait un débat national. Pourquoi notre Président ne ferait-il pas de même ? 

IBK prévoit aussi de rencontrer « ses autres frères ». Pourquoi maintenant ?

Parce qu’actuellement ce qui fait débat c’est la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation. IBK en est à son deuxième mandat et n’a pas l’ambition d’en briguer  un  autre. Ce qui lui donne  quelque audace pour aller à la rencontre d’autres personnalités.

Est-ce que l’opposition pourrait être intéressée à entrer au gouvernement ?

Je ne saurais répondre. Mais au regard des propos de Soumaila Cissé ou Tiebilé Dramé, ils demandent un dialogue national, une politique de consensus. Cela peut sous-entendre un gouvernement de consensus.