Bamako : difficile d’être vendeur ambulant

Ils se faufilent tels des contorsionnistes entre les véhicules stationnés devant les feux tricolores du boulevard de l'indépendance à  Bamako.…

Ils se faufilent tels des contorsionnistes entre les véhicules stationnés devant les feux tricolores du boulevard de l’indépendance à  Bamako. Ils n’ont d’yeux que le gain. Ils viennent de partout et de milieux différents. Certains sont des élèves ayant décidé de mettre les vacances scolaires à  contribution pour gagner de quoi se prendre en charge à  la rentrée. D’autres sont des produits de l’exode rural désireux de s’offrir une place au soleil dans la capitale Malienne ou de collecter des fonds pour financer un voyage en Afrique centrale voire pourquoi pas l’Europe. Les marchands ambulants sont en vérité des spécialistes du déstockage. Ils proposent aux automobilistes et autres passagers nombre de produits toujours en adéquation avec le temps. En ces moments de carême, ils commercialisent des tapis de prière, des chapelets, des dattes et des chéchias. l’hivernage aidant, les essuie-glaces se vendent comme de petits pains ainsi que les parapluies. Approché, Hansary, casquette bien vissée, avoue « faire ce travail pour joindre les deux bouts mais franchement C’’est difficile de porter des kilos de bagages sous le soleil et devoir courir à  chaque instant pour convaincre les clients qui ont moins d’une minute pour se décider. Avec le ramadan, notre travail est plus dur. Moi, je ne peux pas me rafraichir or je fais à  pied une dizaine de kilomètres par jour et parfois pour des recettes dérisoires ». Boua, originaire de San, est élève. Il porte des chapelets au cou, des tapis de prière sur la tête et des porte-documents à  la main. Essoufflé par une longue et vaine course-poursuite, il s’affale sur le trottoir et lâche « J’ai cru que la dame allait prendre le spiderman » pour son enfant mais elle a refusé et dire que je l’ai poursuivie sur plus de deux cents mètres. Les clients ne pensent pas au supplice qu’ils nous font subir. Entre la faim, la chaleur et les maigres recettes, il ne fait pas bon d’être ambulant en ce mois de carême ». Monsieur Kipsy Bayor, fonctionnaire en poste à  l’intérieur du pays, regarde les marchants ambulants l’air hébété. Il avoue « ne rien comprendre à  ce spectacle qui doit intriguer les autorités. Ces jeunes sont braves. Pour gagner leur vie, ils bravent la circulation, le soleil et le risque de se faire chiper leurs marchandises. Je suis à  l’intérieur mais ce cliché n’existe que dans la capitale Malienne. Je crois que l’Etat se doit de les organiser pendant qu’il est encore temps pour éviter que la route ne soit le bureau de tous les sans-emploi de Bamako ». En attendant que l’Etat pense à  eux, les marchands ambulants s’emparent des grands carrefours de la ville dans l’espoir de faire de bons chiffres d’affaire.