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Basket-ball : Le Mali sur le toit de l’Afrique

Le Mali est Champion d’Afrique. Cette phrase, qui sonne comme une douce mélodie à l’oreille des Maliens est devenue quasi…

Le Mali est Champion d’Afrique. Cette phrase, qui sonne comme une douce mélodie à l’oreille des Maliens est devenue quasi quotidienne. Dernière date, le samedi 12 août 2017. Pour la cinquième fois d’affilée, l’équipe cadette féminine a remporté l’Afrobasket U-16. Le Mali est la seule équipe à avoir inscrit son nom au palmarès de cette compétition depuis ses débuts, en 2009. Pourquoi tous ces titres ? Qu’est ce qui place le basket malien au-dessus de l’Afrique ? Plongée dans l’univers de ce sport qui, sans faire énormément de bruits, s’impose comme la discipline de référence au Mali.

Place au spectacle. C’est ce vendredi que débute le 25ème Afrobasket senior féminin. Neuf jours de compétition pour déterminer la Championne d’Afrique et les équipes africaines (2) pour le prochain Championnat du monde.  Le pays va vibrer au rythme des passes perforantes, des rebonds captés à l’arraché, des shoots à trois points et des tirs au buzzer (dernière seconde). C’est la deuxième fois, après 2011, que le Mali organise l’Afrobasket. Cette année-là, les Aigles dames avaient échoué aux portes de la finale et fini troisièmes de la compétition. Une place que l’équipe entend améliorer pour trôner sur le toit de l’Afrique. « Gagner cette compétition, c’est l’objectif. On va se répéter, mais tout le monde le sait, nous sommes à Bamako, c’est un fait. Il y a aussi des places pour le Championnat du monde, donc il faudra au moins être en finale. Mais y être ne suffira pas, ni pour nous, ni pour le pays » assure Touty Gandega, qui a joué pour la sélection junior de la France et qui va disputer son premier Afrobasket. L’entraineur français de l’équipe, Sylvain Lautier, préfère rester prudent et ne pas trop présumer des capacités de l’équipe. « Il faut déjà gagner le premier match (contre la Tunisie), avant de penser à gagner la compétition. Nous l’aborderons match après match. Essayons d’être concentrés sur cet objectif » tempère-t-il.

L’équipe dispose pourtant de capacités qui donnent à espérer, un alliage générationnel entre de nouvelles venues et des rescapées de la campagne victorieuse de 2007. Une association de physique et d’explosivité, d’expérience et de fougue qui devrait faire des étincelles. Néanmoins, la route vers un éventuel sacre sera longue. Elle passera par des concurrents féroces, comme le Sénégal (tenant du titre) ou encore l’Angola, qui viseront une énième victoire. « Nous avons une triple pression : jouer à domicile, 10 ans après le titre remporté au Sénégal, et les trophées décrochés par les jeunes. Cela fait deux mois que nous nous préparons. Nous avons joué deux matchs amicaux pour deux victoires, donc tout va bien pour le moment », analyse la capitaine de l’équipe, Meiya Tirera.

Quart temps 1 : Le pourvoyeur de titres

Veni, vidi, vici. Telle pourrait être la devise des équipes maliennes, tant leur parcours dans les différentes compétitions de jeunes est conquérant. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Le Mali a remporté 14 trophées en basket (6 chez les juniors, 5 en cadets, 1 chez les seniors, 1 médaille d’or lors des Jeux africains, pour les filles, et 1 chez les cadets garçons).  Le dernier, remporté en juillet, est le premier de l’histoire pour une équipe masculine de basket au Mali. « Le secret de la réussite, c’est le travail. Nous avons mis un accent particulier sur la formation des formateurs. Nous nous sommes dit que pour que les enfants apprennent mieux il fallait que les entraineurs soient au top » explique Jean-Claude Sidibé, Président de la fédération malienne de basket ball, qui, depuis sa prise de fonction en 2014, organise chaque année des camps de formation pour les entraineurs. Au moins quinze stages (entraineurs et arbitres) ont été organisés en l’espace de trois ans. Et le résultat est probant. Les équipes de jeunes du Mali planent littéralement au-dessus de leurs adversaires, qui ne peuvent que constater, impuissants, les nombreux succès des Maliens. « Il n’y a que l’Égypte qui arrive un peu à titiller le Mali, mais elle ne tient pas physiquement face aux nôtres. L’équipe du Mali fait peur, elle a un ascendant psychologique sur ses adversaires et les victoires le montrent bien » soutient Massiré Tounkara, administrateur du site Basket Mali.

QT2 : Le meilleur vivier d’Afrique   

Depuis 10 ans, le Mali est la seule nation africaine à avoir participé à toutes les Coupes du monde dans les catégories jeunes. Lors du récent sacre des U-16 garçons en juillet, le coach avait à sa disposition 230 jeunes joueurs pour 12 places. « Les garçons n’avaient encore rien prouvé. Nous avions besoin de changement et, au final, le résultat parle pour nous », justifie l’entraineur des Champions, Mamoutou Kané.  Dans le groupe figurait un jeune qui s’est particulièrement illustré lors de la compétition. Siriman Kanouté, MVP et meilleur marqueur (198 points) de la compétition. Bien avant la finale face à l’Égypte, qu’il a grandement contribué à remporter, il avait déjà attiré l’attention des observateurs grâce à un match XXL face à l’Ile Maurice. Un double – double monstrueux (dix unités ou plus dans deux catégories de statistiques différentes) de 50 points et 11 interceptions, auxquels il faut ajouter quatre passes décisives. Juste stratosphérique. Une performance digne des plus grands. « Le Mali est un pays de basket, il suffit de faire un tour en ville pour voir le nombre de jeunes qui pratiquent ce sport. Ce sont des jeunes qui vont ensuite disputer les différentes coupes. Il n’y a aucun moyen de les arrêter. C’est assez logique que nous soyons au- dessus en Afrique et je ne vois aucune nation africaine surpasser le Mali dans les années à venir », souligne Sega Kanouté, père du jeune Siriman et ancien international malien.

Conscient de l’émergence de véritables diamants bruts,  des recruteurs américains étaient en prospection ici il y a de cela quelques mois pour évaluer les talents. « Ils ont décidé de venir s’installer au Mali pour trois ans parce qu’ils ont jugé que le potentiel du Mali était inégalé. En outre, nous sommes des Sahéliens, donc très grands. C’est un très énorme atout » assure le président de la FMBB.

QT3 : Des centres formateurs

Il a été crucial dans les campagnes victorieuses de nos différentes équipes. Selon le DTN du basket, Alkaya Touré, il y en aurait plus de 150 dans tout le pays. « Tous ceux qui n’ont pas été dans un centre de formation très tôt ne peuvent pas prétendre atteindre le sommet et devenir professionnels. Aujourd’hui, les enfants vont très vite dans les centres pour apprendre, et, forcément, lorsqu’ils grandissent, ils atteignent l’élite », ajoute-t-il.  Promoteur du Centre Alkaya Touré (CAT), qui opère depuis 1995, il a formé près de 2 500 jeunes. La championne d’Afrique 2007, Fatoumata Bagayoko, mais aussi Nassira Traoré, qui a participé aux Jeux Olympiques de Pékin de 2008, en sont notamment issues. « Les derniers résultats du Mali sont les fruits des centres » renchérit Touré.  S’il a été pionnier en la matière, dans son sillage plusieurs autres ont vu le jour. Le Centre Faso Kanu a débuté ses activités en 2005. Il accueille entre 200 à 250 jeunes par an, des filles pour la plupart, et impose des conditions de travail « spartiates » à ses aspirantes. La rançon de la gloire, pourrait-on dire. « Chaque jour sans exception c’est entrainement de 15 h à 22 h, même si les conditions météorologiques ne s’y prêtent pas. Nous voulons que les jeunes fassent preuve d’une grande volonté pour réussir » se réjouit Ali Traoré, promoteur du centre. « Actuellement, neuf de nos jeunes sont aux États-Unis » confie-t-il fièrement.

QT4 : Le revers de la médaille   

Malgré les nombreux succès et les ambitions affichées, tout n’est pourtant pas rose dans le monde du basket ball malien. « Ces succès sont pour moi l’arbre qui cache la forêt. Nos clubs connaissent une période de disette qui devient pesante », relativise Tounkara. Depuis 2008, autant dire une éternité, aucun club malien n’a en effet participé à une compétition africaine. Dans les sélections nationales masculines, n’eut été la récente victoire chez les cadets, le passage à vide était assez inquiétant. « Pour la plupart, les garçons viennent au basket lorsqu’ils savent qu’ils n’ont pas la chance d’être footballeurs. De fait, il leur manque les notions de base » explique le DTN. Chez les seniors, le constat est encore plus dramatique. Plusieurs joueurs refusent pour l’heure d’honorer l’appel à la sélection, car l’entraineur de l’équipe n’est pas un étranger. « Nous avons toutes les peines du monde pour faire venir les joueurs. Un seul, sur sept, a confirmé sa venue. Nous allons continuer à travailler pour prouver que nos techniciens locaux peuvent faire le boulot » espère le Président Sidibé. Une situation qui n’éteindra pas les ambitions maliennes pour l’Afrobasket senior masculin du mois prochain, espère-t-il.