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Bienvenue dans la République bananière du Mali

Entre la République Bananière de Kati et la République hôtelière du Salam, il y a 15km. Pour ceux qui n'ont…

Entre la République Bananière de Kati et la République hôtelière du Salam, il y a 15km. Pour ceux qui n’ont pas compris grand chose à  cet Accord Cadre signé entre la junte et la Cédéao, il y a plusieurs niveaux de lecture. Et les Maliens sont entrain de s’en rendre compte. Chaque jour qui passe, montre une omniprésence de la junte dans les affaires du pays. «Â J’ai les forces armées… », déclarait le capitaine Amadou Sanogo, chef suprême dans son royaume de Kati à  nos confrères du Républicain. De Kati, les ordres continuent à  pleuvoir. Les nominations se poursuivent et les communiqués du CNRDRE pleuvent sur la télévision nationale… en langue bambara s’il vous plaà®t. Le capitaine Sanogo continue de s’adresser aux Maliens en faisant fi de la légalité constitutionnelle et avec l’aval de la CEDEAO. Dernière démonstration de la junte, l’arrestation en cascade ce mardi 17 Avril de personnalités politiques dont l‘ancien Premier ministre Modibo Sidibé, ou celle plus musclée de Soumaila Cissé, blessé et en soins à  l’hôpital de Kati. OnT suivi, Bani Kanté, un ancien conseiller à  la présidence et représentant des intérêts libyens au Mali tout comme un général de gendarmerie; «Â Pourquoi le capitaine ne respecte t’il pas la Constitution et les accords signés ? Il n’a qu’à  attendre son heure et le moment venu, au terme des 40 jours, il pourra se prononcer à  nouveau », commente un bamakois excédé. Entre la constitution malienne et l’Accord Cadre, il y a mélange des genres dans la pratique institutionnelle. La junte en acceptant de signer l’Accord Cadre joue sur les nerfs du peuple, tandis que le président par Intérim joue une course contre la montre face à  l’urgence du nord. La rencontre de Ouagadougou a elle abouti à  une déclaration vide, qui se répète et convoque une concertation des forces vives pour poursuivre la discussion sur les modalités de la transition. Passons ! Dioncounda Traoré peut-il se permettre de prendre part aux gesticulations de la junte à  Bamako en se mêlant de ses manœuvres politiciennes. En dépêchant un émissaire à  Nouakchott, pour mobiliser la Mauritanie dans la négociation avec les envahisseurs du nord, il a plutôt amorcé un début de solutions qui pourrait être compromis par les coups d’éclat du CNRDRE. D’un autre côté, le consensus voulu par tous autour de Dioncounda semble bien fragile. Durée de la transition ? Les partis politiques et la société civile ne sont pas d’accord. En attendant le retour total et définitif à  l’ordre constitutionnel, la junte du capitaine Sanogo semble décidée à  montrer les muscles au peuple malien. Bienvenue dans la République Bananière du Mali.