Billet : Tabaski 2012, au nom du bélier

C'’est le vendredi prochain que la communauté musulmane va célébrer l'Aà¯d -el- Kebir, prosaà¯quement appelé la fête des moutons. La…

C’’est le vendredi prochain que la communauté musulmane va célébrer l’Aà¯d -el- Kebir, prosaà¯quement appelé la fête des moutons. La semaine pourrait bien s’appeler la semaine du mouton. Difficile d’être chef de famille à  cette approche de la fête. Surtout par ces temps de crise o๠la conjoncture est jugée difficile par les surenchères de toutes sortes. Loin s’en faut. En effet Le challenge est grand pour les chefs de famille : il faut perpétuer le sacrifice d’Abraham pour témoigner sa bonne foi au bon Dieu. A cet exercice, chacun y va de sa manière. D’aucuns le font pour se rapprocher davantage de Dieu. D’autres par snobisme cherchent le plus gros et gras mouton de la rue ou du quartier pour se faire remarquer. Pourtant les préceptes coraniques sont clairs : il n’est guère fait obligation à  un fidèle qui n’a pas les moyens. Aucun sacrifice n’est de trop Pris en sandwich par les femmes qui réclament à  cors et à  cris l’argent pour les habits de fête des enfants et ces derniers qui attendent impatiemment le mouton de fête pour relever la tête face à  leurs amis du coin qui s’affichent ostensiblement avec leur beau bélier. Il faut faire feu de tout bois pour satisfaire les desiderata de sa famille. C’’est le cas Mamadou, un de ces Maliens moyens qui arpentent les rues et quartiers à  la recherche de la pitance quotidienne. Le pauvre ne dort presque pas depuis quelques jours, obnubilé qu’il est, par l’idée d’acheter l’animal de sacrifice. Pas besoin de réveil, il s’arrache de son lit aux aurores de lui-même. Une fois dans la rue, comme un fou, il s’engage dans un soliloque en vue de tracer tous les plans possibles pour arriver à  sa fin. A la vue des béliers si proches mais si loin, il devient furax contre les vendeurs de moutons qui écument les marchés et les quartiers de la capitale. Car, maugrée-il, ce sont des cafres qui en rajoutent à  la souffrance des gens. Allusion faite par lui au prix toujours élevé des prix nonobstant les efforts du gouvernement. Il dévie autant que faire qu’il peut les chemins qui passent par les marchés à  bétail. Faut-il aller jouer au pickpocket au grand marché en proie un charivari indescriptible ? Faut-il jouer au faux marabout au coin de la rue pour plumer quelques pigeons en quête de formules miraculeuses ? O๠faut-il tout simplement aller nuitamment enlever subrepticement dans une famille l’animal de toutes les convoitises ? Autant de questions qui passent par la tête de Mamadou. Comme quoi au nom du mouton de fête, tous les coups sont permis !