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Blaise, dégage !

La mobilisation ce matin à  Ouagadougou, la capitale burkinabè a dépassé de loin toutes celles qu'on a pu voir ces…

La mobilisation ce matin à  Ouagadougou, la capitale burkinabè a dépassé de loin toutes celles qu’on a pu voir ces dernières années. Les Burkinabé sont sortis nombreux ce mardi 28 octobre pour protester contre le projet de modification de l’article 37 du président Blaise Compaoré et pour demander une alternance au pouvoir du Burkina Faso. « Blaise dégage pendant qu’il est temps! » « Blaise = Ebola! », « Touche pas à  ma constitution! »,  » Blaise, 27 ans, ça suffit », sont quelques uns des slogans visibles parmi la foule à  Ouagadougou. Une véritable marée humaine a envahi les artères du pays des hommes intègres vers la place de la Nation, déterminés cette fois à  ne pas se laisser conter fleurette. La mobilisation conduite par les principaux leaders de l’opposition que sont Zéphirin Diabré, chef de file, Benewendé Sankara ou encore Roch Marc Christian Kaboré du mouvement populaire pour le progrès, a réussi le pari fou de réunir plus d’un million de personnes dans les rues selon les organisateurs. De la place de la Nation, la marée humaine s’est dirigée sans heurts ni incidents vers la Cathédrale, puis l’avenue Kwamé Nkrumah pour débuter la protestation qui a pris une ampleur nationale. Des opposants ont ensuite tenté de se diriger vers l’Assemblée nationale mais en ont été empêchés par la police, qui a tiré des grenades lacrymogènes. Les manifestants ont incendié des pneus et jeté des pierres au cours de cette confrontation survenue sur le rond-point des Nations unies. »Notre marche est déjà  un succès énorme, phénoménal », a affirmé Zéphirin Diabré, le chef de file de l’opposition. Très colorés et bruyants, sifflets et vuvuzelas constamment à  l’œuvre, les protestataires arboraient des milliers de pancartes hostiles au régime : « 27 ans, c’est assez », « Judas, libérez les lieux », « Blaise dégage » ou encore « Article 37 intouchable ».Notre lutte est entrée en phase finale. Maintenant, ça passe ou ça casse, la patrie ou la mort », a lancé Zéphirin Diabré, pour qui « le changement est maintenant ou jamais ». « C’est le dernier avertissement que nous lançons à  Blaise Compaoré pour qu’il retire dès aujourd’hui » le projet de loi de modification de la Constitution, a-t-il affirmé. Dans les autres villes du pays, les burkinabès ont aussi manifesté leur refus du projet de modification constitutionnelle à  tel point que certains, très en colère, ont démantelé une statue du président Compaoré, à  Bobo Dioulasso. Un signe du ciel ? Du reste, affirme l’un des leaders de l’opposition : « Blaise doit retirer son projet de loi à  l’Assemblée’, puisque le peuple aura montré avec détermination son refus. Sur les réseaux sociaux, les commentaires vont bon train :  » Les sentiments ont trop duré pour les Burkinabé. Les manifs en cours dans les rues de Ouaga portent à  croire que le président Blaise a prématurément scellé son sort avec son projet de réforme de la constitution. Est-ce qu’on ne parlerait pas d’un nouveau printemps arabe…euh pardon! d’un printemps ouest-africain »,écrit André, journaliste. Ce jeudi, l’Assemblée Nationale va examiner le projet de loi controversé, visant à  modifier l’article 37 de la constitution pour permettre à  Blaise Compaoré de briguer un autre mandat en multipliant les quinquennats. Le bras de fer a bel et bien débuté entre Blaise et son peuple, ce peuple à  qui il veut demander la permission de s’éterniser au pouvoir après 27 ans passé à  la tête du Burkina. Cette fois, ce même peuple burkinabè réputé docile, n’a pas dit son dernier mot. L’opposition, elle appelle à  poursuivre le mouvement pacifiquement.