Culture




Bocary Tioulenta : « Il faut que chaque Malien retrouve l’amour du pays »

« Mali kura a ye wili ». Depuis le 21 octobre 2021, la vidéo de cette chanson de 23 artistes maliens qui…

« Mali kura a ye wili ». Depuis le 21 octobre 2021, la vidéo de cette chanson de 23 artistes maliens qui souhaitent un Mali nouveau fait le buzz sur les réseaux sociaux. Elle est l’œuvre du réalisateur Bocary Tioulenta, bénéficiaire du Fonds d’appui aux moteurs du changement (FAMOC) de l’ambassade royale du Danemark au Mali. Avec le projet Mali Kura, il entend stimuler ses concitoyens pour que chacun soit acteur du développement du pays.

Qu’est-ce le projet Mali Kura ?

Le Mali Kura est un projet sur la refondation de l’État. Il vise à créer un sursaut national dans le pays. C’est une grande campagne de sensibilisation sur la citoyenneté, avec plusieurs activités concrètes pour aboutir à un Mali prospère, uni, où tous les Maliens s’assument.

Quels sont les grands traits du projet ?

Le projet aura plusieurs phases. La première, c’est « l’appel du Mali Kura », dont le clip est sorti le 21 octobre dernier. Il s’agit avec cette chanson de réveiller la fibre patriotique, pour que chaque Malien retrouve cet amour du pays qu’il a peut-être perdu. Ensuite nous allons concevoir des supports de sensibilisation qui seront accessibles à tout le monde, quels que soient son appartenance ethnique et son secteur d’activité, qu’il soit instruit ou pas. Les quelques pour cent des Maliens qui sont instruits ne peuvent pas construire le pays à eux seuls. C’est pourquoi nous initions des supports qui vont interpeller tout le monde, pour que chacun connaisse ses devoirs dans la construction du pays et par quel chemin passer pour y arriver. Il y aura aussi des supports audiovisuels qui vont nous rappeler nos valeurs en retraçant l’histoire du Mali. Parce qu’il est important que l’on sache qui on est avant de faire quoi que ce soit.

Quels sont vos objectifs ?

L’objectif principal du Mali Kura, c’est l’introspection, la remise en question. Nous voulons que chaque Malien se remette en question, parce que si le pays est là où il est aujourd’hui, c’est la résultante des actions de tout un chacun. Nous sommes tous fautifs : certains par action, d’autres par inaction. À présent, il faut que chacun se demande ce qu’il doit faire pour que le pays sorte de cette léthargie. C’est l’objectif essentiel.

Pensez-vous que le projet atteindra les résultats escomptés ?

Le début est très satisfaisant. Le changement n’est pas quelque chose de facile, c’est un long processus. En réalité, nous ne nous attendions même pas à un tel résultat au départ, ce qui nous donne beaucoup d’espoir pour la suite du projet. Sur les réseaux sociaux la vidéo est vraiment partout et on nous appelle au-delà du Mali pour nous féliciter. Les gens sont vraiment prêts à s’engager pour ce Mali Kura. Ce qui est de bon augure. Et je pense que le pari sera gagné.

Pour le clip Mali kura a ye wili, action-phare du projet, comment s’est passée la réalisation ?

Le clip est le résultat d’un processus de six mois de dur labeur. Cela n’a pas été du tout facile. Il fallait trouver le bon style de musique, qui touche les gens. Nous avons essayé plusieurs styles, plusieurs instruments, plusieurs studios, jusqu’à trouver celui qu’il fallait. Et après il fallait trouver la bonne durée, sur les paroles, pour qu’elles soient courtes et concises, et aussi sur les images qu’il fallait pour transcrire toute notre vision.

Comment avez-vous réussi à faire collaborer 23 artistes d’âges, d’ethnies et de couleurs différents ?

La collaboration avec les artistes n’a pas été du tout compliquée. Ce sont des jeunes artistes pleins de talent, qui représentent pour nous le Mali kura. Ce Mali dynamique, talentueux, qui défonce toutes les portes. Nous avons voulu faire quelque chose de vivace, qui parle à tous les Maliens et qui soit inclusif. C’est pourquoi nous avons opté pour des artistes de tous les bords. Nous avons utilisé des langues nationales assez représentatives de chaque localité. Les artistes étaient tous animés d’un grand amour du pays. Ils étaient même plus engagés que nous.

Propos recueillis par Aly Asmane Ascofaré