Bollé : atelier de création pour les femmes en milieu carcéral

Il est dix heures ce vendredi matin au Centre de détention, de rééducation et de réinsertion pour femmes et filles…

Il est dix heures ce vendredi matin au Centre de détention, de rééducation et de réinsertion pour femmes et filles de Bollé à  Bamako. Elles sont quatorze détenues, sous un hangar, à  préparer le matériel pour débuter des travaux en atelier. Réparties en quatre groupe, elles s’essayent à  la prise de vue, à  la manipulation de la camera, à  la peinture et au bogolan. Cette initiative est l’œuvre de la réalisatrice de film documentaire Awa Traoré. C’’est la troisième année qu’elle essaie, avec sa structure BEKA Film, de partager un instant de bonheur avec les femmes du milieu carcéral. Malgré un début difficile, cette jeune réalisatrice n’a pas démérité. Pour elle, «Â les deux premières années n’étaient pas évidentes puisque la prison est un lieu sensible surtout quand il s’agit des femmes. Il fallait trouver les moyens de rentrer petit à  petit, d’installer une certaine confiance avant de pouvoir aller très loin dans les activités. » Awa Traoré a gagné cette confiance en célébrant avec les détenues, la journée internationale de la femme avec des projections de films sur les conditions des femmes, la relations mère-enfant, les femmes battantes, etc. Parole aux détenues Pour cette troisième édition, la parole est donnée aux femmes détenues de s’exprimer sur la crise malienne, de savoir si elles sont au courant de l’actualité hors de leur lieu de détention et ce qu’elles en pensent. Un pari osé mais qui vaut la peine d’être salué car tous les Maliens ont droit à  l’information. Awa se réjouit aujourd’hui parce que ces femmes participent pleinement aux activités, apprennent et oublient pour un moment leur quotidien. «Â Pour moi C’’est le plus important » indique-t-elle. l’autre objectif de cet atelier est non seulement de permettre à  ces femmes de découvrir leur talent caché par le biais de ces activités culturelles, ce qu’elles peuvent en faire si elles sont libérées plus tard, mais aussi de les faire participer à  la journée de la femme célébrée chaque 8 mars. «Â Cet atelier nous fait du bien, C’’est un moment de vie inoubliable. à‡a nous réconforte de voir des gens de l’extérieur penser à  nous. Cette formation est très bénéfique, en plus elle est gratuite. Après la sortie, J’essayerai de mettre en pratique ce que J’ai appris ». nous confie une détenue. Par ailleurs, le Directeur Adjoint du centre de détention, Sidibé Dramane, trouve que cet atelier participe à  la réinsertion des détenues et contribue à  diminuer la récidive. 8 Mars: Bollé a aussi droit à  la lumière Pour le moment C’’est la prison de Bollé qui bénéficie des activités de BEKA Film. Cependant, Awa Traoré regrette le fait que les prisons au Mali manquent énormément d’activités culturelles. Elle pense que la culture est faite pour des gens qui ont des histoires et de surcroà®t les personnes détenues. « Il faut mettre en place un dispositif pour qu’il y ait plus d’activités culturelles dans les prisons. à‡a leur permet de s’exprimer, de se découvrir et de reconstruire une personnalité. » Son ambition est d’être accompagnée tout au long de l’année par des partenaires techniques et financiers. Débutée ce 28 février, la phase pratique de l’atelier prend fin le 4 mars. Des expositions sont prévues du 8 au 10 mars au centre de détention de Bollé, du 14 au 16 mars au centre Awa Keita, du 22 au 24 mars au centre Soleil à  Hamdallaye et du 29 au 31 mars au centre Anko art.