En matière de littérature, Bréhima Touré, rédacteur en chef au quotidien national l’Essor, n’en est pas à  son coup d’essai. Après « La Limite des grands maà®tres », paru en 2010, il franchit, avec « Les Désillusions de Bouba », cette mince ligne qui sépare le journaliste scribouillard du romancier averti. Jeune homme, à  la verve bouillante, aux ambitions infinies, Bouba se retrouve en prison pour quelques heures après un malheureux accident. Puis se laisse entraà®ner dans une aventure rocambolesque et passionnelle… Avec ce personnage estudiantin, confronté à  un environnement sans pitié, l’auteur, qui a fait un passage éclair dans l’administration malienne, titille les multiples facettes de ses concitoyens et brosse un portrait au vitriol d’une société en perte de valeurs. Des personnages forts comme le commissaire Nango, la belle Titi, trafiquante de drogue au charme ravageur, Iknane, son cousin, autre affidé des routes narco-djihadistes, nous entraà®nent dans un roman aux péripéties inattendues, de Bamako au nord du Mali en passant par Ségou, Niono et Léré. « Après le coup d’à‰tat de 2012, tout s’est effondré. C’’était la fin de nos illusions et de tout ce que nous croyions solides, nos institutions, nos valeurs, etC’… », explique l’auteur pour justifier sa motivation littéraire en dehors de l’écriture d’articles de presse. Si Bréhima Touré se laisse volontiers emporter par l’actualité, il ne perd jamais le fil d’une histoire savamment construite, dans une langue sans tabous, ni complexes et des dialogues savoureux qui vous donnent le sentiment de tenir une belle trame. à€ la fin du roman, on sort lucide sur cette tranche de vie de la société malienne o๠chacun fait sa loi, même si être au dessus de la loi n’est plus la panacée. D’ailleurs, toute ressemblance avec un personnage réel n’est que pure coà¯ncidence… MDD Bréhima Touré, Les Désillusions de Bouba, l’Harmattan, 2015. Du même auteur : La Limite des grands maà®tres, l’Harmattan, 2010.