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Cameroun : Cacophonie autour d’un scrutin

Les Camerounais étaient aux urnes ce dimanche 9 octobre pour l'élection présidentielle à  un tour, devant désigner le successeur du…

Les Camerounais étaient aux urnes ce dimanche 9 octobre pour l’élection présidentielle à  un tour, devant désigner le successeur du président sortant Paul Biya. Au pouvoir depuis 1982, et à  78 ans le candidat du RDPC (Rassemblement démocratique du peuple camerounais) était en compétition avec 22 autres candidats dont son opposant historique John Fru Ndi, son unique véritable challenger, leader du «Â Social Démocratic Front » (SDF). La participation est jugée très faible pour une élection qui concerne 20 millions d’habitants et des frontières avec le Nigéria, le Tchad, la Centrafrique, le Congo, le Gabon, et la Guinée Equatoriale. Et les constats ont conclu que les Camerounais n’étaient vraiment intéressés par ces élections qu’ils jugent jouées d’avance. «Â La participation est franchement très faible (…) Mais, nous ne pourrons faire de vraies estimations qu’à  partir des dépouillements des bulletins de vote », avait affirmé à  l’AFP Narcisse Arido, un Centrafricain membre de la Société civile africaine, une plate-forme réunissant plusieurs ONG. «Â Crédibles, pas crédibles… » Pour ces élections présidentielles au Cameroun, les observateurs s’accordent sur le caractère positif du scrutin. Pour ceux de l’Union africaine et de l’Union européenne «Â les petits problèmes » enregistrés ne sont de nature à  entacher la crédibilité du scrutin. La CEDEAO (Communauté des Etats de l’Afrique de l’ouest), elle, va un peu plus loin en relevant «Â quelques manquements », comme l’absence de plusieurs représentants de candidats dans les centres et bureaux de votes. Une situation qui, selon elle «prive de fait lesdits candidats d’éléments objectifs pouvant fonder une réclamation ». La mission de la CEDEAO (conduite par Victor Manuel Neto Correira, président de la Commission électorale de la République démocratique de Sao Tome et Principe) remarque «Â le retard dans l’ouverture de certains bureaux de vote et par endroit, l’absence du personnel et du matériel électoral, etc. Cependant, elle s’accord que «Â le scrutin s’est déroulé dans la sérénité et la tolérance ». l’opposition, elle ne l’entend de cette oreille. Pour le leader du SDF, qui a voté dans son fief de Bamenda (nord-ouest anglophone), l’élection a été entachée de plusieurs cas de fraudes, manifestés, entre autres, par des cas de votes multiples. En clair, l’opposant historique, qui est cité par plusieurs médias, parle de «Â cacophonie ». Le camp de Paul Biya, que ses adversaires accusent d’avoir verrouillé l’élection à  son avantage, réplique et accuse l’opposition de favoriser la violence entre les électeurs. Une violence qui s’est manifestée par la mort d’une militante du RDPC, et de deux gendarmes «Â en mission commandée de sécurisation du processus électoral ». Les auteurs de cet acte, produit à  Bakassi, n’ont pas encore été identifiés par les autorités camerounaises. Vous avez dit «Â démocratie » en Afrique ? Bref, ce sont des élections de la cacophonie que le Cameroun semble organiser ce dimanche. En attendant les résultats de la Cour suprême (dans les 15 jours maximum qui suivent le scrutin), la tension reste vive entre la majorité et l’opposition, notamment dans les principales villes du pays. Cette situation au Cameroun relance, une fois de plus, les débats sur la stabilité dans les pays africains après chaque élection. Sur le continent, les élections ont fréquemment donné lieu à  de fortes tensions entre les différents protagonistes, souvent à  cause des conditions d’organisation du scrutin et du monde comptage des voix. Les exemples du Togo, du Bénin (l’année dernière), du Gabon en 2009, de la République démocratique du Congo et de la Côte d’Ivoire, etc. hantent encore les esprits. l’Afrique est vraiment prête pour la démocratie ?