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Campagne agricole : Les engrais se font attendre

Alors qu’elles s’étaient élevés à 20,6 milliards de francs CFA l’année dernière, le montant  des subventions accordées pour les engrais est…

Alors qu’elles s’étaient élevés à 20,6 milliards de francs CFA l’année dernière, le montant  des subventions accordées pour les engrais est de 15 milliards cette année. Un montant appelé à évoluer au cours de la campagne agricole, selon les responsables de la Direction nationale de l’Agriculture. Mais, pour certains paysans, il est déjà trop tard et les conséquences pourraient être désastreuses pour la sécurité alimentaire.

« Nous n’avons pas eu d’engrais subventionnés cette année. Nous achetons au prix du marché. Seuls quelques rares producteurs de la commune de Baya ont eu accès à l’engrais, grâce au système E-Voucher. Or, dans notre zone, nous comptons plus de 10 communes. Par exemple, les bénéficiaires d’engrais subventionnés ne dépassent pas 2% du total », explique M. Daouda Traoré, Président des producteurs de la zone Office de développement riz de Sélingué (ODRS).

Alors qu’ils avaient atteint l’an passé environ 200 kg par hectare, cette année la quantité reçue ne permettra de distribuer que 15 kg à l’hectare. Une quantité « dérisoire, qui ne peut être partagée », selon M. Traoré. Entre temps, puisque l’hivernage bat son plein, les paysans qui en ont les moyens « vendent leur bétail pour s’acheter de l’engrais » ou s’endettent. Sans subventions, l’engrais coûte très cher et « il faut craindre la famine », s’alarme M. Traoré.

À l’origine, des fournisseurs réticents à fournir les paysans à cause des impayés. Ceux-ci doivent donc débourser entre 15 000 et 16 000 francs CFA, selon la qualité, au lieu de 11 000 FCFA, le prix subventionné.

Pourtant, les responsables de la Direction de l’Agriculture se veulent rassurants. « Actuellement, nous en sommes à environ 70% de la quantité d’engrais subventionnée, c’est-à-dire 15 milliards. La situation évolue au cours de la campagne. D’ici à août, il y aura des quantités additionnelles », explique M. Oumar Maïga, le Directeur national de l’Agriculture.

En tout cas, s’il veut atteindre l’objectif de 11 millions de tonnes de céréales pour cette campagne, l’État doit augmenter ces subventions, indispensables au bon déroulement de la campagne.

S’il se veut optimiste, le responsable des producteurs de l’ODRS estime que si la situation n’est pas débloquée immédiatement, les engrais serviront peut être pour la prochaine campagne. Car, idéalement en tout cas, « dans notre zone, l’engrais doit être disponible depuis le mois de mai, car les premières pluies arrivent à cette période et qu’il est recommandé d’utiliser très tôt l’engrais pour les variétés que nous cultivons ».