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Cancun : Optimisme mesuré à l’entame des négociations sur le climat

l'après Copenhague Les représentants de 194 pays et des centaines d'ONG sont réunis depuis le 29 novembre dernier au chevet…

l’après Copenhague Les représentants de 194 pays et des centaines d’ONG sont réunis depuis le 29 novembre dernier au chevet de la planète à  Cancun. A l’évidence, cette 16è Conférence des parties à  la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP) n’a rien à  voir avec la 15è qui a eu lieu à  Copenhague en 2009, en terme de battage médiatique. l’année dernière, les médias avaient réussi à  mobiliser l’opinion mondiale en faveur du climat en soulignant l’urgence des mesures pour réduire les émissions de gaz à  effet de serre et pour financer les projets d’atténuation et transférer des technologies d’adaptation aux effets des changements climatiques en faveur des pays en développement. La grosse montage de la mobilisation – 130 chefs d’Etat et de gouvernement et pas des moindres comme Barack Obama ont fait le déplacement de Copenhague – a accouché d’une petite souris en terme d’accord. Le document final adopté à  l’arraché dans la capitale danoise n’a aucun caractère contraignant pour les gros pollueurs qui sont aussi ceux qui doivent mettre la main à  la poche pour aider les pays pauvres. Les promesses n’ont pas été tenues Même l’annonce apparemment alléchante d’un fonds de 30 milliards de dollars de 2010 à  2012, ainsi que du Fonds vert de Copenhague de 100 milliards de dollars par an de 2013 à  2020, n’a pas permis d’atténuer la déception. Les faits semblent donner raison aux sceptiques qui ont évoqué un simple effet d’annonce pour sauver les meubles de Copenhague. A présent, rien n’est mis en place quant aux 30 milliards à  mobiliser de 2010 à  2012. Même si selon les négociateurs, des avancées ont été enregistrées depuis Copenhague sur le financement et le transfert de technologie. Il importe de préciser qu’après le fiasco de Copenhague, les négociations dites intermédiaires se sont poursuivies tout le long de l’année 2010 dans diverses rencontres pour minimiser les points d’achoppement. Dans ce cadre, le ministre de l’Environnement et de l’Assainissement Tiémoko Sangaré a participé à  une consultation ministérielle informelle à  Genève en octobre dernier en tant que président de la Conférence ministérielle africaine sur l’environnement. Birama Diarra, un des négociateurs maliens présents à  Cancun, assure qu’un accord est possible dans la station balnéaire mexicaine en ce qui concerne la tutelle du fonds et le mode de gouvernance. « La tendance est à  la création d’un nouveau mécanisme différent du Fonds mondial de l’environnement (FEM) et de la Banque mondiale », précise-t-il. Pour la gouvernance du fonds rapide C’’est-à -dire les 30 milliards de dollars, l’on s’achemine vers un conseil d’administration avec une égale représentation des pays développés et des pays en développement. Il reste aussi à  définir la source qui alimentera le fonds. l’argent sera-t-il d’origine public ou privé ? La question fait encore l’objet de discussions. Enfin, l’engagement ? s’il y a une lueur d’espoir quant au financement, sur la question de la réduction des émissions de gaz à  effet de serre, les négociateurs ne cachent pas leur pessimisme. Après Copenhague, les annonces de réduction des émissions par les pays développés sont de 19% au lieu des 25 à  40 % recherchés à  Copenhague. Il n’y a rien qui laisse penser que les gros pollueurs en l’occurrence les Etats-Unis la Chine accepteront de se soumettre à  un accord juridiquement contraignant. Tout au long des négociations intermédiaires, la lumière a été faite sur le bras de fer opposant la Chine et les Etats-Unis sur le dossier de la réduction des émissions de gaz à  effet de serre. Quoique les déclarations de bonnes intentions des Américains confortent un peu l’espoir. « Je pense qu’à  court terme, il est assez envisageable et équitable de permettre aux pays en développement confrontés à  des difficultés de développement évidentes de continuer à  augmenter leurs émissions », Jeffrey Miotke, coordonnateur du bureau de l’envoyé spécial des à‰tats-Unis en matière de changements climatiques lors d’un forum en ligne organisé le 10 novembre par le département d’à‰tat. Pas de place à  l’échec Les Etats-Unis annoncent par la même occasion qu’ils sont prêts à  réduire, d’ici à  2020, la totalité de leurs émissions de 17 % par rapport aux niveaux de 2005 sur une base absolue – ce qui veut dire qu’ils obtiendront une réduction nette des émissions responsables de la hausse des températures mondiales. La Chine, de son côté, a déclaré qu’elle réduirait ses émissions par unité de PIB au maximum de 45 % d’ici à  2020. Inquiétant. Les experts assurent que les émissions de gaz à  effet de serre augmentent dans le monde. Une étude parue dans « Nature Geoscience » le 22 novembre 2010 révèle que les émissions dues aux charbon, gaz, pétrole ou fabrication du ciment ont généré 30,8 milliards de tonnes de gaz carbonique en 2009. La teneur de l’air en gaz carbonique a atteint 387 parties par million (ppm) en 2010. Depuis plus de 800.000 ans, cette teneur n’avait jamais dépassé 300 ppm. A l’entame des négociations de Cancun qui se poursuivront jusqu’au 10 décembre prochain, un échec total n’est pas envisagé par les participants. Car un fiasco entamerait le processus négociation dans le cadre Nations-Unis et ouvrirait la voix à  des pourparlers dans les enceintes plus restreintes du genre du G20 et du G77. Ce qui éloignerait encore plus un accord entre pays riches et pays pauvres. Dans ce cas, le tsunami de la mobilisation en faveur du climat se réduirait en clapotis, augmentant les dangers pour notre planète qui se dirige rapidement vers un réchauffement de +4% alors que les experts plaident pour une limitation du réchauffement à  1,5 %.