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Canicule et délestages, le mauvais ménage

38 degrés, C'’est ce qu'affiche en moyenne le thermomètre en ce début du mois d'avril à  Bamako. Les rues de…

38 degrés, C’’est ce qu’affiche en moyenne le thermomètre en ce début du mois d’avril à  Bamako. Les rues de la capitale brillent comme si le soleil s’était rapproché de la terre. La chaleur ne laisse personne indifférent. Elle rend certains nerveux. C’’est le cas de Boura un chauffeur de taxi qui loge à  Sotuba. « Il est difficile de travailler dans ces conditions car pour nous autres chauffeurs les embouteillages accentuent la chaleur. Si vous empruntez l’axe Bozola- Ortm, vous pouvez y passer des heures du fait de bouchons dus souvent à  la nervosité d’automobilistes étreints par cette canicule. Les clients refusant de payer les vrais tarifs, on ne peut pas se permettre d’utiliser la climatisation ». A propos de climatisation, les usagers des cars Sotrama vivent le calvaire avec des odeurs corporelles dérangeantes, de la bousculade, des apprentis qui hèlent à  perte de vue, des vendeurs envahissants et des mendiants tenaces. La chaleur des uns fait le bonheur des autres A la gare de Voxda, l’ambiance en ce midi est tendue. Les passagers se battent pour avoir une place dans le premier car. Nous nous adressons à  Mah Fitini, vendeuse connue d’eau et de fruits. Elle avoue « profiter de la chaleur puisque les clients achètent les sachets d’eau comme des petits pains. Nous prenons le paquet à  450 francs et cédons l’unité à  50 francs, vous voyez que nous nous en sortons. Les jus aussi marchent bien ». Sa camarade, Bakhaga à  l’état civil, renchérit « moi, je vends des glaces et je ne me plains pas : mon chiffre d’affaire dépasse les dix milles francs par jour. Je vends de la glace à  Banconi jusque vers onze heures puis je rejoins Voxda pour le reste de la journée. Là , nous vivons notre traite. La glace se négocie parfois à  75 francs l’unité parfois ». La chaleur fait donc l’affaire des commerçants et Minaké, vendeur dans un magasin d’appareils électroménagers, confirme « ces dernières semaines, nous, écoulons beaucoup de climatiseurs et de ventilateurs mais pour autant nous n’avons pas augmenté les prix. Seule objection : les coupures d’électricité qui nous retardent au moment de l’installation et des tests ». Parlant des coupures, elles sont devenues récurrentes. Délestages ou coupures ? l’EDM chargée de la distribution du courant électrique ne communique pas sur le sujet. Il est clair qu’en période de chaleur la consommation domestique augmente mais est-ce une raison pour ne pas satisfaire les attentes des clients ? Dans les foyers, les nuits sont devenues cauchemardesques avec des coupures longues et intermittentes. Paradoxalement, les factures sont toujours salées et Fadiala Koné de Lafiabougou de dire « avec cette énergie du mal (pour railler l’EDM), on ne dort plus, on perd des provisions et aucun remboursement n’est prévu. Les provisions de viande et de poisson pourrissent et nous ne pouvons pas nous plaindre. C’’est vraiment insupportable ». Votre journal a également subi les dommages de ces délestages avec presque une journée de coupure. Vivement les premières pluies.