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Carnet de voyage au Nord : Voir Tombouctou et mourir

A partir de Mopti, nous suivons le « goudron » jusqu'à  Douentza, ville au carrefour entre le pays dogon et…

A partir de Mopti, nous suivons le « goudron » jusqu’à  Douentza, ville au carrefour entre le pays dogon et la zone désertique, offrant de superbe paysages . A partir de là , il reste 6 h de pistes difficiles, fatidiques et cauchemardesques . Malgré les secousses, on apprécie le décor, les teintes en dégradé de la piste, variant de la terre ocre, au sable gris, puis blanc ; les troupeaux cherchant les touffes d’herbes se faisant de plus en plus rares. Long de 175 km seulement, la route Tombouctou-Douentza demeure un calvaire pour les usagers surtout en cette période d’hiver. A 75 km de Douentza, nous sommes à  Bambara Maoudé, une escale qui permet aux gens de se relaxer et dont les secousses ont réveillé les courbatures. A partir de là , le calvaire commence, les véhicules ne font pas 15 Km sans s’embourbér dans le sable. Heureusement les militaires qui nous escortent se donnent corps et âme pour libérer les engins du sable. Il nous arrive parfois d’être embarqué à  bord des 4X4 militaires afin de rendre plus légers nos véhicules inapdatés à  cette route. Au bout de ce long chemin, on atteint enfin le fleuve Niger, o๠il faut encore attendre le bac pour rejoindre l’autre rive. De l’autre côté, une route goudronnée nous amène au C’œur de la ville de sable. Et C’’est déjà  la tombée de la nuit. le puit de Bouctou signifie en langue Tamasehek Timbouctou Le lendemain, Issa mon neveu nous fait découvrir la ville : ses mosquées, sa bibliothèque, o๠nous pouvons admirer des manuscrits d’Avicenne ; les belles demeures à  l’architectures arabo-soudanaise, avec leurs portes marquetées ; le musée de la ville avec le fameux puit (« Tim-bouctou » signifie en Tamashek « le puit de Bouctou », première habitante de la ville). On se balade dans les ruelles ensablées, visitons le marché (qui n’offre pour seuls fruits et légumes que quelques oignons, concombres et oranges). Dans cette ville nous avons l’impression d’être dans une ville arabe et africaine en même temps. C’’est vrai, Tombouctou est assez pâle, le sable blanc de ses ruelles, le beige des maisons etc… Dans cette ville, la diversité de la population (peuls, arabes, touaregs et songhaà¯s), dont le teint couvre toute une palette de nuances ). Notre suprise fut le comportement vestimentaire des jeunes filles qui portent des patalons serrés et exhibent leurs seins comme les bamakoises, nous surprenant. Les hommes sont enturbannés et portent des grands boubous, à  cause du vent sec et chaud qui souffle dans le septentrion du Mali. Les rues et les ruelles envahies par le sable n’emppêchent cependant pas les enfants de jouer au football. C’est vrai, c’est la coupe du monde en ce moment… Au retour, la traversée du Niger se fait par le premier bac du matin; le disque du soleil se hisse lentement au-dessus de l’horizon au moment o๠nous quittons la rive. Là  bas, un camion s’est embourbé qui nous fait perdre 3 heures de temps. Sur la piste nous croisons, comme à  l’aller des ânes et des chameaux qui transportent respectivement des fagots de bois et des sacs de céréales. Au cours du chemin de retour, nous avons été surpris dans l’après midi par un grand vent chargé de poussière et qui a abouti à  la pluie. Incroyable pour les confrères des pays côtiers de voir pleuvoir dans le désert. à  19 heures, arrivée à  Douentza o๠nous avons passé la nuit avant d’être salués par les autorités de cette localité. Le cercle de Tombouctou, avec 347.438 km2, reste le cercle le plus vaste du Mali et l’un des espaces les plus désertiques du pays. Il occupe 69,8 % de la superficie de la Région et 28,02% du territoire national. La population du cercle se chiffre à  71.112 habitants. Les Allemands qui nomment la ville «Timbouctou» (prononcer Timbouctou) ont raison car le mot signifie le puit (bouctou) de Tim, nom de la fondatrice de la cité. Tombouctou fait partie de ces villes comme Katmandou ou Samarcande en Asie, entourées de mystère dont le seul nom suffit à  lâcher les rênes au rêve et à  l’imagination. Aussi, venir au Mali et ne pas voir Tombouctou nous semble une belle aberration.