Ce qui attend le futur Président de la République

Si la sécurité a été le thème le plus largement brandi par les différents candidats à  l'élection présidentielle, ce sera…

Si la sécurité a été le thème le plus largement brandi par les différents candidats à  l’élection présidentielle, ce sera sans aucun doute la priorité numéro Un pour le prochain président élu de la République du Mali. Le premier magistrat du pays, devra donc sécuriser des frontières poreuses contre la menace islamiste, pas totalement circonscrite malgré l’opération Serval. Même si François Hollande a déclaré que l’objectif était atteint, le danger peut venir de l’Algérie voisine, o๠de nombreux djihadistes ont fui ou encore de la Mauritanie o๠sont réfugiés des rebelles du MNLA et aussi du Niger voisin, pas à  l’abri d’attaques islamistes venant de Lybie. Reconstruire l’armée malienne Kidal reste l’épine dans le pied du futur chef de l’Etat, chef suprême des armées. Une armée à  reconstruire et à  doter un fort sens patriotique. La formation des européens, ne suffira pas ou la présence des soldats de la Minusma ou de la Misma. A terme, le futur président de la République devra revoir toute la hiérachie de cette armée destructurée, nommer des généraux de poids et surtout revoir les conditions de recrutement et de rémunération des soldats maliens. Revaloriser leur statut pour asseoir la souveraineté et l’intégrité territoriale du Mali. Un candidat déclarait qu’il y avait un manque d’attention sur cette armée malienne qui a pourtant combattu vaillament sur d’autres fronts en Afrique subsaharienne… A côté de cette armée à  refonder, le dialogue avec le Nord devra se poursuivre. Un cadre de concertation ayant déjà  été posé, le Mali à  travers une armée puissante sera en mesure d’imposer son autorité aux groupes sécessionnistes puisque d’après les autorités de transition, l’intégrité du territoire n’est pas négotiable. Le prochain président devra trouver les arguments pour calmer les vélléités identitaires, afin d’amorcer un développement adéquat des régions nord du Mali. Consolider les institutions de la République Une question qui se posera sans doute au nouvel élu de la nation, sera la consolidation de nos institutions mises à  mal par le coup d’Etat du 22 Mars. Il faudra sans doute revoir la Constitution de 1992 afin de la doter d’instruments plus solides, de réels contre pouvoirs et de régulateurs de l’appareil étatique pour éviter un autre scénario catastrophe. Sortir d’un régime hyper présidentiel pour réequilibrer les différents pouvoirs législatifs et judiciaires. Un référendum pourrait être un moyen de questionner les Maliens sur une réforme de cette constitution vieille de vingt ans et refonder une démocratie nouvelle au pays de Soundjata. Relancer l’économie et les investissements D’après un expert de la banque mondiale, la crise politique post 22 Mars 2012, n’aura fait qu’aggraver une croissance malienne déjà  au ralenti, mais elle devrait tourner autour de 5% cette année. Reste les investissements extérieurs qui se sont stoppés et qu’il faudra rebooster, l’aide aux PME et PMI pour stimuler l’économie intérieure et augmenter le pouvoir d’achat des Maliens, les aides à  la création d’entreprises, à  défaut de l’argent des bailleurs internationaux. Favoriser le tourisme du Sud à  défaut de celui du nord. Le guichet unique qui avait permis d’améliorer le climat des affaires reste un bon instrument, malgré une faiblesse du taux de bancarisation, et c’est toute la politique de stimulation de l’économie qu’il faudra ré envisager. Augmenter le budget de l’Etat à  2000 milliards, un budget déjà  réduit de moitié par la crise, c’est la promesse audacieuse d’un candidat, mais comment ? La sécurité alimentaire reste aussi un chantier prioritaire de l’économie, une agriculture qui devra permettre d’atteindre l’autosuffisance alimentaire et le développement d’industries de transformation compétitives dans la zone Uemoa. Le chantier de l’Education Il faudra un talent fou, et des idées novatrices au futur chef de l’Etat pour refonder l’éducation malienne. Le taux de 13% du dernier bac prouve encore une fois que l’apprentissage reste de qualité médiocre. Le statut des enseignants, des maà®tres devra être revu tout comme la création de nouvelles université en région pour désengorger Bamako. La formation d’universitaires pour former une élite capable de diriger. Les crises qui ont agité l’école malienne, grèves et l’AEEM sont autant de problèmes à  résoudre une bonne fois pour toutes et éviter que déferle un raz de marée d’élèves et d’étudiants maliens dans les rues de Bamako. A défaut d’un forum sur l’éducation, qui n’aura pas abouti dans ses recommandations, un autre cadre de concertation s’impose entre les différents corps de l’Education, parents y compris. Tout comme la dotation financière de ce secteur clé du développement économique et social d’une nation. Tendre la main à  la jeunesse en mal de perspectives d’avenir, aux jeunes diplômés qui ne trouvent pas de travail. Le président devra trouver une formule rapide et adaptée pour éviter les grèves et manifestations à  répétition à  Bamako ou ailleurs. Bonne gouvernance et lutte contre la corruption Un slogan de campagne également. Certains candidats ont promis un assainissement des finances publiques, soumises à  la corruption, la gabegie, les pots de vins ou les détournements de fonds étrangers. Le prochain président devra tirer deux leçons. Celle de l’affaire du Fonds mondial de lutte contre le Sida, le VIH Sida et le paludisme et revoir l’utilité d’un instrument comme le Bureau du vérificateur général. Des nombreuses affaires et irrégularités de gestion classées sans suite à  l’impartialité d’une justice forte soumise à  la volonté du chef de l’Etat, il y a un long chemin à  parcourir. Fermeté, rigueur seront les maà®tres mots en dépit d’un système fortement corrompu. La tâche ne sera pas aisée. Santé et assainissement Les deux vont de pairs. L’un des gros problèmes à  Bamako reste l’urbanisation anarchique. Des nostalgiques diront que l’ancien régime a construit des routes, ponts et édifices, mais le malien lambda vous dira qu’il ne mange pas trois fois par jour et ne se soigne pas comme il faut. C’est tout le schéma urbain de Bamako qu’il faudra revoir, l’assainissement qui entraà®ne les maladies en saison des pluies. A l’intérieur du pays, poursuivre la construction des routes et désenclaver l’hinterland malien, favoriser les échanges commerciaux. Reste l’accès aux soins de santé, les taux de mortalité maternelle et néonatale encore trop élevés au Mali. La lutte contre la paludisme, autant de chantiers qui sont cruciaux, car sans une bonne santé, pas d’éducation, ni de travail. Alors, pour celui, qui aux sortir des urnes, remportera le suffrage des Maliens, il faudra très vite oublier les slogans de campagne pour véritablement amorcer les conditions du bonheur des Maliens et en faire une démocratie réelle et solide, basée sur une économie compétitive dans la sous région ouest-africaine.