Centre de santé de Sibiribougou : la frayeur Ebola

Le centre de santé de Sibiribougou en Commune IV du district de Bamako était l'attraction de la capitale mardi. Et…

Le centre de santé de Sibiribougou en Commune IV du district de Bamako était l’attraction de la capitale mardi. Et pour cause : des cas suspects de la fièvre Ebola y auraient été signalés. Le centre est alors vite pris d’assaut par une foule de curieux, et des commentaires fusent. Mais que s’est-il réellement passé ? Selon Mamoudou Kéita, le président de l’Association de santé communautaire de Sébénicoro Kalanbougou Sibiribougou(ASACOSEKASI), tout a commencé dans la nuit du lundi 31 mars au 1 avril 2014. Il dit avoir été contacté par son le médecin-chef du centre pour l’informer de l’arrivée d’un cas suspect de la fièvre Ebola. Il s’agit de d’un jeune homme de 26 ans répondant au nom de Soumaà¯la Togola, vendeur de chaussures de son état. Il revenait de Koflatié à  la frontière ente le Mali et la Guinée. C’’est à  la gare routière de Djicoroni Para, o๠sont postés des agents de santé, qu’il a été déclaré aux autorités sanitaires. Après les prises de contacts, la décision est prise. Il doit être évacué au centre de santé de Sibiribougou. Le choix du centre santé de Sibiribougou, explique M. Kéita, s’explique par le grand espace vide du centre capable d’isoler le patient. On n’avait pas accepté au départ, dit-il, mais on nous a convaincu de l’accueillir en attendant l’aménagement du site de Lassa en commune IV destiné à  recevoir d’éventuels cas. « Le mardi à  minuit passé, le patient est arrivé au centre o๠il a été isolé. On a mis à  sa disposition un matelas, une moustiquaire et un sceau pour ses besoins. On a pris donc toutes les mesures pour éviter tout contact entre lui les autres. », explique notre interlocuteur. Volatilisé ? Comment Soumaila Togola est-il parvenu à  s’enfuir ? Le mardi matin, le patient a appelé certains de ses proches. C’’est ainsi que deux hommes se sont présentés au centre pour amener le malade. Le président de l’ASACOSEKASI a tenté de les en dissuader. De guerre lasse, il a informé le commissariat de police du 9ème arrondissement qui a décidé de mettre deux policiers à  sa disposition pour surveiller le patient. « A mon retour avec les policiers, J’ai constaté que les parents de Soumaila Togola l’avaient amené à  bord d’un taxi », poursuit, Mamoudou Kéita, dépité. Au centre de Sibiribougou, on assure que la police est sur les traces du fuyard. « Des contacts ont été pris avec l’opérateur de téléphonie Orange pour tenter de le localiser. Nous espérons qu’on le rattrapera bientôt », rassure-t-on. Sur ces entrefaites, le même centre de santé a été informé entre 10 heures et 11 heures d’un autre cas au poste de contrôle de Sébénicoro o๠sont également postés des agents de santé pour les besoins du contrôle. Quelques instants plus tard l’alerte a été donnée pour un troisième cas suspect à  la gare routière de Djicioroni-Para. Il s’agirait d’un certain Adama Kéita en provenance de la frontière guinéenne. l’homme d’une trentaine d’années, à  en croire l’agent de santé rencontré au poste de contrôle de la gare routière, souffrait d’une diarrhée grave accompagnée de vomissements. La décision a été prise d’envoyer tous les passagers au centre pour y être isolés avant l’arrivée des autorités sanitaires. Ils y resteront jusque vers 17 heures, heure à  laquelle ils recevront la visite d’une équipe du Centre national d’appui à  la lutte contre la maladie(CNAM) qui a procédé à  des prélèvements de sang. Après ces prélèvements et le passage des membres du ministère de la Santé, tous les cas suspects ont été acheminés sur le site de Lassa aménagé rapidement. Pour parer à  tous les risques, nous informe le président de l’ASACOSEKASI, le Centre de santé de référence de la commune IV avec l’aide des agents du service d’hygiène ont incinéré tous les objets utilisés par Soumaila Togola avant de désinfecter les arbres, les engins et tous les environs du lieu d’isolement. « Pour le moment, nous pensons avoir bien joué notre rôle pour éviter tout risque de contagion auprès des populations. Mais je tiens à  préciser que ce sont des cas suspects et non des cas confirmés », affirme Mamoudou Kéita qui reconnait avoir passé l’une des plus longues journées de sa vie.