CFAO: out of Africa

CFAO, l'ex-Compagnie française de l'Afrique occidentale, qui appartenait à  PPR passe sous pavillon japonais. La maison de commerce Toyota Tsusho…

CFAO, l’ex-Compagnie française de l’Afrique occidentale, qui appartenait à  PPR passe sous pavillon japonais. La maison de commerce Toyota Tsusho Corporation (TTC), filiale du constructeur automobile du même nom, a annoncé mardi 28 septembre, le lancement d’une OPA sur cette entreprise française, spécialisée dans la distribution automobile et pharmaceutique en Afrique et dans les DOM-TOM. Il ne s’agit pas de donner dans la nostalgie postcoloniale, mais de regretter que l’un des acteurs majeurs de l’économie africaine, au moment o๠celle-ci offre des perspectives de croissance supérieures à  celles des autres continents et attise les convoitises asiatiques, quitte le giron français. PPR ne faisait pas mystère de sa volonté de sortir à  terme du capital de CFAO. Une pépite, qui, avec une croissance annuelle moyenne de 12 % et une rentabilité opérationnelle de plus de 10 %, avait fait les beaux jours du groupe fondé par François Pinault. Mais depuis que PPR a décidé de se concentrer sur le luxe et la mode, CFAO n’avait plus sa place au sein du groupe. C’’est une bonne nouvelle pour PPR, qui va pouvoir accélérer ainsi son désendettement. C’’est aussi une belle opération pour TTC, déjà  présent dans la distribution automobile, les biens industriels, l’assurance et les produits agricoles et qui renforce ainsi sa présence en Afrique. En revanche, C’’est une moins bonne nouvelle pour la présence économique de la France en Afrique. CFAO avait créé son premier comptoir au Sénégal en 1845, avait survécu à  deux guerres mondiales, la décolonisation, la dévaluation du franc CFA. François Pinault avait mis la main sur cette entreprise en 1990, grâce à  l’entremise de Serge Weinberg, que l’homme d’affaire remercia en lui confiant la direction de PPR. Ironie de l’histoire, la CFAO avait misé dès 1970 sur Toyota, qui était alors un nain automobile, pour distribuer ses véhicules en Afrique. PPR a accéléré le développement de cette activité, tout en investissant dans le médicament grâce au rachat de la SCOA en 1994. La réussite de CFAO a consisté à  ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier : diversifier les implantations pour diminuer le risque-pays. Cette stratégie avait permis ainsi de limiter les conséquences de la récente crise ivoirienne. La filiale de PPR est ainsi devenue un acteur incontournable de la distribution de voitures et de médicaments sur le continent noir. Le seul concurrent avec un profil similaire, le britannique Lonhro, avait été vendu par appartements à  la fin des années 1990. En passant sous capitaux japonais, C’’est une partie de l’influence française en Afrique, qui disparaà®t.