Culture




Chantez, résistez !

Ce vendredi 21 avril, la « Caravan Tour Mali » prendra son départ à l’Institut français du Mali. Un documentaire sur le…

Ce vendredi 21 avril, la « Caravan Tour Mali » prendra son départ à l’Institut français du Mali. Un documentaire sur le parcours de musiciens lors de l’occupation djihadistes en 2012 et une série de concerts sont au programme de cette initiative inédite.

En 2012, au plus fort de la crise malienne, les djihadistes s’emparent du vaste Nord du Mali et y imposent la charia. Ils interdisent toute forme de manifestation culturelle et décrètent que la musique est haram (interdit, en arabe). Toute personne qui osait braver cet interdit était frappée de leurs châtiments. Malgré cette épée de Damoclès au-dessus de leurs têtes, des musiciens ont décidés de ne pas se conformer à ces nouvelles règles et d’exprimer leur art en dépit du danger. C’est l’histoire de ces personnes que le documentaire de la réalisatrice américaine Johanna Schwartz raconte. « They will have to kill us first » (ils devront d’abord nous tuer), un titre qui évoque certainement chez bien des cinéphiles, des répliques maintes fois utilisées par des héros prêts à tout pour défendre leurs idéaux. « Nous avons voulu filmer ces musiciens qui, après l’arrivée des djihadistes, avaient deux choix : soit arrêter et s’avouer vaincus, soit lutter et c’est ce qu’ils ont choisi de faire », raconte Mohamed Ag Hanaletk, producteur malien du documentaire. L’équipe de tournage nous entraine donc trois ans durant sur les traces de la diva Khaira Arby et du groupe Songhoy Blues. Projeté la première fois au SXSW Film Festival d’Austin (États-Unis) en 2015, le documentaire a reçu des critiques dithyrambiques et s’est vu, la même année, récompensé du prix du meilleur documentaire au festival international de film et musiques de Chicago (CIMMfest). « La religion musulmane n’a jamais interdit la musique. Le prophète lui-même était accueilli à la Mecque avec le youyou des femmes », expliquait à cette occasion Khaira Arby dans l’hebdomadaire français Télérama.

Plus jamais ça Ce documentaire d’une heure et trente minutes est aussi perçu comme un devoir de mémoire. « Nous voulons faire revivre ces moments douloureux pour que tout le monde se rappelle, et que cela ne se reproduise plus jamais. C’est aussi un message de paix que nous voulons faire passer », assure Ag Hanaletk. En plus de la projection du documentaire, les artistes clés du film donneront une série de concerts qui les amènera jusque dans les régions du Nord du Mali. « L’objectif c’est aussi de ramener ces musiciens jouer chez eux, là où tout a commencé », conclut le producteur.