Cheick Modibo Diarra a jetté l’éponge

Il y a « certainement » été aidé par l'ex-junte dont le chef, le capitaine Amadou Haya Sanogo, l'avait «…

Il y a « certainement » été aidé par l’ex-junte dont le chef, le capitaine Amadou Haya Sanogo, l’avait « reçu » quelques heures auparavant dans ses quartiers à  Kati. Cheick Modibo Diarra, nommé le 17 avril, dans la foulée du coup d’Etat du 22 mars, a rendu sa démission et celle de son gouvernement. Des bagages débarqués de l’avion «Moi Cheik Modibo Diarra, je démissionne avec mon gouvernement», a déclaré C.M. Diarra lors d’une brève allocution à  l’Office de radio-télévision du Mali (ORTM) sans donner d’explication à  sa décision. l’air grave et les traits tirés, Diarra a simplement remercié ses collaborateurs et souhaité bonne chance à  «la nouvelle équipe». Cheik Modibo Diarra devait s’envoler lundi soir pour Paris afin d’y passer un contrôle médical. Il s’apprêtait à  se rendre à  l’aéroport quand il a appris que ses bagages avaient été débarqués de l’avion. Selon son entourage, le salon officiel par lequel il devait transiter à  l’aéroport était pris d’assaut par des hommes en armes. Il décida donc de rester à  son domicile o๠il a été arrêté. Selon le porte-parole de l’ex-junte malienne qui a fait brièvement arrêté le Premier Ministre dans la nuit du lundi à  mardi, un nouveau chef du gouvernement sera nommé «dans les prochaines heures» par le président Dioncounda Traoré. Bakary Mariko a également démenti ce mardi matin tout «coup d’Etat», reprochant au désormais ex-Premier Ministre de ne pas avoir agi en «homme de devoir» face à  la crise au Mali mais en fonction d’«un agenda personnel». Une hydre à Â…deux têtes Ce nouvel épisode dans le feuilleton malien laisse plutôt perplexe, en particulier les observateurs internationaux. Pour l’instant, aucune réaction officielle n’a été enregistrée de la part des « amis » du Mali, tous ceux qui de près ou de loin interviennent dans la recherche de solutions à  la grave crise politico-sécuritaire que connaà®t le pays. Les opposants au Premier Ministre ont maintes fois manifesté pour exiger sa démission, estimant qu’il ne servait pas au mieux les intérêts du pays et qu’il tenait un double langage en ce qui concerne la gestion de la situation au Nord du pays et la reconquête du nord sous contrôle islamiste depuis presque 10 mois. Ces derniers devraient donc voir d’un bon œil cette éviction. Les réactions parmi la population sont moins tranchées. Pour la majorité, cet épisode ne fera que plomber une situation déjà  particulièrement difficile. M. Coulibaly, chauffeur de taxi, estime que « décidément les politiciens n’ont rien à  faire du peuple. Sinon, ils s’occuperaient de nos problèmes au lieu de s’entre-déchirer ». Ce sentiment semble être le mieux partagé, tant les Maliens sont las des rebondissements de cette crise. « Que Sanogo arrête le Premier Ministre alors que tout le monde a dit dans ce pays que C’’est son allié, je ne comprends plus rien » affirme un jeune cadre d’ONG sous couvert de l’anonymat. En effet, Cheick Modibo Diarra, dont les rapports ont longtemps été tendus avec le Président de transition, était présenté comme proche de l’ex-junte. Cependant, de nombreuses informations ont fait état, ces dernières semaines, de divergences de vue entre les deux hommes, au point que beaucoup prédisaient le « débarquement » de Cheick Modibo Diarra de l’attelage qui dirige la Mali. Une chose est sûre, cette nouvelle donne ne vient pas simplifier la situation déjà  compliquée que vit le pays. Du trio à  la tête de l’Etat depuis le mois d’avril dernier, il ne reste que deux personnalités qui ne sont pas réputées s’apprécier. Le Premier ministre qui sera nommé dans les heures prochaines par Dioncounda Traoré aura-t-il la légitimité refusée à  son prédécesseur ? Le pouvoir que se dispute les « autorités de transition » va-t-il basculer du côté de Koulouba(ou de ce qu’il en reste) ? l’hydre malienne est-elle en train de se dévorer?