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Cheick Oumar Sissoko : « le cinéma Malien est dans le creux de la vague ! »

En 1976, il obtient son diplôme d'histoire et de sociologie, à  l'université des Hautes études de Paris. Il ira ensuite…

En 1976, il obtient son diplôme d’histoire et de sociologie, à  l’université des Hautes études de Paris. Il ira ensuite à  l’école nationale de cinématographie et de photographie Louis Lumière o๠il sortira en 1979. Il est marié et père de deux garçons de 24 et 3 ans. Cheikh Oumar Sissoko occupera aussi le ministère de la Culture de 2002 à  2007, avant de se relancer dans son métier de cinéaste. Un militant engagé pour l’éveil des consciences Il était très engagé dans les mouvements d’étudiants et les mouvements syndicaux français, notamment la CGT (confédération générale du travail). Egalement militant dans l’association des étudiants et stagiaires maliens en France, puis la fédération des étudiants d’Afrique Noire. C’’étaient des mouvements associatifs mais, politiques, qui essayaient de militer contre les dictatures militaires et civiles en Afrique. Ils travaillaient en faveur de l’éveille des consciences. « C’’est dans ce cadre là  que je me suis posé des questions sur les possibilités de lutter pour mon idéal de militant, de chercheur de liberté dans un continent o๠il y avait une absence de démocratie. Je savais que le prof de sciences que J’aurais dû devenir n’aurait pas pu réaliser mon rêve. Il n’aurait eu à  dialoguer qu’avec une quarantaine de lycéens. J’ai donc décidé de changer de filière. » Confesse-t-il. Pour contribuer à  l’éveil des consciences, Cheick Oumar est venu à  la conclusion que sa lutte pouvait être entendue à  travers la littérature ou le cinéma. « Mon choix s’est donc porté sur le cinéma parce que l’image est à  la portée de tous. C’’est un langage doublé de langues nationales, qui permet de dépeindre ma société et, de mieux dialoguer avec le public. C’’est pour cela que J’ai choisi le cinéma. », justifie le cinéaste A la tête du CNPC A la fin de ses études universitaires, Cheick Oumar Sissoko retourne au Mali pour y travailler comme fonctionnaire. En 1981, le Centre National de production Cinématographique, (CNPC) accepte son dossier et il sera nommé pendant quelques années, directeur. Cheick Oumar Sissoko fait ainsi son entrée en tant que fonctionnaire au CNPC. De nombreux films à  son actif Il réalise son 1er film documentaire « l’école malienne » en 1982. A travers ce documentaire, il essaye de montrer les difficultés, mais aussi les déperditions scolaires en 6 minutes. En 1985, il réalisera ‘’Sécheresse exode rural » qui sera un élément assez important dans sa filmographie. Ce film de 35 mn montre la tragédie de l’homme de la terre, en ce sens que le Mali était frappé par la sécheresse, entre 1984 et 1985 et la famine régnait. Mais, les paysans étaient obligés de quitter leurs terres pour venir à  Bamako. En même temps, il y avait tellement d’abondance dans la capitale, que C’’était bouleversant de voir qu’à  140 km de là , dans le Bèlèdougou qui est une terre agricole, il y avait la famine. Ainsi, Cheick Oumar explique « J’ai donc dépeint cette tragédie, cette injustice au Mali. » « Niamanton » « Niamanton » ou « la leçon des ordures », sorti en 1986, est le film qui fera connaà®tre l’homme sur le plan international. Il remportera 14 prix internationaux. Ce long métrage était selon son réalisateur, comme une continuation de ses deux premiers films. Ce film retrace la tragédie des enfants qui n’ont pas la possibilité d’aller à  l’école. Ils connaissent en même temps, des problèmes extrêmement difficiles à  leur naissance. Mr Sissoko explique que ‘Niamanton’ participait à  la volonté de continuer une lutte politique. Lutte évoluant au sein d’un groupe clandestin dont très peu de gens connaissaient l’existence.  » Je tenais à  toucher la sensibilité des gens avec ce film. Et créer un choc par rapport à  cette situation extrêmement difficile. C’’était l’époque o๠les enfants prenaient des bancs pour aller à  l’école le matin et revenaient avec à  midi pour repartir à  15 h. Ces bancs étaient d’une lourdeur incroyable. Par ailleurs, les petites filles qui n’arrivaient pas aller à  l’école, vendaient dans les rues » Cheick Oumar a donc bâti son histoire autour des enfants défavorisés de la société malienne, qui étaient obligés d’aller jeter des ordures pour gagner un peu d’argent et aider leurs parents pauvres. Il est tout ému en parlant de ce film qui a eu énormément de succès selon ses propres termes. Et, C’’est celui qui lui a procuré le plus de joie et de satisfaction. Parce que, les acteurs pour la plupart, n’étaient pas des professionnels. Finzan En 1989, le cinéaste réalisera ‘Finzan’, un film dédié à  la femme africaine. Il traite des violences faites aux femmes. En particulier le lévirat, c’est-à -dire, l’obligation pour une femme, d’épouser le frère cadet de son mari défunt. Il y est également question d’excision. Guimba le tyran Sorti après les évènements du 26 Mars 1991 et l’instauration de la démocratie au Mali, « Guimba le tyran » dépeint toute la dictature dont le pays fut l’objet durant de longues années. Entraà®nant le ral le bol de la population plus qu’exaspérée.  » « Guimba », C’’était vraiment le pouvoir et l’époque charnière de l’Afrique dans les années 1990. Charnière entre les pouvoirs dictatoriaux de l’époque et la jeune démocratie qui naissait ». Il sortira sur les écrans en 1995. Ce film a eu énormément de succès, parce qu’il est celui qui remporté l’étalon d’or du Yennenga au FESPACO, et beaucoup d’autres prix à  travers le monde. Entre temps, Mr Sissoko a fait des films documentaires sur la malnutrition et sur le leader révolutionnaire Hamilcar Cabral de la Guinée Bissau. Un autre documentaire sur la lutte de la femme contre l’Apartheid en Afrique du Sud dans les années 50, sera mis en scène (tourné en Afrique du sud). Suivi de la construction d’une nation, l’Erythrée. Après 30 ans de guerre contre l’Ethiopie, le pays devait se reconstruire. La genèse sorti en 1999, porte sur les conflits fratricides. Cheick Oumar a mûri ce scénario depuis le tournage de Guimba. « A plus de 200 km de Djenné, dans un village, des gens se sont entretués. C’’était en janvier 1994. En Avril de la même année, il y eu le génocide rwandais avec plus de 800.000 morts. En Europe, il y avait dans les Balkans, les tragédies du Kossovo, de la Bosnie. Cela a provoqué une xénophobie et un racisme en Europe. Et au Mexique, les Indiens chiapasses se sont fait massacrer. On voyait donc une ranC’œur qui remontait du fond des âges. La question se posait de traduire cela dans les faits. » l’état actuel du cinéma Malien Cheick Oumar Sissoko pense que « kstructurellement, le cinéma malien se porte bien. Puisque, le centre national de cinématographie du Mali (CNCM), est aujourd’hui une institution consacrée au cinéma. Il est équipé en matériel technique sophistiqué et des techniciens spécialisés. Il est possible de faire une production entière au CNCM. La direction du cinéma a de belles idées». Par ailleurs, le problème du cinéma selon lui, C’’est le manque de moyens financiers pour soutenir la production d’un film. «Il y a une dizaine d’années, on faisait des films long métrage, aujourd’hui on en fait, très peu. Mais, je crois que le CNCM est entrain de changer la donne, explique-t-il. l’avènement du numérique donne beaucoup plus d’opportunités de faire assez de films… Parallèlement à  cela, il estime que le cinéma Malien est dans le creux de la vague. Il n’ y a pratiquement plus de salles de cinéma. «Ce n’est plus un art, un loisir que l’on va chercher, que l’on va admirer dans les salles de ciné, parce qu’elles n’existent pas. Le public doit avoir cette exigence de voir les films. Ils leurs permettent de voyager, d’aller à  l’encontre de l’autre. En même temps, nos films africains nous permettent de mieux comprendre notre continent, et de mieux connaà®tre les façons de vivre de nos sociétés. Il faut que les africains militent pour avoir des salles de cinéma. Les films vus sur le petit écran son complètement, différents lorsqu’on les voie sur les grands écrans. C’’est une occasion de sortir, de discuter avec les gens, de se frotter aux autres et de mieux renforcer la diversité culturelle de notre pays. Il faut que le public nous soutienne en allant voir ces films dans les salles de ciné, et qu’il arrête de payer les films piratés.