Cheik Modibo Diarra à Ségou : derrière le discours, la crainte du vide

«Â Je n'aime pas la guerre. Mais la guerre qui me permet de mettre fin à  la guerre, je suis prêt…

«Â Je n’aime pas la guerre. Mais la guerre qui me permet de mettre fin à  la guerre, je suis prêt à  la faire. Pas un centimètre carré de notre territoire ne sera cédé, et nous mettrons tout en œuvre pour restaurer l’intégrité du territoire ». En visite à  la garnison de Ségou le 1er juin, le Premier ministre Cheick Modibo Diarra, vêtu d’une chemise kaki, a tenu un discours va-t-en guerre devant les militaires. Une fermeté de rigueur face ce que tous les Maliens considèrent comme une nécessité : déclencher l’offensive contre les groupes armés qui contrôlent les trois régions du Nord. Le chef du gouvernement gouverne enfin ? Jusque là , le pouvoir central de Bamako avait eu de la peine à  s’affirmer face à  une classe politique divisée entre pro et anti-putschs. Mais depuis la sortie médiatique de Premier ministre à  Ségou, les plus optimistes s’efforcent de croire que les lignes vont bouger. Il faut agir vite, au moment o๠les groupes armés renforcent leur position au Nord et multiplient les tentatives de rapprochement, notamment celle entamée entre les rebelles du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et Ançar-Dine. En dépit du volontarisme affiché du Premier ministre, son discours n’a pas soulevé l’enthousiasme partout. Dans certains milieux, on a du mal à  croire que sa visite à  Ségou marque un signal fort dans l’affirmation du gouvernement à  reprendre les villes du Nord. «Â Du déjà  entendu ! », s’exclament certains observateurs, qui se souviennent de certains discours du président déchu Amadou Toumani Touré. Le souvenir des paroles dans le vent d’ATT Comme celui du 23 mai 2006 à  Diéma (région de Kayes). Des proches d’ATT venaient de lui apprendre l’attaque de Ménaka par les groupes armés du rebelle défunt Ibrahim Ag Bahanga. «Â La riposte lourde » promise par l’ancien président n’a jamais eu lieu. l’attaque d’Abeibara en 2008, au cours de laquelle des dizaines de soldats maliens avaient été massacrés, reste également dans les esprits. Là  encore, «Â la vengeance de l’armée » annoncée par le président ATT ne fut qu’un grand coup de bluff. Le Nord est par la suite devenu un bourbier. Cheick Modibo serait-il donc sur les traces d’ATT ? Les actes qu’il posera dans les prochains jours permettront de le juger.